je me fais spectateur du monde
je deviens visiteur des jours et du tempsici, les maisons sont craquelées et le crépi menace de se fissurer d'un instant à l'autre
les jardins ne sont pas entretenus et s'entretuent
les fleurs sauvages poussent silencieusement sous l'asphalte grise
les trottoirs sont pleins à craquer, les inconnus dévalent les escaliersles mains se tiennent, les doigts s'entrelacent, les corps se rapprochent, s'agrippent, glissent, se touchent, puis s'endorment, les uns sur les autres, les uns dans les autres
une délicieuse odeur de gâteau au chocolat chatouille mes narines tandis que je passe devant la pâtisserie de kathy, une femme un peu aigrie à la peau caramel
sur la dureté des pavés vit le gazouillement incessant des enfants qui sautent puis se perdent dans l'immensité du paysage
la brise fraiche s'écoule le long de ma peau au rythme des cognements, des battements
mes talons claquent le macadam brûlant et les bretelles de mon sac frottent contre ma peau rougie
mon pouls s'accélère et mes poils se hérissent
la ville est devenue une fournaise géanteje m'observe attentivement dans le reflet des vitrines de ces magasins pourraves où plus personne ne va,
je n'ai toujours pas changéau loin, le ciel a changé de couleur,
un minuscule point jaune pâle brille au loin
je jette mon sac sur le sable chaud
la plage est l'endroit parfait pour laisser les pensées vagabondes dériver où elles puis se noyer dans l'eau salée du paysage bleuté
cacophonie sous nos yeux meurtris
j'ai le vague à l'âme et des cloques au cœur
mes pensées peinent à s'accrocher à la paroi de ma boite crânienne
rien à faire
l'étau se resserre, la boucle continue à tournerl'été vient à peine de commencer et je suis déjà épuisé
(je rêvais de m'envoler)
