Fin

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     C'est lorsque les derniers visiteurs sortaient qu'elle revêtait son véritable uniforme, et que son travail principal commençait. Le jour, elle était habillée de pierres, blanches et grises, et devait bien faire attention à ne pas être vue lorsqu'elle changeait de pose. Quelques fois, elle se ratait. Si un enfant voyait un animal de pierre bouger, les adultes ne le prenaient pas au sérieux, et si par malheur un adulte notait le même phénomène, il ne se prenait pas au sérieux, attribuant cet illogisme aux reflets du soleil, ou à l'ombre que projetaient les feuilles des chênes sur les murs du château.

     Pourtant, soleil couchant, nappée de noir et de paillettes colorées, elle déployait ses ailes et visitait les galeries du château. Elle commençait à bien les connaître, là les appartements de la Dame, ici les cabinets, et puis plus loin, le vestibule. Mais la pièce qu'elle préférait, c'était la salle du billard. Là, elle retrouvait parfois les angelots des fontaines extérieures avec lesquels elle jouait, ou bien discutait en compagnie des bustes des anciens propriétaires. Si jamais elle se trouvait seule, elle ouvrait le premier tiroir d'une commode en bois verni,  sortait deux bougies pour s'éclairer et tout un attirail de chimiste. Puis, elle travaillait pendant deux heures et dix minutes à une potion, par moments penchée sur un grimoire poussiéreux, dont les pages étaient plus que fragiles. Une fois sa préparation terminée, elle décrochait des bouts du plafond.


Et, au grand dam des plus éminents alchimistes, elle transformait l'or en plomb, et personne n'y voyait rien.



La gargouilleWhere stories live. Discover now