Émotions de vie

Sommeil

La fatigue s'insinue en moi.

Je suis au sol et elle infiltre mon corps. Mes jambes sont lourdes. Comme mes bras maintenant.

Je suis épuisée. Tellement, que respirer devient dur.

Je suis aux portes de la fatigue.

Je vais bientôt basculer dans l'autre monde.

Celui où l'on peut tout.

Morphée me porte dans ses bras et m'enlace de son parfum.

Ma vue se réduit sous le poids de la fatigue. Je regarde dans le flou, fixant un point invisible.

Je me sens partir...

La fatigue fragilise les battements de mon cœur, qui se font plus réguliers, imperceptibles des alentours.

Ma respiration se calme.
La fatigue m'a apaisée.

Je me sens bien.

Pas euphorique, juste bien.

En paix.

La fatigue se voit sur mon visage, je suis pâle, sereine.

Le monde autour de moi n'est que murmure. L'agitation des autres me parvient au ralenti.

Ma chambre se colore de tâches noires, me laissant seulement un petit angle lumineux.

Je suis épuisée.

Se battre contre la fatigue pour rester debout est crevant.

J'essaie de me redresser pour ne pas sombrer mais je n'y parviens pas. Des douleurs atroces irradient mes membres.

Je reste alors couchée.

C'est de plus en plus dur de résister.

Morphée et son pays m'appellent à les rejoindre.

J'en ai envie.

Un peu.

Mais je veux aussi accomplir de grandes choses. Sauf qu'en dormant c'est compliqué.

Mon débat intérieur commence.

Si je lutte, je ne suis pas sûre de réussir. Mais si je réussis, je serais fière de moi.

C'est beaucoup plus simple d'aller voir Morphée. Je suis épuisée, la voir me fera du bien.

Je me sens de plus en plus calme.

Ma vision se rétrécit encore.

Je me sens partir...

Morphée entame une marche vers l'angle de lumière de ma vision. Elle me tient dans ses bras.

Je me sens bien, apaisée.

Mes membres ne me font plus mal.

Petit à petit, les murmures s'éloignent jusqu'à disparaître.

Morphée se retourne, pour me faire voir de là où on vient.

Et je vois mon mari.

Son expression est si lointaine que je ne parviens pas à la distinguer. Il me semble qu'il est heureux.

Je ne me débat plus contre la fatigue et laisse Morphée continuer sa marche.

Mes paupières deviennent très lourdes, elles se ferment.

Mon corps est au sol.

Je vois mon corps.

Je ne suis plus dans mon corps.

C'est alors que je m'envole aux côtés de Morphée, pour aller dans son pays des rêves.

Je suis fatiguée.