12.
Le roller, c'est une vraie pourriture. Mathis m'avait demandé d'en faire avec lui sur le rond-point, mais alors je cherche toujours pourquoi j'ai accepté. Mathis est mon voisin depuis un an. Il a mon âge, et on est dans la même classe. L'année dernière, quand il a débarqué, j'ai eu bien peur. On a des jardins collés, et séparés par un pauvre grillage. Quand il a balancé sa balle de foot sur ma tête, alors que j'étais posée tranquille sur la table à lire, j'ai pensé un instant à engueuler ce sale type qui envahissait déjà mon espace vital. J'ai levé la tête, et je l'ai engueulé. Et il a ri. Comme si c'était normal. Bien sûr, on est devenus amis, mais sans cesse on nous dit qu'on ferait un beau couple. Non, qu'on fait un beau couple. Mais il y a un mois, il est sorti avec une fille de première, que je ne connais même pas d'ailleurs. Comme quoi. Pour faire simple : Mathis, ça ne sera jamais rien de plus qu'un ami. Il faut encore que je m'en convainque mais c'est déjà une autre histoire. C'est bon, je me souviens pourquoi j'ai accepté. Je fais une énième chute, et il rigole pour une énième fois à s'en fendre la poire. J'en ai assez. Il est déjà 16 heures, je vais rentrer. Arrêtons le massacre. En essayant de me relever, mon t-shirt s'accroche à une enveloppe coincée dans une espèce d'entre-deux. Agacée, je la balance dans la fente Je ne sais pas pourquoi je ne l'ai pas prise pour l'ouvrir, mais à ce moment-là, ma curiosité avait disparu, tout comme ma dignité.