Prends-moi la main *Édité*

Chapitre 4

Mes bonnes résolutions de la veille ont disparu aussi vite que le soleil a fait son apparition ce matin. Je suis un homme faible et je l'avoue, c'est déjà bien non ? Franchement je ne sais pas ce qu'a cette nana là de plus que les autres, mais j'ai envie de la connaître, et ce sentiment s'intensifie chaque jour un peu plus ! Alors me revoilà à espérer la voir ce midi.

Ridicule ? Oui j'en suis conscient, mais hier ma sœur m'a dit une phrase qui n'a pas voulu se barrer de mon cerveau. Ne laisse pas passer une opportunité qui pourrait, qui sait, bouleverser ta vie. Elle adore se la jouer mélodrame. Sérieux ? Bouleverser ma vie ? Carrément ? Mais d'un autre côté ce qui me fait flipper, c'est qu'elle a rarement tort, cette bourrique. 

En me remémorant ma dernière relation, je grimace. J'ai bien cru voir mon ego se sauver avec tout autant de puissance que la main de Molly dans le visage de mon ex. On était sorti tous les deux pour mon anniversaire il y a maintenant dix mois. Lorsque nous sommes entrés dans le petit pub, je me suis retrouvé nez à nez avec le cul de mon ex tripoté par des mains d'hommes qui n'étaient du coup pas les miennes. Et sans oublier sa langue dans la bouche de ce play-boy. Quel merveilleux cadeau d'anniversaire ! J'étais tellement choqué de voir ma copine, qui soi-disant en passant devait se trouver chez sa mère, me tromper sans aucune honte, que je n'ai pas vu Molly partir à toute allure, la retourner et lui coller une baffe mémorable. Rectification, c'était ce moment-là, le plus merveilleux des cadeaux. Avec en prime la gueule honteuse de cette garce d'Emmy ! Cela dit, je n'ai plus jamais entendu parler d'elle, et c'est tant mieux. J'ai perdu quatre mois de ma vie dans une relation adultère. Depuis je n'ai plus eu personne, et au lieu de tomber dans la mélancolie, je me suis réconforté en contemplant cette inconnue. Ce n'était sûrement pas la meilleure idée qui puisse exister, car finalement, aujourd'hui je suis tourmenté par cette silhouette, qui me hante jour et nuit. Et cela sans même lui avoir adressé la parole une seule fois ! Qu'est-ce que ça sera si un jour je lui adresse la parole ? Je n'ose l'imaginer, Molly voudra sûrement me faire interner. À cette seule pensée, je ris tout seul comme un barjo tout en fermant la porte de mon chez-moi. Je descends les escaliers qui mènent au hall, puis je rejoins mon taxi qui m'attend en bas.

Je ne suis pas un de ces mecs romantiques ou le petit ami parfait, mais j'aime l'amour. Les choses sérieuses et réelles, j'aime aussi les plans cul, ça évite pas mal d'ennui, mais le sexe ne fait pas tout, et celui qui prêtant le contraire est, soit un menteur fini, soit il est dans le déni complet. C'est vrai, qu'est-ce qu'une vie sans amour ? C'est comme une ville sans ses habitants. Tout le monde a le droit de vivre le grand amour, même ceux qui se disent maudits. Nous avons tous le choix, mes parents biologiques avaient le choix, et ils ont choisi de m'abandonner à la naissance. Mes parents adoptifs avaient le choix, et ils ont choisi d'adopter un petit garçon de quatre ans, solitaire et pas très communicatif, alors qu'à la base, ils voulaient un nourrisson. J'ai eu le choix, me laisser aller ou me battre pour un avenir meilleur, et j'ai choisi de combattre toutes les merdes qui me sont tombées dessus.

Ce midi, les bouchons sont pires que d'habitude. Je sors mon portable de ma poche et consulte l'heure. Il est déjà midi cinq. Est-elle là ? Je serai fixé dans une poignée de minutes, mais j'essaye de ne pas trop espérer au risque d'être déçu encore une fois. Le taxi avance pratiquement plus à cause des embouteillages, je manque légèrement de patience et dit au chauffeur que je descends là, je ne suis qu'à quelques pas du restaurant. Une fois sur le trottoir, je marche lentement, respirant longuement pour me donner un peu plus de courage. Je vais devoir affronter Bob en lui cachant ce que Molly a en tête. Hier, je lui ai envoyé un texto pour lui dire de ne pas s'inquiéter pour son problème, ce qui bien sûr, n'a pas fonctionné. Il s'est empressé de m'appeler, mais j'ai tenu bon et je ne lui ai pas répondu, alors ce midi, je m'attends à un bombardement de questions.