Because... it's you ! T.1 [EN CORRECTION]

Chapitre trois

J'avais passé la suite de ma journée de cours à penser tantôt à Zack et la blonde, tantôt aux mystérieux messages de Baptiste le motard ténébreux. Je n'avais quasiment pas pris de notes et Thibault n'avait cessé de me dire de me concentrer car les partiels arrivaient bientôt. J'avais pris le bus pour aller au travail, je finis les cours à seize heures. J'y étais arrivée juste avant qu'une averse ne se déverse à l'extérieur. Ma patronne, Evelyne, est une bonne femme avec la cinquantaine bien tassée. Elle est toujours d'une humeur de chien et se plaint constamment de son mari qui la trompe à droite et à gauche. Elle est, comme beaucoup d'autres femmes, folle amoureuse de son mari et n'a pas le courage de le quitter. J'ai eu quelques occasions de le rencontrer et je ne lui ai rien trouvé d'exceptionnel à lui non plus, il est grand, mince et banquier avec le crâne chauve, il ne se distingue pas des autres cinquantenaires de la ville. En même temps, quand on voit le physique qu'elle a, on ne peut que se dire qu'il a toutes les raisons possibles et imaginables de partir voir ailleurs. Elle est assez petite, des cheveux filasses et une odeur indéfinissable la suit partout où elle va. Elle parle comme un camionneur et porte des pantalons de jogging avec des pulls en laine. Ce n'est pas très glamour tout ça, d'autant plus qu'elle met des bottes parfois avec. Selon les dires de mes collègues, elle aurait été danseuse professionnelle avant de finir vendeuse à l'étage sport du centre commercial. Bref, je la contournais en me baissant des les rayons. Je l'entendais s'énerver toute seule dans la section PÊCHE et passais derrière le guichet où j'enfilais le par-dessus du magasin. Elle râlait encore et disait :

-Jamais à l'heure en plus, elle croit que c'est facile pour une femme de mon âge de travailler tous les jours non-stop ?

Je me relevais et disais :

-Oh Evelyne, je ne vous avais pas vue !

Elle sursauta et dit :

-Tu étais là, toi ? 

-Oui, je rangeais la caisse. 

Elle hocha la tête en me scannant de derrière ses verres de lunettes en forme ovale. Bon, je l'admets, j'avais une petite dizaine de retard. Elle dit :

-Raphaël a mis le bazar dans la section Moto, il faudrait ranger les blousons à leur place.

Je réprimais une réflexion au sujet de Raphaël, personne ne l'aimait mais tout le monde fait semblant. C'est un gars qui vit encore chez ses parents à trente ans et qui ne sait absolument rien faire de ses dix doigts, il a des cheveux noirs longs jusque sous ses omoplates, il a une barbe hirsute avec de la nourriture dedans, en plus il porte toujours des t-shirt de heavy metal et traîne une odeur tabac froid. Je passais les vingt minutes suivantes à ruminer de sombres pensées et finissais le classement hors de moi. J'étais fatiguée et énervée par tout, tout semblait se mettre en travers de ma route ces dernières quarante-huit heures et mon souhait le plus profond était de dormir une nuit complète. Ce job me permet au moins de m'offrir des choses tous les mois puisque l'appartement appartient à mes parents nous n'avons rien à payer. Je songeais à racheter une voiture quand mon téléphone vibra dans la poche arrière de mon jean, je le sortais et regardais. C'était Arnaud qui me demandait ce que je voulais manger ce soir, je souriais malgré moi et répondais que je mangerais ce qu'il y aurait. Je le remettais dans ma poche et regardais les clients dans les rayons, il va y avoir du monde ce soir.

Je sortais à vingt heures trente et rentrais directement à l'appartement en prenant le dernier bus, Elsa et Arnaud étaient dans le canapé et regardais Black Miror sur Netflix. Ils se levèrent d'un même geste et Arnaud s'exclama :

-On t'attendait pour commencer à manger.

Je regardais la télé, je déteste Black Miror. Ils se rassirent alors que je partais enfiler des habits plus légers, je revenais et m'affalais entre les deux. Ils me tendirent des nems et d'autres trucs asiatiques, je les repoussais et disais :