Zone D

III - Se redécouvrir

Yumi

Ulrich venait de rentrer du travail. Il avait l'air exténué. A peine était-il dans le salon que j'entourai son cou de mes bras. Il passa sa main dans mes cheveux, m'embrassa le front puis alla dans la salle de bain.

Une fois revenu je lui expliquai que j'avais préparé son repas mais que je devais rentrer chez moi ce soir. Après une dernière étreinte, je marchai jusqu'à la maison de mes parents. "J'habitais" encore là bas car ils tenaient absolument à ce que je reste chez eux jusqu'à mon mariage. C'était une tradition chez les Hishiyama et il fallait la respecter.

En arrivant chez moi, je fus surprise en voyant seulement mon frère à la maison. Hiroki, qui était agenouillé devant la table basse du salon, était plongé dans un livre de droit me semblait-il. En me voyant arriver, il m'expliqua que papa et maman étaient chez leurs amis et qu'ils ne reviendraient pas avant tard dans la soirée. Je m'agenouillai à ses côtés et pris mon bouquin. Je ne le remarquai pas tout de suite mais il me toisait.

- Oui Hiroki ?

- Tu étais chez Ulrich pas vrai ?

Il était vraiment énervant avec ça... Même si c'était peine perdue, je tentai de me sortir de ce pétrin.

- Mais non pas du tout.... Qu'est-ce qui te ....

- Arrête ta comédie Yumi, tes habits portent son parfum !

- Et je peux savoir comment tu sais qu'il s'agit de SON parfum ?

Un petit rictus se forma sur ses lèvres.

- Je n'en avais aucune idée mais vu ta réaction, je suppose que mes suppositions sont vérifiées.

- Hiroki tu n'es qu'un sale petit.....

- Amour? Je le sais ça.

Je lui sautai dessus et notre conversation se termina par une bataille mais pas n'importe laquelle. Une bataille de frère et soeur qui s'apparentait plutôt à un concours de chatouilles. Même si mon frère était plus jeune que moi, il me dépassait maintenant bien d'une tête ! Ses épaules étaient déjà très développées et des poils de barbe et de moustaches se dessinaient progressivement sur son visage. Il venait d'avoir 20 ans et avait choisi une carrière juridique afin de devenir juge. Il excellait dans son domaine et ce n'était pas pour déplaire à mes parents qui l'adulaient. J'étais fier de lui et cela m'amusait de l'imaginer avec une perruque blanche, un grand habit noir et un petit maillet à la main.

Après la bataille, je me mis au travail. Depuis quelques années, Maman faisait parti d'une association venant en aide aux familles victimes de catastrophes naturelles. A l'approche de Noël, chaque membre de l'association devait préparer des petits colis pour les envoyer au Japon dans des refuges. Là aussi c'était une tradition : tous les ans, à l'approche de Noël nous faisions cela. Je lui avais promis de l'aider demain mais étant donné que je devais me rendre chez Jérémie, je préfèrai commencer dès maintenant. Dans une petite boite métallique, je glissais du riz, des pâtes, quelques boites de conserve, du chocolat et quelques autres victuailles. Je l'enveloppai ensuite dans un tissu de soie puis l'insérait dans une boite en carton. Après avoir glissé une petite carte d'encouragement, je refermais le paquet en l'étiquetant correctement. J'en fis plusieurs puis voyant que la fatigue me tombait dessus, je partis me coucher et dormis de suite.

*****
Jérémie

- Je vais chercher du pain, je reviens tout de suite. Fis-je à Aelita après avoir enfilé plusieurs couches de vêtements pour ne pas mourir de froid.

- D'accord.

Il faisait un froid de canard dehors et le brouillard empêchait de voir à plus de 50 m. Il me fallut presque le double du temps habituel pour aller à la boulangerie au bout de la rue. Le retour fut plus agréable. Le pain tout chaud sortant du four me réchauffait les mains et son odeur était envoutante. Quelle merveille. Lorsque je suis arrivée dans notre petit appartement, j'aidais Aelita à préparer la table. La soirée d'hier s'était parfaitement passée mais depuis ce matin, celle que j'aimais était distante et ne m'adressait la parole que par politesse. Qu'avais-je encore fait ? Non franchement je ne le voyais pas mais bon...