fleur.

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"Qui sourit n'est pas toujours heureux.

Il y a des larmes dans le cœur qui n'atteignent pas les yeux."

— Jane Austen

   Fleur, c'est comme une princesse. Je n'ai pas le manque de modestie de dire que mon coeur est un château, mais si c'était le cas, alors elle y régnerait complètement. Une princesse ne règne pas, me direz-vous. Mais, je n'ai pas envie de la nommer "reine". Pas qu'elle ne mérite pas ce titre, au contraire, elle mérite tout ce que je peux lui offrir. C'est simplement que le mot "reine" me donne l'impression qu'il est question d'une adulte. Et je ne veux pas nommer ma Fleur ainsi. C'est une enfant, et c'est ce que j'apprécie tant dans sa personnalité.

   Fleur, c'est ma vérité. Elle est tout ce que je refuse d'admettre, tout ce que je voudrais être mais que je refoule par peur du jugement. Elle est capable de parler très sérieusement, même si cela fait peu illusion parfois. Elle est capable de s'énerver, et c'est l'une des plus belles personnifications de la colère que vous rencontrerez jamais. Mais ce que je préfère chez elle, c'est sa capacité à faire preuve de sa folie. Cela ne la dérange en rien de traverser la route en ne marchant que sur les lignes blanches, de monter les marches d'escalier deux par deux, simplement parce que sa petite taille la fait traîner derrière ses amis sans cela. Elle est capable de danser seule au milieu d'une esplanade, de faire l'avion de temps à autre sans raison valable, de chantonner une chanson dont elle ne connaît aucune parole. Elle est capable de faire tout cela, sans se soucier le moins du monde de ce que peuvent penser les personnes qui la regardent.

    Fleur, c'est un océan. Car Fleur, je sais qu'elle est triste, en réalité. Elle se cache derrière cette image d'enfant folle et pétillante. Je ne dis pas que ce n'est pas ce qu'elle est ; au contraire, mon bonheur n'en est que plus grand de la savoir si naturelle. Mais, je la connais. Et je l'observe bien assez pour savoir qu'il y a des parts d'ombre en elle, des choses qu'elle cache des yeux de tous. C'est un océan, parce qu'elle est belle comme les plages d'été au crépuscule. Mais je sais aussi que cet océan a tendance à se déverser dans ses yeux, qui deviennent tristes. Et ça, je le vois bien, même si je vois aussi qu'elle ne pleure jamais. Pas qu'elle ne pleure pas devant moi, je pense qu'elle ne pleure pas non plus quand elle est seule. Fleur ne pleure pas, parce qu'elle sait que si elle pleure, alors des gens comme moi se noieront dans ses larmes.

    Fleur, c'est ma bouée de sauvetage. Dans l'océan qu'est sa personnalité, je me plais beaucoup à me laisser flotter. Et elle est toujours là pour me porter secours. Je la sais bien plus triste que moi, pourtant, lorsque je me sens défaillir, sa simple existence me retient parmi ces personnes que l'on peut dire heureuses. Parce que oui, je suis quelqu'un d'heureux en sa présence. Le fait de savoir qu'elle est là, n'importe où mais bien en vie, pour me motiver à vivre moi aussi, me redonne la force de rester en éveil. Cependant, mes sommeils sont beaux, eux aussi, lorsque dans mes rêves apparaît son visage.

    Fleur, si ce n'était pas déjà la plus belle plante que j'ai eu l'occasion de côtoyer, ce serait une étoile. Parmi toutes les personnes présentes en cette planète, elle est celle qui retient mon regard, comme si elle était l'étoile la plus brillante de la constellation que forme notre monde. Elle brille, même dans l'obscurité ; surtout dans l'obscurité. Elle brille, dans l'immensité de l'Univers. Et moi, je ne fais que tourner autour d'elle, satellite.

    Fleur, elle porte bien son nom. Elle sent la violette, elle a des yeux pervenche et des lèvres roses. Ses cheveux volent toujours autour d'elle avec poésie comme des pétales. Parfois, il n'y a pas de vent, et je la surprends à les faire se mouvoir par elle-même. Et alors, quand elle voit que je l'ai remarquée, elle m'adresse un de ces sourires éclatants à la couleur de lys, dont elle a le secret.

    Fleur, c'est elle. Et Fleur, c'est aussi un peu moi.