Chapitre 1 : Passion

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Zoro détestait les cours.
Il les trouvait parfaitement inutiles. Ils étaient longs, ennuyeux, et lourds. Peut-être y avait-il des personnes qui y trouvaient un intérêt ? Ceux qui se projetaient dans un autre avenir que lui, en tout cas. Il savait lire, écrire et compter. C'était l'essentiel.
Il n'avait pas besoin de plus, pour acquérir au futur qu'il s'était promis.

Le menton posé sur sa main, le jeune homme fixait le vide avec ennui, griffonnant par moment quelques notes sur son cahier. Chaque seconde qui passait était une perte de temps. Il n'avait strictement plus rien à faire ici. Son destin ( du moins, le croyait-il ) était déjà tout tracé. Pourtant, il était bien là, le fessier scotché sur sa chaise dure et inconfortable, dans une petite salle de classe qui puait la transpiration et le renfermé.
Le seul bruit qui perturbait le silence accablé des lycéens était la voix monotone et continue du professeur d'histoire qui avait l'air aussi ennuyé de son discours que ses élèves.
Zoro jeta un coup d'œil à l'horloge accroché au dessus du tableau. Encore trois minutes.
Il commença à frapper frénétiquement du pied sur le sol; l'impatience le gagnait. Bientôt, il pourrait respirer l'air frais de l'extérieur, et quitter cet horrible endroit. Il se tourna vers les fenêtres qui offraient une vue grandiose sur le mur crasseux du bâtiment d'à côté. La vitre reflétait d'une image pâle le visage de Zoro.
Son unique œil était d'un gris clair, brillant d'une détermination farouche, malgré son expression lasse et fatiguée. Ses traits étaient durs et sa mâchoire était crispée en une moue sérieuse et froide. Sa peau hâlée avait une subtile teinte caramel, qui se mariait joliment avec l'étrange couleur verte de ses cheveux.
L'adolescent adoptait une attitude relativement fière, presque prétentieuse. Il avait cet air bien spécifique aux personnes qui allaient droit au but, poussés d'une volonté inébranlable et d'une foi en soi que beaucoup désireraient avoir.

Zoro avait une passion, qu'il chérissait depuis tout petit. Il désirait, plus tard, devenir professionnel dans ce domaine. Il voulait que son talent soit reconnu, être sous les feux des rampes, de la même façon que ses idoles l'avaient vécu. C'était un rêve niais, certes, mais pas pour lui.
Il allait devenir l'un des plus grands danseurs de hip-hop du monde. C'était une certitude.

La sonnerie retentit enfin.

• • •

« Le studio » était un petit bâtiment, coincé entre une immense médiathèque et une Supérette. La façade était grisâtre, et le panneau accroché à l'entrée était si discret que si l'on avait demandé à un simple passant l'emplacement du studio, il ne se rappellerait même pas l'avoir déjà vu. Les gens ne lui prêtaient guère attention, bien plus intéressés par les nombreux magasins de renom du coin.

Pour Zoro, le studio était une deuxième maison. C'était là, où pour la première fois il avait dansé.
Il se rappelait encore du jour où, seulement âgé de 7 ans, il était entré dans le bâtiment. De ses grands yeux gris, une expression de merveille peinte sur le visage, il avait pénétré dans une grande salle sombre, faiblement éclairée  par la lumière qui traversait de hautes fenêtres. La poussière tourbillonnait dans l'air à chacun de ses pas. Sur l'un des murs froids et décolorés, on avait installé un grand miroir, qui semblait agrandir de deux fois la salle.
Puis un homme était entré, une enceinte à la main. Il avait un sourire bienveillant, des yeux chaleureux. Zoro s'était immédiatement sentit à l'aise. Il avait détaillé cet homme dans le moindre détail, impressionné par l'énergie qu'il dégageait. Ses cheveux étaient rouges, trois cicatrices barraient son œil gauche. Il s'appelait Shanks.
Quelques instants après, une forte musique avait retentit dans la pièce. Le rythme était puissant, vibrait sur les murs, excitait les sens de Zoro. La tension augmentait, le suspens montait, puis... tout se déchaîna.
Shanks se mit à bouger en parfaite synchronisation avec la musique. Il paraissait libéré de toute entrave, et heureux. Ses mouvements étaient à la fois sauvages et contrôlés, ses figures rapides et compliquées. Parfois il dansait au sol, puis il se relevait en un seul mouvement, et continuait.
Zoro avait regardé ce spectacle, bouche bée, l'expression fascinée. Il voulait faire pareil. Il voulait être comme Shanks.

Dance with me  [ZoSan]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant