Ils étaient loin de faire dans la demi-mesure, c'était certain. Ils arrivèrent avec trois voitures de police, leurs gyrophares et sirènes, et deux ambulances. Je ne compris pas pourquoi ils s'étaient entêtés à appeler des ambulances en renfort, surtout deux. Nous avions bien spécifié que la victime semblait morte, mais il fallait croire qu'ils ne prennent pas de risques.
Daven et moi avions pratiqué notre alibi et étions prêts à subir l'interrogatoire des policiers. Je m'étais installée dans les marches d'escalier et j'étais prête à paraître complètement déstabilisée, ce qui ne devait pas être trop difficile. J'étais une louve, mais je ne voyais pas des cadavres tous les jours. Daven s'était accoté contre le mur face à moi.
Les flics débarquèrent, leurs armes pointées dans notre direction et nous levâmes en même temps nos mains. Ils firent rapidement le tour de la demeure et s'arrêtèrent dans le salon face au cadavre. Ils n'avaient pas manqué de voir le joli message si gentiment laissé sur le mur.
Je restais silencieuse et Daven en fit de même.
Finalement, celui qui semblait être le chef s'approcha de nous. Nous avions déjà dit la version officielle à l'opérateur du 911 qui avait certainement fait le compte rendu, mais il semblait vouloir le réentendre.
—Il était ainsi quand vous êtes rentrés dans la pièce ? demanda-t-il.
—Oui, dis-je simplement.
Je jetai un léger coup d'œil à l'officier. Je n'avais aucun problème à feindre d'être complètement perdu et désemparé, car c'était exactement ce que je ressentais. Je ne comprenais pas ce qu'il s'était produit.
—Et pourquoi vous êtes venus ici déjà ?
—Par hasard. Nous nous promenions dans le coin et la porte était ouverte.
Ce n'était techniquement pas un mensonge, elle n'était pas complètement fermée, mais elle n'était pas visible de la rue. Ils n'avaient pas besoin de savoir cela.
—Cela nous a intrigués, nous nous sommes approchés pour la fermer et nous avons vu...
Je ne finis pas ma phrase. L'officier inscrivit quelque chose sur son calepin et se tourna vers Daven qui confirma mes paroles.
—Vous le connaissiez ?
—Non.
Cette fois-ci, c'était un mensonge pur et dur. Nous ne pouvions faire autrement.
—Vous allez devoir me suivre au poste de police pour prendre vos dépositions. Vous restez des témoins, même s'il semble s'agir d'un suicide.
Il était tard, plus de 3h du matin quand Daven et moi rentrâmes du poste de police de la ville de New Meadow. Un étrange mélange régnait en moi. J'étais à la fois complètement épuisée et remplie d'adrénaline. Nous n'avions pas dit un mot du trajet. Je n'avais aucune idée de ce qu'il pouvait penser.
J'accotai ma tête contre la fenêtre froide et je soupirai. Je crois que je pourrais m'endormir, là, maintenant. Et ce fut exactement ce qu'il se produit.
J'ouvris les yeux et je me rendis compte que nous étions soudainement dans le stationnement du motel. La lumière du lampadaire me fit plisser les yeux. Quelque peu déboussolée, je me tournais vers Daven qui éteignit le moteur de la voiture. Je me sentis presque honteuse de m'être endormie ainsi. Cependant, rien dans ses yeux ne m'indiquait que je devrais me sentir mal. Au contraire. Ses yeux étaient remplis de compréhension. Il savait ce que j'avais vécu, car il l'avait vécu avec moi. Voir un mort de nos propres yeux n'était jamais quelque chose de facile.
VOUS LISEZ
Sang Royal / à lire sur @HauntedSouls_
LobisomemRien ne se passe comme prévu pour Raphaëlle Lamonia. Après avoir subi la disparition de sa sœur et la mort de sa mère, la jeune loup-garou de 18 ans s'est refermée sur elle-même. Elle ne souhaite que vivre tranquillement sa vie et soigner son cœur m...