♥ Note de l'auteure ♥
Heeeeey :D Ça fait longtemps.. Sorry :$
Plusieurs jours passèrent, quelques semaines même avant que Stéphane nous donne enfin signe de vie, par un coup de fil un jeudi soir assez tranquille. Entre-temps, un des très bons amis de mon frère, Étienne, un garçon souriant, aux cheveux couleur sable et aux yeux kaki, s'était inscrit au hockey. Il avait un an de plus que mon frère, mais ils se ressemblaient beaucoup sur plusieurs points, dont le sport. Ils étaient tout deux très athlétiques, mais Étienne ne savait pas très bien patiner. C'est pourquoi il fut, lui aussi, invité aux Quatre Glaces ce matin de printemps.
«Va chercher tes patins Roxanne.» le ton de mon père était autoritaire. Nous étions en train de nous disputer depuis au moins un bon cinq minutes alors qu'il tentait de me convaincre d'emmener mes patins pour aller sur la glace avec eux. Je savais très bien que j'allais perdre cette confrontation, mais je continuais quand même. On m'a souvent dit que j'avais une tête de mule. Je ne la tenais pas du voisin!
«Non.»
«Arrête moi ça! De quoi tu as peur? Personne ne va rire de toi! Allez, je ne veux plus rien entendre, à cause de toi on va être en retard pour aller chercher Étienne.»
«N'importe quoi...» marmonai-je avant de me diriger à pas trainants vers le sous-sol pour aller chercher mon sac de sport.
«Arrête de chialer. On t'attend dans le camion.» Et il claqua la porte.
Quelques instants plus tard, je grimpais dans notre véhicule, encore fachée que mon père m'y ait obligée. Nous nous rendîmes donc chez Étienne, et je descendis pour aller cogner à sa porte. Il m'ouvris presque immédiatement. Wow, il devait nous attendre. Il sourit en m'apercevant. Il n'était vraiment pas laid, je l'aurais même qualifié de mignon, avec son air endormi et ses cheveux en bataille. Il passa à côté de moi et chargea son équipement dans le camion. Nous nous dirigâmes vite vers l'aréna.
Je tentais en vain de me concentrer: patiner devant eux ne devrait pas être aussi pire que ce que je m'imaginais. Personne n'allait me regarder, personne ne rirait de moi et tous s'occuperaient de leurs affaires sans se soucier de ma présence. Après tout, je n'aurais qu'à rester naturelle et faire le moins de mouvements difficiles possible... Oui, c'est ça. Ça devrait suffire.
Je me tenais devant la porte de la glace, figée. L'épisode de la chambre s'était déroulé sans problèmes, car j'étais restée tête baissée, pendant tout le temps que j'y avais passé, les joues en feu et tentant de ne pas me faire remarquer. Heureusement que Maude était là, je n'étais ainsi pas la seule fille. Mais maintenant, à cet instant, tout ce que je voyais c'était la glace, reluisante, glissante et presque dangereuse avec cette nervosité qui me serrait le ventre. C'était invraisemblable, j'avais fait ça des centaines de fois et jamais je n'avais eu peur. Je me giflai mentalement et posai un patin sur la surface gelée.
Cela devait faire une bonne quinzaine de minutes que nous étions sur la patinoire et j'essayais tant bien que mal de faire quelques figures faciles alors que Maude, Étienne et mon père venaient me parler de temps à autres quand ils voyaient que j'avais l'air un peu seule. J'analysais ce qui se déroulait autour de moi: à une extrémité de la patinoire, les gardiens de buts pratiquaient déplacements, glissades et rapidité avec le coach privé alors que de l'autre côté, Stéphane Thibault entraînait durement son plus vieux fils, ses cris raisonnant contre les parois vitrées. Au milieu, mon père et Étienne patinaient de bande en bande, faisant voler les flocons de neige sur les petits murs blancs constellés de taches. Maude, dans son habit de joueuse de hockey où elle ressemblait plus à un garçon qu'à une fille, se promenait, lançant sa rondelle un peu partout alors que je restais aux alentours du cercle des mises en jeu du centre, près d'Étienne et de mon père.
Perdue dans mes pensées, dans la Lune peut-être, je patinais sans but précis, donnant des coups de pieds sur les petits disques noirs qui gisaient aléatoirement lorsque je vis Samuel Thibault s'approcher de moi à pleine vitesse. Vu mon piètre temps de réaction, diminué par le fait que je portais des patins, la seule chose que je réussis à faire (mis à part crier comme une fillette), fut de ramener instinctivement mes bras sur ma poitrine, figeant sur place. Je m'attendais à un impact certain, mais à la dernière seconde, il birfuqua, m'effleurant à peine et entraînant un vent frais dans son sillage. Je me redressai soudainement, bafouillant une ribambelle d'excuses sans cohérence, mais il était déjà bien loin et n'avait même pas prononcé un seul mot. Je me sentais tellement stupide. Il n'avait même pas daigné me regarder.
~
Au Tim Hortons un peu plus tard, je m'assis en compagnie de Maude à la table des garçons. Je les écoutais parler de tout et de rien, de l'école et de leurs vêtements et je regardais Samuel Boisvert. Plutôt dire que je buvais ses mots. Je riais silencieusement à chaque connerie qu'il disait, tout en étant captivée par la façon qu'il avait de raconter ses anecdotes. Holà qu'est-ce que tu fais? Tu dois avoir l'air d'une psychopathe, arrête de le fixer comme ça! Je baissai la tête sur mon muffin et essayai par la suite de regarder Samuel comme toute personne normale. M. Jaune parla plusieurs fois, et au bout d'un moment, je me mis à l'observer lui aussi. Comment avait-il pu m'éviter aussi habilement un peu plus tôt? J'avais eu l'air d'une espèce de conne à crier comme ça... Avait-il entendu mes excuses? Avait-il fait exprès, et rit de ma réaction ensuite? Je me sentais tellement mal... Il ne m'avait toujours pas accordé un seul regard.
Je détournai les yeux lorsqu'Étienne commença à me parler de son excitation à l'idée de montrer à ses amis ce qu'il avait appris et le reste de la matinée se passa sans encombres.
VOUS LISEZ
Les Yeux Du Coeur
Teen FictionRoxanne a 12 ans lorsqu'elle voit Samuel pour la première fois. Ils ne se parlent presque pas, mais se voient presque tout les samedis grâce à leur pères. Elle ne peut s'empêcher de le regarder. Elle se contente simplement de l'observer. Jusqu'au jo...