Le visage d'Arslân, éclairé par la lumière rougeoyante du soleil sur le point de se coucher, se fendit d'un petit sourire serein. L'agitation ultérieure de la ville commençait tout doucement à se faner. Les rues se vidaient, les conversations animées d'il y a quelques temps baissaient d'un ton, s'éclaircissaient en paroles. Les pépiements allègres des oiseaux se faisaient mieux entendre, les odeurs devenaient plus marquantes. Certains marchands s'activaient à remballer leurs marchandises restées invendues, d'autres tentaient de liquider le plus possible de denrées avant le coucher du soleil, en baissant leurs prix ou en interpellant avec insistance les passants. Justement, l'un d'entre eux attrapa par derrière la manche d'Arslân -qui sursauta légèrement en portant sa main au fourreau de son épée- , et hurla avec un enthousiasme tout à fait commercial :
-Jeune homme, tu voudrais pas jeter un coup d'oeil à ma marchandise ?!!- le grand sourire qui barrait déjà son visage se fit encore plus chaleureux- Allez, viens !!, poursuit-il en tirotant la manche de son interlocuteur.
-Euh ... Hein ?!, murmura Arslân en dévisageant le marchand avec des yeux ronds. Celui-ci était déjà d'un certain âge, mais la vigueur avec laquelle il tenait Arslân était surprenante. Son visage, halé par le soleil et bien marqué par les rides avait un air si drôle qu'Arslân ne put s'empêcher de sourire. Il se ressaisit aussitôt :
-Euh .. Je ne crois pas que ça va être possible ..
-Mais si, t'inquiète !! Si c'est le prix qui te préoccupe, sache qu'en fin de journée je fais des belles réductions ! C'est une aubaine qu'à ta place je ne raterais pas .. Allez quoi, juste jeter un coup d'oeil, je suis sûr que tu trouveras quelque chose qui te plaira !!- répondit le vieux en traînant déjà Arslân vers sa boutique. Celui-ci sourit de toutes ses dents, amusé par cet étrange personnage. Ils arrivèrent alors à la boutique du vieux, qui était un étrange petit étalage de bazar en tout genre : des peintures, quelques bijoux, un oud de qualité douteuse, de l'encre et des plumes, des tissus, des assiettes ... Le tout dans un délicieux désordre, qui excitait agréablement la curiosité.
-Allez, allez, ne te gène surtout pas !!- cria le vieux en tapotant l'épaule d'Arslân. Ce dernier eut un tendre sourire : tant d'obstination lui rappelait Etoile... L'expression d'Arslân n'échappa pas aux yeux perçants du marchand :
-Oh ... Tu penses à quelqu'un ..~~ -Il se tut en voyant le regard assassin d'Arslân- Hou là, il me semble avoir touché un point sensible ...Mais je vais me taire, je suis pas encore assez sénile pour laisser ma clientèle me filer bêtement entre les doigts !-poursuit-il en s'affalant sur un tabouret au fond de la boutique. Remarque : tu peux toujours essayer de lui trouver un cadeau ...
L'extravagant petit marchand se mit à innocemment siffloter en regardant le vide, sous le regard blasé d'Arslân. Le jeune homme soupira en retenant un éclat de rire. Il fronça légèrement les sourcils : l'idée du marchand n'était cependant pas mauvaise ... Il rougit en se mordant la lèvre inférieure . Reste à trouver quoi lui offrir dans ce bazar ... On n'avait que l'embarras du choix, à première vue, mais qu'est ce qui pourrait plaire à Etoile, dans cet amas de pacotille ? Entre l'oud qui traînait près d'une statuette de Mithra, et le tapis poussiéreux enroulé au fond de la boutique, il ne voyait vraiment pas quoi lui offrir. Il contempla la pièce pendant un long moment silencieux. Le silence n'était interrompu que par le souffle crachotant du vieux marchand, qui était entrain de fumer son narguilé. Arslân aperçut alors, enfoui sous une multitude de bobines de laine blanche, un éclat -ou une ombre, il ne savait pas le dire- azuré. Il écarta alors les bobines, pour trouver une étrange baguette dorée, sertie de lapis-lazuli à l'extrémité droite, qui elle même formait une gracieuse boucle. C'est joli ... pensa Arslân en la parcourant du doigt. Mais ça sert à quoi ?!
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Une seconde à tes côtés vaut la Lune et le Soleil, Etoile .
FanficArslân regarda Etoile droit dans les yeux, et les paroles qui suivirent valaient plus que toute autre déclaration .