Borderline [HyunChan]

Chapitre 2

Avant que vous commenciez à lire, je tenais à vous dire que ce chapitre était entièrement un flash-back. Sur ce bonne lecture !
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18 Février 2012

Il n'avait jamais vraiment compris pourquoi il pouvait voir des esprits ainsi. Il avait passé les six dernières années à fuir tout cela. Ses parents ne l'avaient jamais cru quand il se mettait à hurler en pleine nuit parce qu'il voyait une personne assise au fond de sa chambre. Il avait beau leur hurler, les joues pleines de larmes, personne ne le croyait. Durant ces six dernières années, Chan avait été seul, se construisant une carapace autour de lui, évitant les gens et leur contact le plus possible. Il ne voulait pas que les autres sachent, il savait ce qu'il endurerait s'ils savaient. Il voyait déjà parfaitement ses camarades frapper et humilier ceux qu'ils pensaient faibles. Il n'avait pas le courage de subir la même chose, de finir détruit, mais il n'avait pas non plus le courage de les arrêter quand il les voyait faire. Il était lâche et il le savait. Mais, c'était le seul défaut qui lui permettait d'avoir une vie à peu près paisible.

A peu près paisible, oui. Parce que malgré toutes ces années, ses dons s'étaient développés et ils touchaient plus que sa simple vision. Maintenant, ça altérait aussi son toucher autant que son ouïe. Il voyait tout, sentait tout, entendait tout, ressentait tout. Un bon nombre de fois il avait voulu s'enfermer dans sa chambre et ne plus jamais en sortir. Il ne voulait plus voir personne. Dès qu'il touchait quelqu'un, les mauvais souvenirs, souvent liés à la mort d'un de leur proche, lui revenaient en plein visage. Il en avait marre de ne voir que la souffrance du monde qui l'entourait. Il voulait voir de la joie, des paysages lumineux et des gens heureux. Mais ce qu'il considérait comme sa malédiction ne lui permettait que de voir le malheur. C'était ce qu'il se disait du haut de ses quinze ans.

Alors il évitait le monde le plus possible, mettant des vêtements larges pour couvrir le plus possible son corps. Mais bien évidemment, certaines fois, il ne pouvait pas échapper à sa malédiction. Et c'était précisément ce jour-là qu'il avait fait sa rencontre. Il était précisément neuf heures du matin et il avait deux heures de sport. Soit le seul moment où il ne pouvait pas se recouvrir de son éternel sweatshirt. Il avait bien sûr un t-shirt à manches longues mais qui ne recouvrait pas ses mains. Tout le long de l'année, il avait tenté d'éviter d'être sur le terrain, simulant des chutes et des blessures mais cette fois, c'était l'évaluation et leur professeur comptait sur toute sa classe. Ils allaient devoir affronter une classe de leur niveau dans un match de basket. Et honnêtement, Chan aurait préféré se casser la jambe plutôt que de devoir mettre un pied sur ce foutu terrain. Mais il l'avait fait. Il avait pris une profonde inspiration et s'était avancé doucement vers ses camarades qui formaient son équipe. Ils le mirent rapidement en arrière, ne sachant pas vraiment comment il jouait, puisqu'il n'était jamais là. Personne n'avait envie de perdre et le brun était plutôt content. Plus il serait à l'écart, moins on ferait attention à lui. Il s'en fichait pas mal de sa note, les autres matières suffisaient largement à remonter sa moyenne.

Un coup de sifflet retenti et le ballon fut lancé dans les airs. Un joueur de l'équipe du brun le récupéra et tout s'enchaina. Son équipe menait largement, bien qu'il ne faisait que courir derrière les autres, en retrait, ne cherchant pas à se démarquer le moins du monde. Pourtant, alors qu'un de ses coéquipiers était en position de faiblesse, entouré d'adversaires et personne en appui pour l'aider à s'en sortir. C'est là que Chan comprit son erreur. Il était seul au milieu du terrain, sans personne autour. L'équipe adverse avait laissé tomber, voyant bien qu'il ne cherchait jamais à avoir la balle. Alors il était désormais seul au milieu du terrain, la balle fonçant droit sur lui, tout aussi vite qu'un autre jeune homme. Il récupéra le ballon pour ne pas se le prendre en pleine tête et il n'eut pas le temps de faire le moindre mouvement que le corps de l'autre jeune garçon percuta le sien de toutes ses forces, les faisant basculer. Ils tombèrent tous les deux lourdement sur le sol et Chan laissa échapper le ballon et un juron. Il s'était fait mal. Et vraiment cette fois. Il sentit l'autre brun se relever précipitamment et il n'attendit pas que Chan réagisse pour attraper sa main et l'aider à se relever, voulant que le match reprenne au plus vite. Mais voilà, Chan ne pouvait désormais plus bouger. La main du jeune garçon était brulante mais c'était bien un frisson glacial qui lui empoigna le corps. Derrière son camarade se trouvait une vieille femme à l'aspect terrifiant pour la vision d'un simple enfant. Il déglutit difficilement, l'observant. Elle avait l'air bienveillante et ressemblait beaucoup au jeune garçon devant lui malgré la maigreur de ses joues. Elle lui sourit doucement quand elle vit qu'il la regardait et Chan comprit ce qu'il se passait. Il ne put d'ailleurs s'empêcher de poser ses yeux sur son camarade et remarqua enfin ses joues creusées par la tristesse, ses cernes marqués et ses yeux vides de toute lueur. Il avait l'air éteint. Chan commit alors sa première erreur devant ce spectacle.