Partie VI

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La main chaude d'Arslân, chaude et douce, tenait fermement celle d'une Etoile troublée, qui ne sut comment réagir. Le temps semblait s'être malheureusement arrêté pour elle, tant les événements se bousculaient à ce moment là : ce qu'Arslân avait dit aux enfants, ces orphelins qui la fixaient avec, pour certains, un petit air de méfiance enfantine, pour d'autres juste cet air indifférent et intéressé à la fois, qu'on ne voit souvent qu'aux enfants. Et puis ... cette main qui s'était soudainement agrippée à la sienne, la tenant aussi fermement que tendrement. Etoile jeta un coup d'œil plein d'émotion à un Arslân couché innocemment sur l'herbe, yeux fermés, totalement inoffensif. Etoile n'eut pas le cœur à retirer sa main, même si elle s'obligeait à penser qu'elle ne le faisait que par contrainte. Après tout, il n'est qu'un païen, roi d'une si grande et si puissante nation à son âge, il est normal qu'il soit un peu trop ... galant. Je lui remettrais les points sur les i plus tard ! , se dit-elle . Mais plus elle tentait de se convaincre qu'elle ne ressentait rien au toucher de cette main, plus elle comprenait qu'il en était tout autre. Etoile tenta de fermer les yeux un instant, d'inspirer un bon coup pour tenter de se calmer, d'expir... quand une petite fille aux cheveux noirs lui saisit et tira la manche :

-Lusitanienne .... Vous allez bien ?

-Hein ...? Ou..oui. 

Etoile eut la bonne idée de se concentrer sur les questions des enfants, pour pouvoir oublier ce qui venait de se passer :

-Ehm ... Alors, les enfants ! Posez moi ce que vous voulez comme question, j'y répondrais volontiers !, tenta-t-elle avec un sourire maladroit.

Un enfant des plus âgés, qui paraissait avoir 10 ou 11 ans approcha alors d'Etoile. Son expression, la plus sérieuse parmi les enfants, était triste et fermée. Il tenait au bras droit une épée en bois, comme quelques autres enfants de son âge.

-Alors, dans ce cas, es-tu vraiment chevalier ?

Myriam tourna vers son jeune protégé un regard inquiet, car elle pensait savoir ce qui s'ensuivrait.

-Oui, dit Etoile avec fierté, et comme pour accentuer ses dires, elle montra son épée. 

-Es-tu forte ?, dit-il en la toisant d'un regard froid et méfiant.

-Euh ... Je le suppose, oui.

Le garçon sourit fugacement, mais se renfrogna tout de suite et dit : 

-Je vois. Prouve le moi donc !Je te provoque en duel, lui dit-il en lui lançant l'épée en bois qu'il tenait. Quelqu'un peut-il me prêter une épée ?, dit-il cette fois à l'adresse de ses camarades.

Myriam se redressa subitement et gronda :

-Arshad ! Non ! 

Le nommé Arshad changea totalement d'expression, et adressa un magnifique sourire à Myriam:

-Tout ira bien, dame Myriam ... Après tout, ce ne sont que des épées en bois ! Se battre avec un chevalier , lusitanien et femme de surcroît, n'est pas une opportunité qu'on rencontre tous les jours. Et puis ...-le jeune garçon troqua son angélique expression du moment pour un effrayant sourire sadique- N'est ce pas une petite vengeance innocente que nous remporterons sur Lusitania, si je gagne ce duel ? Combien d'entre nous sont ici à cause de ton pays ? Nous avions tout perdu. Certains d'entre nous ont même vu leurs frères et sœurs mourir de faim !, dit il cette fois à l'attention d'Etoile avec une moue de dégoût profond.

-Arshad, n'as-tu pas entendu le discours de Sa Majesté ? Toi, l'enfant le plus intelligent et le plus doué pour les arts martiaux de cet orphelinat, ne peut comprendre ces paroles ?, clama Myriam, déjà habituée au fond au caractère frondeur d'Arshad.

Une seconde à tes côtés vaut la Lune et le Soleil, Etoile .Où les histoires vivent. Découvrez maintenant