C'est l'été.
Harry a quatorze, quinze, puis vingt ans.
En vacances, à l'âge fragile où tout se joue, il rencontre Louis, un garçon plus vieux pour qui il éprouve rapidement une vive admiration.
Si au début tout semble les opposer, ce sont pourtant...
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Les mille couleurs et la touffeur ardente de l'été s'évanouissent et cèdent leur place à un automne tiède et plutôt court. Puis l'hiver s'installe silencieusement dans la capitale.
Au début du mois de décembre, à l'intérieur d'un petit café rustique dans le 5e, Harry est assis, seul à table, près de la fenêtre qui donne sur la rue des Fossés-Saint-Jacques. Il n'y est que depuis une petite dizaine de minutes, son ordinateur portable ouvert et ses cahiers éparpillés autour de lui. Son téléphone vibre dans sa poche. Il le sort, et lit le message de « Lou 💙 »
11 :21 ✉ bb t'es occupé? je peux t'appeler ?
11 :22 ✉ J'étudie.Qu'est-ce qui se passe ?
11 :22 ✉ rien! je veux entendre ta voix.
11 :23 ✉ Appelle-moi, je peux faire une pause.
Au même moment, on lui apporte sa commande : une tasse fumante de thé vert, qu'il laisse de côté pour l'instant. Son téléphone se met à sonner et il s'empresse de répondre.
- Allô ?
- Hey. Je t'ai manqué ?
Harry ne contient pas son sourire.
- Pas vraiment, non. On s'est parlés hier soir.
- Bon, c'est pas grave. Tu vas bien ?
- Ça va, oui.
- Tu souris ? Je t'entends sourire.
- Oui, je souris... Tu voulais me dire quelque chose ?
- Tu retournes à Bordeaux pour Noël ?
- Non, j'crois pas. Je comptais rester chez moi.
- Hors de question. Je t'invite, alors. Viens à la maison pour les fêtes, tu regretteras pas.
- .... C'est gentil. Je verrai.
- Tu me manques. Je veux te voir. Penses-y, d'accord ?
- D'accord. Toi aussi, tu me manques.
- Je te rappelle ce soir ?
- Oui. Si tu peux.
- À toute à l'heure, alors. Bisous. Fais attention à toi.
- Bisous.
Il raccroche et garde son téléphone entre ses mains, l'appuie sur son menton, pensif. Dehors, quelques maigres flocons de neige se sont mis à tomber. Ils fondent dès l'instant où ils touchent le sol.
Il repense à sa proposition. Il mentirait s'il se disait que cela ne l'avait pas fortement séduit. L'idée de passer ne serait-ce qu'une poignée de jours avec Louis lui plaît énormément. Ils n'ont eu que quelques rares occasions de se voir, depuis la fin de l'été. Deux fois, en septembre. Et une fois, à la mi-novembre. Chaque fois, c'était Louis qui venait à Paris pour un weekend. Et chaque fois, la séparation était plus difficile.
