Chapitre 1

73 10 33
                                    

Le Docteur Henrizt apparut ce soir là, à l'heure du souper, affublé d'un chapeau ridiculement petit et froissé, à la dernière mode germanique.
C'était un grand champion de golf qui, ayant pour passion les couvres-chef, et portant tous les chapeaux les plus ridicules de d'Allemagne — c'était à se demander où se ils se les procurait — qui dictait la mode masculine en matière de couvres-chef.
Celui-ci était dernier cri, et le docteur se vantait bien d'avoir pu se permettre une telle ruine — les chapeaux coûtaient horriblement cher pour ce qu'ils étaient, surtout ceux que vendait la marque que le golfeur avait créée, voyant que ses goûts extravagants était appréciés en Allemagne —.

La tension due au différent qui s'était déroulé la veille entre le Lord John et Miss Hudson, auquel toute l'assemblée avait assisté, était palpable et les invités du mystérieux Sir Dowell présents dans la salle commune ne pipaient mot.

Le jeune Lord avait osé affirmer devant Miss Hudson que le beurre était meilleur salé. Cette dernière, dont l'avis divergeait, et dont l'insolence était le trait le plus marqué, avait commencé une discussion animée, et voyant que l'homme ne pliait pas devant elle, s'était fâchée et avait quitté la salle sur un « Goujat! ».

Les deux acteurs du conflit étaient cependant descendus, tous deux ayant un sale caractère, et trop d'orgueil pour se plier aux intentions de l'autre en s'isolant.

« Leur attirance est évidente. », murmurait à qui voulait l'entendre Mme Greenstone, « Thomas et moi étions pareils, à leur âge. » Et, changeant de ton, « Quand apparaîtra donc notre cher hôte? J'ai si hâte de lui transmettre mes remerciements! »
On avait donné comme excuse aux invités un retard dû à des complications sur la route du sire.

Le jeune Harry essaya de détendre l'atmosphère en plaisantant sur le nouvel accessoire du Docteur mais sa taquinerie ne plût pas à ce dernier, qui avait autant de sensibilité que de mauvais goût et bouda le jeune homme tout au long de la soirée, et ne se priva pas de quelques remarques qu'il lançait d'un ton froid, propre aux vieux rustres germaniques.

Harry s'essaya aux jeux de cartes que lui enseignait Lord John, et auxquels participèrent Thomas et Anabelle Greenstone, couple âgé de la petite bourgeoisie, qui malgré leurs petites discussions quotidiennes qu'ils préféraient appeler « débats », s'aimaient toujours, et Angela Federicci, une jolie femme, dans la trentaine, aux courbes gracieuses, dotée d'un magnifique sourire qu'elle sortait à tout moment pour profiter de la situation et la faire basculer en sa faveur. On racontait partout que c'était une grande séductrice et qu'elle aimait ravager les coeurs des pauvres garçons trop sentimentaux. Celle-ci possédait une soeur plus jeune qui toute la soirée était restée prostrée dans un fauteuil soigneusement choisit car il était placé dans l'angle parfait pour observer la table des joueurs de cartes, qui semblait lui être d'un grand intérêt. D'un caractère que sa famille n'avait jamais réussi à cerner, elle était bien plus timide et discrète que sa grande soeur. Mais elle jouait d'un charme discret et sensible, qui opérait inconsciemment.

Harry remarqua le regard vert de jalousie de Miss Hudson, qui, depuis l'autre bout de la pièce, voyait que le jeune Lord n'était pas insensible la beauté italienne d'Angela et que celle-ci s'amusait à le séduire.

Devant le regard franc que lui lançait la petite italienne assise en face de lui, il l'invita à prendre place et jouer avec eux, non sans jeter un oeil à ses longues jambes à la peau olive.
« Miss Federicci, présentez-moi donc votre petite soeur, qui, paraît-il, s'ennuie mortellement... »

Un meurtre à tendance arachnéenne Où les histoires vivent. Découvrez maintenant