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J'ai une course à faire. Maman m'a encore envoyée chercher le pain. Pourtant, Émile aurait pu y aller, mais aujourd'hui, maman a dit « qu'il faisait la tête des mauvais jours », et que donc c'était à moi d'y aller. Et puis, la boulangerie est à l'autre bout de la ville. Il y a deux boulangeries, à Faremoutiers. Mais peu importe. Je passe rue du chemin de fer, une allée sombre qui mène à la rue principale de ce petit patelin, longe la rue des ormes – ladite rue principale – puis pousse la porte de la boulangerie, pour n'en ressortir plus tard qu'avec un pain au blé noir, une demi-baguette pas trop cuite et une demi-douzaine de beignets. Je me glisse à nouveau dans la ruelle étroite et sombre qu'est la rue du chemin de fer, et passe devant l'affiche de chocolat Meunier, qui a toujours été là autant que je me souvienne. Maintenant, elle est plus décrépie, déchirée sur le bord en bas à gauche et comme fanée par un manque de couleur. Il est évident qu'on l'a oubliée depuis des années. Au sol, de la peinture rouge, comme venue d'un seau qu'on aurait sauvagement renversé, manque de me faire glisser. Je l'évite avec précaution avant de jeter un coup d'œil à ma montre. Il est 15:56. J'ai pris mon temps. J'accélère le pas, puis je rentre chez moi.

Il était 15h18Où les histoires vivent. Découvrez maintenant