IX - Tensions

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Samedi 20 décembre, plus que quelques jours avant Noël ... - pensait Aelita alors qu'elle regardait le calendrier accroché au réfrigérateur de la cuisine. Un léger pincement au coeur, notre douce fille aux cheveux roses se rendit dans le salon et s'installa sur la chaise en face de Jérémie. Ses yeux regardaient dans le vide.

Depuis des semaines, Jérémie travaillait sans relâche sur le nouveau monde numérique essayant désespérément de recueillir de nouvelles informations sur son nouvel ennemi : Anax. Cherchant du réconfort et du soutien, il partageait ses inquiétudes à Aelita.

Il ne s'est pas aperçu qu'elle faisait mine de l'écouter.

Il ne s'est pas aperçu qu'elle n'allait pas bien.

Sans qu'Aelita s'y attendait, Jérémie referma son ordinateur portable de manière soudaine :

_ Bon, c'est tout pour le moment. Je reprendrais tout à l'heure. Je n'arrive plus à me concentrer de toute manière.

_ Mmmmh ...

_ Tu veux quelque chose à boire Aelita ?

_ Hein ?! Heu.... Non ça ira, je te remercie.

Quelques temps plus tard, Jérémie revint avec une tasse de chocolat chaud dans les mains.

_ Aelita ? Il va quand même falloir qu'on parle de Noël. Tu veux qu'on fasse le réveillon ici et le 25 chez mes parents comme chaque année ? Oh et puis il faut qu'on aille faire nos cadeaux ! Aurais-tu des idées, par hasard ? 

_ Je ne sais pas.

_ C'est tout ce que tu me dis : "Je ne sais pas" ?

_ Oui, généralement c'est ce que l'on dit quand on n'a aucune idée en tête ... 

_ Merci pour la précision, je crois que je n'avais pas bien saisi le sens de ta phrase ... 

_ C'est de l'ironie Jérémie ... 

_ Merci de me préciser cela aussi.

_ Bon écoute, je n'ai pas envie de parler du plat que ta mère va préparer ni des membres de ta famille qui seront présents et encore moins des cadeaux. Laisse-moi tranquille.

_ Vas-tu me dire ce que tu as à la fin?

_ Je pense que ce n'est pas difficile à comprendre et que, si tu mettais du tiens, tu pourrais le deviner, Einstein.

C'était la première fois qu'Aelita utilisait ce surnom pour désigner Jérémie.

_ Et bien désolée de ne pas être mentaliste, Madame ! 

_ Laisse-moi t'expliquer alors ! Tu me parles de Noël et de bonheur alors que le monde autour de nous peut s'écrouler à tout moment. Tu me parles de Noël et de famille alors que je n'en ai même pas. Tu crois que c'est facile ? Tu crois que c'est plaisant de n'exister aux yeux de personnes, pas même de l'Etat ? Tu crois que c'est facile de vivre en sachant que mon identité a été trafiquée et qu'aucune personne ne puisse répondre à mes questions ?

Ces paroles avaient été prononcées d'une traite et d'une manière si violente que Jérémie en resta bouche bée. Aelita, d'un air déterminée se dirigea vers la chambre et pris une valise ainsi que quelques affaires.

_ Tu sais, je crois que j'ai la réponse à ta question. Pour Noël, on fait comme d'habitude, tu resteras là pour le réveillon et tu iras chez tes parents le lendemain. En revanche, moi je me casse. De toute manière, que je sois là ou non, ce sera la même chose. Et n'essaye pas de me retenir, j'en ai plus rien à faire d'un mec qui n'est même pas capable de soutenir celle qu'il "aime". 

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