fleur.

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   Si seulement Fleur savait à quel point elle m'attriste. Elle est si proche, et pourtant si inaccessible. J'aurais voulu qu'elle me parle. J'aurais voulu qu'on se connaisse. J'aurais voulu pouvoir la regarder sans constamment ressentir cette amertume. J'aurais voulu qu'elle cherche à être amie avec moi, ou plus proche peut-être, je ne sais pas et peu m'importe J'aurais voulu qu'elle m'adresse des clins d'œil, pourquoi pas. J'aurais voulu qu'elle essaie de me plaire. J'aurais voulu qu'on se parle encore, au moins. J'aurais voulu être cette personne qui la fait sourire. J'aurais voulu qu'elle rie à mon souvenir. J'aurais voulu qu'elle soit troublée en me voyant entrer dans une pièce. J'aurais voulu être la cause de la rougeur qui lui monte parfois aux joues. J'aurais voulu qu'elle m'aime.

    J'aurais voulu qu'elle soit ma Fleur.

    J'aurais souhaité qu'elle ne soit pas aussi parfaite. J'aurais souhaité ne pas ressentir le besoin de la regarder constamment. J'aurais souhaité éviter son regard pervenche. J'aurais souhaité être capable d'éviter son regard pervenche. J'aurais souhaité qu'elle ne sente pas si bon, et j'aurais souhaité pouvoir m'empêcher de la humer, lorsqu'elle passe devant moi et que sa senteur me parvient. J'aurais souhaité qu'elle n'éclaire pas toute une pièce, comme la lumière qui s'allume dans mes yeux, quand elle y entre. J'aurais souhaité ne jamais l'avoir rencontrée. J'aurais souhaité qu'elle m'aime, autant que moi je l'aime, parce que mon amour me brûle à petit feu, comme la flamme que je lui conserve secrètement dans ma cage thoracique, et que je lui déclarerai peut-être un jour.

    Fleur, aime-moi. Fleur, s'il-te-plaît. Fleur, j'aurais voulu être en mesure de te cueillir.

    En fait, tu sais, Fleur, j'crois que j'm'en fous de toi. Au final, je t'ai jamais aimée. J'ai dû me mentir jusqu'à présent, parce que j'peux pas t'avoir aimée. C'est pas ce que tu crois. Tu te trompes, car j'ai jamais voulu t'avoir auprès de moi. Tout ça, c'était pour rire. Ce n'est pas comme si tu apparaissais dans chacune de mes pensées, dans chacun de mes rêves. Ce n'est pas comme si je ressentais toujours le besoin de te parler. Je m'en fiche, de tout ça. Je n'attends pas de toi que tu me regardes dans les yeux, avec des iris azurés, pour me dire que tu m'aimes. Je n'attends rien. Je ne veux rien de ta part. Je veux juste que tu sortes enfin de ma vie. Que je t'oublie. Que je renonce.

    Fleur, parle-moi. Je ne sais pas ce que je veux, et je sais pas ce que toi tu veux non plus, mais c'est pas grave, parce que tout ça, t'en sauras jamais rien. Jamais tu sauras ce que je pense de toi, alors je me permets de me mentir, et de te mentir à toi aussi. Car je le sais, Fleur. Tu es une aussi belle vérité que je suis un horrible mensonge. Et toi, tu ignores tout et je ne saurais dire dans quel sens du terme, si tu choisis de faire l'aveugle ou si tu l'es vraiment. Mais tout le monde s'en porte mieux ainsi. Surtout moi.

    Parce que de toute façon, même si tu l'avais su, est-ce que tu t'en serais souciée ? Est-ce que tu aurais accepté de m'aimer à ton tour ? Est-ce que tu aurais laissé un peu de place pour moi dans tes pensées juvéniles, si détachées de la réalité ? Bien sûr que non. Tu le sais aussi bien que moi.

    C'est dommage, parce que t'es parfaite. Enfin, presque. T'as qu'un seul défaut à mes yeux. Un défaut que personne ne voit, un défaut qui ne dérange personne. Pourtant, c'est un grand défaut, de mon point de vue.

    C'est triste. Mes yeux embués en témoignent, seule dans mon lit. je regarde le plafond, je fais semblant que les larmes restent au fond de moi, qu'elles ne dévalent pas mes joues. Je fais semblant que cela ne m'atteint pas, je fais semblant que je suis intouchable. Je fais semblant que j'ai une chance avec toi. Je fais semblant que tu n'es pas une fille. Et je fais semblant que je n'en suis pas une non plus.

    C'est triste.

    Fleur, aime-moi. Fleur, s'il-te-plaît. Fleur, j'aurais voulu être un garçon, parce que peut-être que tu m'aurais vue, ainsi.

Fleur.