Chapitre X

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Dean avait fini par s'endormir brusquement, épuisé par l'acte, épuisé par sa blessure. Novak s'était écarté doucement pour éviter de le réveiller.

Il prit l'eau apportée par Puiu dans la nuit et s'accroupit pour lui nettoyer le bas-ventre et le rhabiller.

Il en fit de même pour lui, puis se leva et resta là, à le regarder longuement, calquant sa respiration à la sienne avec cette impression étrange que cet homme lui était destiné et qu'il se devait de le protéger.

Qu'il se devrait aussi de le perdre.

« Tu resteras un merveilleux souvenir », en souriant tristement tout en quittant la hutte.

Takia l'attendait à l'extérieur et à son regard perplexe, il comprit qu'il savait ce qui s'était tramé. Il ne dit rien mais Novak perçut que même si il ne le jugeait pas il ne l'approuvait pas pour autant.


Une main saisit la sienne et le surprit, la petite fille de la veille le regardait à nouveau avec ce regard d'innocence, il lui sourit en nouant ses doigts aux siens.

« Pinkâ », fit-elle en se pointant de l'index.

« Hello Pinkâ...Moi, c'est Castiel », lui répondit-il en se pointant de la main libre.

« Casaiel », l'interrompit Takia, en lui indiquant de son arc la Maloca.


Il le vit hésiter et dans l'explication que lui donna l'indien il entendit Piay Nawe, dans ses gestes, il comprit qu'ils avaient tous bus des potions et allumés des feux pour chasser les esprits mauvais.

Novak savait que tout cela ne suffirait pas, un seul contact pouvait contaminer toute une population et la décimer en quelques jours mais ils étaient déjà là depuis trop longtemps. Le mal était fait et il pria pour que leur chamane puisse les protéger et qu'il ne soit pas la cause d'un nouveau génocide.

Après tout cette forêt était une pharmacopée dont ils usaient depuis des millénaires.

Peut-être dans ses entrailles, gardait-t-elle précieusement le secret qui les rendrait invisible aux yeux des blancs et de leurs maladies.

Peut-être qu'aucun hélicoptère ou qu'aucun avion ne filmera leur Maloca à ciel ouvert.

Parce que même si leur premier contact avec les kuben les avait rendus méfiant, il ne les avait pas rendus assez pour qu'ils laissent mourir deux d'entre eux, même si d'après ce que Novak avait pu comprendre, tout comme Irakatao, Piay Nawe avait eu une vision.

Au fond, tout cela, toute cette expédition, n'était-ce pas là l'ultime épreuve ?

Dean n'avait-il pas raison ? Il lui faudrait choisir son camp et ce village perdu comme des centaines d'autres dans cette immensité avait le droit d'exister sans que l'homme blanc ne finisse par lui imposer des dictats même sous des dehors humanitaires ou humanistes.

Tout en s'avançant vers la Maloca, Pinkâ toujours accroché à lui, collée à sa jambe etTakia lui parlant en accompagnant ses mots de gestes, tout s'imposa à lui comme une évidence.

Il ferait en sorte à l'avenir que ses tribus isolées le restent. Peu importe les traditions orales, peu importe la richesse de leur culture, elles devaient restées la leur.

Ce village était déjà perverti sans même s'en rendre compte et ce même si après leur départ, Novak savait que Takia ferait en sorte de faire passer leurs venues pour l'apparition de la vision pour qu'ils ignorent qu'ils furent réalités, pour que les enfants fascinés ne cherchent pas à renouer le contact avec ses Dieux blancs qui finiraient par les mener à leur perte.

L'œil du pumaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant