Chapitre 1 - Olivia

94 6 0
                                    

Chapitre 1-Olivia

Je me réveille et j'entends des voix indistincts autour de moi. Je vois quelqu'un penché sur moi, mais je ne pourrais pas dire c'est qui. Je vois blanc partout. Je vois un peu moins flou et vois un inconnu penché sur moi. Un docteur surement, je suis à l'hôpital. J'ai un mal de crâne terrible, j'ai l'impression que ma tête va exploser. J'ai aussi un gros mal de coeur. Mes bras et mes cuisses me picotent. Je ne me souviens de rien. Tout d'un coup, la personne penché sur moi quitte la chambre. Une personne vient. C'est ma mère. J'essaie de me concentrer, mais tout cela demande un très grand effort. Je m'endors.

Je me réveille, toute étourdie. Je plisse mes yeux pour mieux voir. Quelqu'un vient près de moi. Je sens une larme tomber sur moi. Ma mère pleure. Elle me prend la main. Mon père, comme si on pouvait appeler ce qu'il est un père, n'est pas là. Il ne l'a jamais été, de toute façon. Je suis remplie de reconnaissance pour ma mère, la seule qui a toujours été là pour moi, celle qui sèche mes larmes, celle qui me laisse m'échapper de ce monde d'enfer ne serais que quelques minutes. Elle me fait un gros câlin. Nous, rien qu'en nous regardant, nous nous comprenons. Nous sommes pareilles. Je suis contente d'être à l'hôpital. L'enfer que je vit à la maison, je n'en veux plus. Mon père me bat depuis que je suis petite. Il est alcoolique. Il me frappe quand je fais quelque chose de mal selon lui. Souvent, je ne sais pas pourquoi. Mais pourquoi suis-je à l'hôpital?

Je sursaute. Ma mère est là... J'étais perdue dans mes pensées. Elle me dit :

-Pourquoi tu as fait ça, mon coeur?

-Fait quoi?

-Essayer de... Mourir?

-Je n'ai pas essayé de me suicider, m'exclamai-je.

-Tes bras et tes cuisses sont remplis de cicatrices. C'est normal que tu ne t'en souvienne pas, tu as tellement consommé un médicament fort.

Les souvenirs me reviennent. Mais je ne me suis pas suicidée. Je me suis fait agresser. C'est différent. Je décide de prétendre pareil que je me suis suicidée. Ou essayé, plutôt.

-J'étais tannée, réponds-je à la question du début.

-Tu sais que si tu n'étais pas là...

Ma mère éclate en sanglots. Elle me prend dans ses bras et me serre très fort. J'essuie mes larmes, moi aussi je pleure.

-Pleure pas ma petite maman, pleure pas... Je t'aime, dis-je.

-Moi aussi ma fille. Je ne te laisserai plus jamais faire cela. Je ne veux pas te perdre.

-Moi non plus maman.

Nous évitons le sujet "papa".

En parlant du loup, le voici qui entre dans la chambre, furieux.

-MAIS PUTAIN, C'EST QUOI TU AS FOUTU MERDE!

Mon père me donne une claque. Je ferme les yeux. Même couchée dans un lit d'hôpital, il peut m'atteindre. Ma mère recule. Elle me regarde. La peur se lit dans son regard.

-JE NE T'AURAIS JAMAIS CRUE COMME CELA, TU ES FOLLE OU QUOI? ÇA NE MARCHE PAS ROND DANS TA TÊTE!

Un docteur entre pendant que mon père me crie dessus. Il dit :

-Monsieur, si vous êtes violent et que vous criez, je vais devoir vous sortir de la chambre.

Ma mère quitte la chambre, elle ne peut plus supporter mon père. Le docteur quitte aussi. Moi et mon père se retrouvent seuls. J'ai peur de ce qui arrivera... Il approche sa main de mon bras et me pince. Tellement fort que je dois me retenir de crier de douleur. Des larmes me montent aux yeux, et la douleur monte dans mon bras.

-Conne, il dit.

Je lui crie dans ma tête d'arrêter. Il me pince de plus en plus fort. Comme s'il avait entendu mes prières, il arrête et me dit:

-Tu sors demain. Ta mère travaille, c'est moi qui m'occupe de toi.

Il sors. Une bouffée de peur m'emplit, je voudrais que ce séjour à l'hôpital ne s'arrête jamais. Je renie toujours les moments où je suis seule avec mon père.

Je quitte l'hôpital aujourd'hui. C'est mon père qui est censé venir me chercher à 12h. Il est 12h30 il n'est toujours pas là. Je suis capable de me lever et marcher, bien que j'aie encore quelques étourdissements. Le docteur m'a accordé encore une semaine sans école.

Mon père arrive. Il me prends par le bras et me rentre dans la voiture. Pendant tout le trajet, c'est silencieux. Je regarde le paysage en reniant ce qu'il m'attend. Nous arrivons à la maison et je rentre en traînant les pieds. Je vais dans ma chambre, en bas. J'entends quelqu'un qui descend l'escalier. Mon père. Il ouvre la porte et vient s'asseoir sur mon lit. Je cours me réfugier dans mon garde-robe. Mauvaise idée. En plus, il sent l'alcool à plein nez. Il me traîne fort par le bras pour me faire asseoir sur mon lit en criant : "TU RESTES ICI ET TU BOUGES PAS!" Alors je reste là. Il me dit : "Pourquoi as-tu fais cela??"

Comme je ne réponds pas, il me donne une claque et répète. Je ne réponds toujours pas. Je ne veux juste pas lui dire, sinon il va me frapper plus fort. Finalement, il me prends par les cheveux, et tire. Je me retiens encore de crier, mais un petit cri s'échappe de ma bouche tellement ça fait mal. Je n'en peux juste plus. Soudainement, il arrête et me dit : "Tu restes là toute le reste de la journée. Si tu sors, tu vas le regretter." Alors je reste là et pleure.

J'arrête finalement de brayer et je reste là, assise ou couchée sur mon lit, morte de faim. Puis viens le soir, et ma mère rentre à la maison. Elle vient me voir et dit :

-Reste là, je t'apporte quelque chose à manger.

Je reste et elle s'en va. Elle revient quelques minutes plus tard avec un reste de poulet chaud avec du riz et des fèves. Je mange goulûment mon souper, et ma mère m'en apporte d'autre. Lorsque j'ai fini de manger, elle me prends dans ses bras et me sert très fort. Nous ne parlons pas. Puis, la porte d'entrée s'ouvre. Mon père part pour la nuit dans un bar, sûrement. Ma mère voudrait le quitter, mais il l'a menacée de lui faire du mal si elle le fait. Nous avons peur toutes les deux. Peur de lui...

Je sors de ma chambre, en bas, en apportant mes affaires pour aller me laver. Je laisse la fenêtre ouverte pour aérer un peu la salle de bain, et me déshabille. Notre fenêtre n'a pas de rideau ou store, car mon père ne veut pas. Il y en a seulement dans les chambres et le salon. Je rentre dans la douche et me lave. Je trouve quelques bleus au passages et des coupures, mais rien de bien grave, peut-être à part ma tête qui est douloureuse. Mais l'eau tiède me fait du bien.

Quand j'ai fini ma douche, je m'habille d'un pyjama trop petit car mon père ne veut pas m'en acheter un autre. Il n'y a qu'environ 3 paires de pantalons et 5 chandails qui sont à ma grandeur, achetés par ma mère avec l'autorisation de mon père. Celui-ci ne veut pas que quelqu'un se doute que je suis maltraitée.

Je rentre dans ma chambre. Je vais fermer les rideaux, mais en les fermant, je trouve un petit papier. C'est le deuxième... L'autre, je l'ai eu avant d'être agressée. Je le déplie et lie :

"Salope... Tu es très belle, nue."

Amour interditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant