𝒩𝑒𝒸𝓉𝒶𝓇 𝒹𝑒 𝒱𝒾𝑒

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Mes pieds nus effleurent tendrement l'herbe humide, mes mains caressent les fleurs. Les nuages gris assombrissent le monde, l'humidité sature l'air. Ma longue et ample robe nacrée s'agrippe tendrement aux plantes, mes cheveux tombant dans mon dos se laissent ébouriffer par la brise. Mes épaules dénuées accueillent la fine pluie avec faiblesse. Je monte ces marches de bois, menant au kiosque. Le lierre a envahit les piliers, aux milles couleurs les fleurs aussi s'y réfugient. J'arrache une rose de sa branche, écorchant mon doigt de son épine. Je regarde le sang couler, sans discontinuer. Le voilà qui glisse le long de mon doigt, avide de conquérir mon enveloppe corporelle. Il chute, avec une telle lenteur, s'échouant sur le nacre de ma robe. La nappant d'un rouge vif. Je contemple ce nectar précieux. La pluie s'intensifie, devenant ravageuse et sans scrupule. Je me perds dans l'écoute de sa chute, me laissant bercer par cette mélodie. Je tends la main vers l'extérieur, laissant la pluie laver la souillure rouge de ma main. C'est à son tour de glisser le long de ma peau, de sa froideur glaciale pénétrer jusqu'à mes os. Le cours d'eau passant sous le kiosque
Déchirant le ciel, un éclair s'échoue dans l'immensité bleu sombre. Un grondement si puissant accapare l'espace terrestre, brisant la douce mélodie pluviale. Je repense à cette petite fleur. Celle pour qui une promesse est tenue, attendant d'éclore. Je me remémore son fin visage, son petit corps. Que j'ai mal. Je ferme les yeux, chassant de mon esprit son image. Mais il persiste, comme à chaque jour de pluie. Il tend la main avec entrain, vers ses racines électriques. Que j'ai mal. Je me recroqueville, attrapant mes jambes de mes bras. Et il rit, d'un éclat enfantin, ses yeux pétillent, presque autant que les étoiles. Je pose rageusement ma tête sur mes genoux, voulant l'effacer.
"Regarde je suis Zeus ! "
Son rire efface de l'espace les grondements orageux. Il s'agrippe, s'acharne et hurle.
La foudre me fait sursauter, faisant fuir la petite fleur. Ma robe mouillée colle à ma peau, je grelotte. Mon souffle devient fumée, s'envolant parmi les lourdes gouttes tombantes. Qu'il est agréable de rester sous la pluie, de se rendre compte que nous sommes facilement atteints par les choses de la Nature. Je me lève et emprunte les marches du kiosque, restant immobile et vulnérable sous l'attaque de l'eau. Je lève la tête, et observe le ciel les yeux clos, les gouttes perlant sur mon visage. Mes cheveux ruissellent, l'herbe mouillée à mes pieds devient flaque. Frissonnant, je me dirige lentement vers ma maison, traversant mon grand jardin avec lassitude.

J'ouvre la grande baie vitrée, pénétrant dans le salon. Je me positionne face à la vitre, ne me souciant guère de l'eau qui s'écoule de moi. Je fixe la pluie, cherchant du regard l'invincible, l'imaginaire, le Souvenir. Je m'adosse à la baie, et expire profondément. J'agrippe ma robe de mes mains, la sentant coller ma peau dans une étreinte irréversible. Le contraste de la chaleur intérieure sur ma peau frigorifiée fait parcourir le long de ma colonne d'incessants frissons. Cette chaleur venant enfin s'échouer sur ma peau nue me procure un bien fou, presque jouissif. Je m'avance lentement, montant les escaliers le regard dans le vague.

L'eau s'écoule le long de mon corps, chaude et réconfortante, elle m'enlace avec une douceur presque maternelle. Je la laisse brûler mon corps, immobile. Mes mains viennent frotter lentement mes bas, moussant et berçant ma peau. La buée s'installe, prenant possession des lieux. Mon corps se réchauffe avec fougue.

Je coupe l'eau, sortant de la douche. Je me sèche promptement et me vêts d'une robe de satin. Je m'enroule d'un châle et descends les escaliers, préparant un chocolat chaud dans la cuisine.

Remind Me Please, I Need Your TouchOù les histoires vivent. Découvrez maintenant