Chapitre 2 : Kale

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— Beverly Jones ? Sérieusement, vous n'avez pas trouvé mieux ?

— C'est une célébrité, monsieur Scott.

— Elle a à peine 20 ans, vous la croyez vraiment compétente ? Vous vous foutez de moi, c'est ça !

— Elle n'a beau avoir que 19 ans, elle est très compétente. Elle fait déjà plusieurs unes, je vous assure ! Et d'ailleurs, en parlant d'âge, il ne me semble pas que vous soyez beaucoup plus âgé...

— Pfff...tenez je vous les signe vos papiers de merde. Et au passage j'ai 23 ans.

— Si vous signez, c'est avec plaisir monsieur Scott. C'est soit oui soit non.

— Mais oui, c'est bon, je vais le faire ! Je réponds agacé.

— Merci monsieur. À dans deux semaines.

— Au revoir. Je salue en tournant les talons. J'ajuste ma cravate ainsi que ma veste et me laisse emporter dans la foule qui lutte contre mes managers pour me toucher. C'est dingue comment tout le monde sait ce que vous faites de votre vie, où vous êtes à chaque seconde de votre vie, quand vous êtes une célébrité. Sans jeter un regard, je distingue les flashs des paparazzis.

Brice, mon manager principal, m'ouvre la porte de la limousine avant de s'installer à son tour. Je consulte mon téléphone portable durant le trajet afin de me renseigner sur la « popularité » de Beverly Jones. Effectivement, elle a l'air d'avoir du talent pour son âge, mais je doute tout de même qu'elle ait le même talent que mes autres coéquipières d'auparavant.

Je dois admettre que c'est une très jolie jeune fille. Des cheveux châtains/blonds longs qui lui retombent sur les épaules, des yeux bleus très clairs, et du maquillage qui donne du volume à son visage et fait ressortir la couleurs envoûtante de ses yeux. Grande, fine, une mannequin qu'on pourrait juger « parfaite » en apparence.

— On va jouer quoi comme scène ?

— Kale... crois-tu vraiment que c'est à moi qu'il faut poser la question ?

— Oui, effectivement, excuse-moi. Dis-je suivi d'un raclement de gorge. C'est toujours ce que j'ai détesté : ne pas savoir quelle sorte de scène je vais devoir jouer.

La limousine se gare tranquillement dans la cour et nous laisse sortir, mon manager et moi.

— Est-ce que tu peux me chercher l'e-mail de Beverly s'il te plaît ?

— Tout de suite. Brice s'empresse d'ouvrir son PC et de trouver. Il paraît qu'il a du mal à le trouver...

— Je suis désolé Kale, mais je ne le trouve pas. Il n'a pas été dévoilé.

— Comment se fait-il qu'elle n'ait pas donné son e-mail au public si c'est une célébrité, bon sang ?

— Elle doit vouloir garder une distance entre sa vie privée et sa vie professionnelle.

— Et toi, t'es un manager ! Tu peux très bien trouver son manager à elle ou je sais pas moi, mais tu dois pouvoir le trouver ! M'énervé-je.

— Je ne peux pas faire ça, désolé.

— Pfff. Je vais changer de manager.

— Kale, pourquoi tu t'énerves pour rien ? C'est pas grave. Et aucun autre manager ne fera ça.

— Et pourquoi ?

— Parce que. On ne peut pas. Ça montrerai de l'impatience de notre part et même, on ne peut pas.

— Enfonce-toi...

— Pourquoi tu t'énerves ? Ça va changer quoi que tu aies son adresse e-mail ?

— Laisse tomber. Je réponds en partant dans ma chambre. Je cherchais désespérément son adresse e-mail, mais effectivement, rien. NADA. C'est quand même pas possible qu'une célébrité n'aie aucune adresse professionnelle de dévoilée !

**

— Je sors ! Lancé-je à mes parents en enfilant un manteau.

— À cette heure-là ? Il va bientôt faire nuit...répond ma mère.

— Tu ne sors pas à cette heure-ci. Renchérit mon père.

Mon père a toujours été un dur avec moi. Pour les cours, il me faisait travailler jour et nuit, jusqu'à ce que je comprenne vraiment ma leçon. Il étais très stricte au niveau des consignes à la maison. À force d'accumuler tout ça, j'en ai eu marre, et un jour, j'ai fugué. J'avais prévenu ma mère, qu'elle ne s'inquiète pas, mais je lui avait donné une condition : faire croire à mon père qu'elle ne savait pas où j'étais. Mais je suis rentré trop tard, la police avait déjà était prévenue. Ma mère n'arrêtait pas de m'envoyer des textos en me disant qu'il fallait qu'elle le dise à mon père, parce qu'il était sur le point d'appeler la police. Il l'a alors fait, même si ma mère lui avait avoué qu'elle savait où j'étais. Il a dit :

— Je ne veux rien entendre, quand il rentrera et que la police l'engueulera, il prendra sa responsabilité et se rendra compte de la connerie qu'il a fait ! Ma mère avait alors protesté, mais il ne voulait rien entendre. Quand je suis rentré, effectivement je me suis fait botté le cul par la police, mais aussi par mon père. Ma mère lui criait dessus pour qu'il arrête mais il continuait. Je doutais même que les voisins l'entende. Et moi, quand il m'a dit ce qu'il avait dit auparavant à ma mère, que soit-disant je me rendrais compte de la connerie que j'ai fait, je lui ai craché à la gueule :

— J'ai fait ça pour que tu prennes conscience de ce que tu m'infliges, j'ai l'impression d'être un esclave pour toi, alors que je suis ton fils ! Tu ne peux pas me reprocher d'être parti parce que si je l'ai fait, c'est à cause de toi ! Rien de tout cela ne serait arrivé si tu te comportais comme un vrai père ! À ces mots, ma mère avait fondu en larmes. C'était peut-être horrible ce que je venais de dire, mais c'était la vérité après tout.

Quand j'ai hurlé ces horreurs, j'avais treize ans. Treize ans.

— Dave, laisse-le sortir. Supplie ma mère d'une voix douce. Mon père fronce ses sourcils en réponse et ne proteste pas. Après cet évènement, mais si elle l'étais toujours, ma mère était gentille comme tout envers moi. J'envoie un sourire au coin des lèvres à ma mère et sort.

J'erre dans les rues alors que la nuit commence à tomber. Les rues deviennent sombres, éclairées seulement par des petits lampadaires merdiques et le clair de lune. Le froid arrivant, j'enfouie mes mains dans les poches de mon manteau et continue à marcher.

J'avais besoin de prendre l'air, tout simplement.

Je suis seul, il est plus de vingt-trois heures, et personne n'est dehors. J'entends juste quelques rires de personnes qui doivent être bourrées provenir du coin de rue. Je décide de ne pas m'y aventurer car ce pourrait être dangereux.

Déjà de sortir comme ça seul, le soir, ce n'est pas très prudent...

**

/ Kale va-t-il apprécier Beverly ?

/ Triste passé pour lui :(

/ Pourquoi Kale veut-il absolument l'adresse e-mail de Beverly ?

/ La dernière phrase reste à suspens...

Kiss kiss

True Or False ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant