Chapitre 6

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Ce qui suivi fut deux jours pénibles au bureau, où il ne fit que regarder ses collègues en jouant des scénarios déprimants sans Reid dans sa tête. Et le samedi, Jack se mit en colère et demanda à aller chez Jessica car "Elle, elle m'aime bien et elle a une PS4." Hotch essaya de rassurer son fils, en lui disant qu'il l'aimait et qu'il était désolé d'avoir été distrait, mais le garçon se contenta de mordre sa lèvre et d'essuyer ses larmes en feignant de ne pas s'en soucier. À la fin, Hotch céda et, revenant de l'appartement de Jessica, il se demanda, abattu, s'il était si mauvais pour convaincre les gens qu'il les aimait.

Le coucher du soleil était déjà bien passé quand on frappa à sa porte. Cela le sortit de ses pensées et il réalisa qu'il était assis dans le noir depuis déjà deux heures. Il se leva de sa chaise et alluma des lumières dans le salon alors qu'il se dirigeait vers la porte. À travers le judas, il vit Reid s'agiter, et son corps devint instantanément cette flèche énergique qui le dirigeait vers lui, ouvrant la porte assez rapidement pour effrayer son invité.

« Whoa ! Salut. » marmonna Reid.

« Pourquoi n'as-tu pas utilisé ta clé ? » demanda Hotch.

Le génie cligna des yeux, pris au dépourvu.

« Cela ne me semblait pas correct. J'ai besoin que tu m'invites pour cette discussion. »

Le brun déglutit et fit un geste en invitant son agent à entrer dans son appartement. Il se traîna dans le couloir et pénétra instinctivement dans le salon, c'était la seule pièce qui était allumée. Et puis il se tourna pour faire face au jeune homme, qui regardait distraitement autour de lui.

« Où est Jack ? »

« Chez sa tante. »

« Oh. » Reid roula sur les talons puis il reprit la parole. « Je suis venu pour te dire que je ne pars pas. »

Hotch essaya de respirer alors que sa poitrine était serrée et que son pouls battait fort dans ses oreilles. Il pensait qu'il avait bien caché ça quand il toussa et poursuivit la conversation comme si la phrase de Reid ne venait pas de déclencher le 14 juillet derrière sa cage thoracique.

« Peux-tu me dire pourquoi ? »

« Il y a de nombreuses raisons, mais une seule a changé les choses pour moi. »

Le docteur traversa le salon en regardant les photos sur la cheminée de son patron, comme si leur conversation était une simple réflexion. Hotch attendait plus, parce qu'avec Reid, il y en avait toujours plus. Le génie se retourna pour le regarder, enfonçant ses mains dans ses poches comme s'il essayait de les empêcher de bouger.

« Tu sais, il y avait des moments où je ne pouvais pas dormir, quand la nuit nous entourait dans notre lit... »

" Notre lit ? "  Hotch essaya de ne pas montrer que son corps avait réagi, mais il savait que c'était peine perdue quand on était en face du Docteur Spencer Reid, tout à fait capable de lire son langage corporel.

« Je te regardais, allongé-là... Dans mes bras et paisible... Dans ces moment là, je me sentais inondé par une vague d'émotion. C'était trop grand pour moi et j'avais parfois peur que cela m'emporte. Mais ensuite j'ai réalisé que je n'étais pas contre le fait d'être emporté. Ce sentiment incroyable je le ressentais grâce à toi. Je n'avais pas à me soucier de l'endroit où j'étais, tant que j'étais avec toi. Parfois, je voulais te réveiller et te le dire... Mais je ne l'ai jamais fait. Je t'ai aimé pendant si longtemps, seul, que je ne voulais pas espérer. »

Hotch l'observa dans un silence stupéfait alors que Reid haussait les épaules après ses aveux. C'était surréaliste, comme s'il livrait un profil en rajoutant des informations au fur et à mesure. Il leva soudainement les yeux et rencontra le regard égaré de son supérieur.

Donner et prendreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant