Whisperia - Le dernier Mir'ael

⨯ Chapitre 6 • De la visite ⨯

Le noir. Le vide. Le froid. Tout ce que pouvait sentir Vael était présent dans ces trois mots. Comme s'il lui manquait quelque chose. Comme si une partie de lui lui avait été arrachée. Rien ne semblait pouvoir troubler ce vide absolu dont il était prisonnier. Il avait beau se débattre, tenter de crier, d'hurler. Rien ne pouvait changer cet état de fait qu'il subissait, impuissant.

Vael ouvrit les yeux, comme pour se réveiller d'un cauchemar. Une forme fantomatique avait pris place sur son lit. Elle le tenait. Il ne pouvait pas bouger d'un centimètre.

Son cœur.

Il battait si fort, si vite. Il avait l'impression que sa poitrine allait exploser.

Son corps.

Raide. Immobile. Froid. Comme celui d'un cadavre.

Son regard.

Fixé sur la créature qui se trouvait sur lui.

La libération, enfin, lorsqu'elle disparut et qu'il sentit son corps à nouveau capable de mouvement, le sang circulant à nouveau dans ses veines. Il prit quelques minutes pour se remettre de cet événement, ne souhaitant plus jamais le revivre. Un soupir quitta ses lèvres glacées, ses doigts étaient engourdis. Seulement à ce moment précis, il se rendit compte que l'épée était contre son cœur. La lame luisait d'un éclat vermeil, rien ne semblait pouvoir la déranger.

Vael finit par se relever, sentait son corps encore engourdi de cette expérience des plus paranormales. Il prit une seconde pour observer la chambre dans laquelle il était. Son état, identique à celui dans lequel elle était la veille, venait le réconforter. Il avait sûrement fait un mauvais rêve. Cela avait dû l'affecter, en plus de son manque de sommeil. Un long soupir vient à nouveau fendre ses lèvres alors qu'il portait de nouveau son attention sur son environnement. Il entendait des bruits en bas. Il ne savait pas quelle heure il était, mais le tavernier devait déjà servir le repas. Il se dirigea vers la fenêtre, toujours fermé, et l'épousseta du bout de sa manche. Le soleil était assez bas, il ne devait pas être plus de 9h. Il avait encore une large partie de la journée pour sa mission. Il prit son sac, rangea la lame dans son fourreau, et finit par descendre.

Tandis que les bruits devenaient de plus en plus fort, Vael se rendit compte de quelque chose. Il ne s'agissait pas des bruits de taverne ordinaires. Une main sur la garde de sa lame, à pas de loup, il descendit les escaliers. Trois hum'anis se trouvaient en face du tavernier, des hommes d'Alyos, sans aucun doute. Il lui suffit seulement d'une seconde supplémentaire pour voir le symbole qui lui était associé sur leurs tenues. Vael soupira, avant de reprendre une posture plus décontractée et d'avancer dans la direction des hommes, l'ayant bien évidemment repéré.

- Eh bien, il sort de sa cachette tout seul comme un grand ! s'exclama un des hommes, dans un langage commun des plus saccadés. Il avait un accent de l'Ouest, sans aucun doute possible. La teinte de sa peau pouvait également permettre à beaucoup de gens de le reconnaître, bien qu'il ne s'agisse pas d'un des lieux les plus connus, ni les plus propices aux échanges, qu'il s'agisse de biens ou de personnes. Le symbole d'Alyos était gravé sur son torse, au fer rouge. Cela écœura légèrement Vael. Il ne comprenait toujours pas, malgré tant d'années d'existence sur cette terre, comment quelqu'un pouvait posséder quelqu'un d'autre, ni comment quiconque ne pouvait se rebeller face à cette situation. Il prit le temps d'examiner la situation. Les trois hum'anis avaient leurs mains posées sur leurs armes, tandis que le tavernier se terrait derrière son comptoir, espérant échapper à une bagarre qui pourrait éclater à chaque instant.

Bien évidemment, cela ne faisait pas partie du plan de Vael. Se battre face aux fidèles d'Alyos tout en étant en sous nombre était l'une des plus mauvaises idées qu'il pourrait avoir à cet instant.