Chapitre 3

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L'excitation bat dans mes veines, je suis sur le côté du Rapidos, là où elle ne peut m'apercevoir. Il est midi moins dix, et j'attends avec impatience son arrivée. Je suis comme un gosse qui attend que le père Noël passe enfin. Ce matin, je voulais profiter de ma matinée pour dormir, mais c'était sans compter sur mon corps et mon esprit tourmenté par ce fameux moment de vérité. Je me suis donc réveillé aux aurores, j'ai tourné en rond dans ma chambre pendant une durée qui pour moi était insupportable, puis quand enfin l'heure est arrivée, je me suis précipité ici.

Mais maintenant que je suis sur place, le trac vient me tenir compagnie. Sérieux Loan tu passe vraiment pour un taré. Pour un désespéré même. Mais c'est le seul moyen que j'ai pour enfin connaître la vérité. M'a-t-elle oui ou non remarqué ? Si la réponse est oui, je passerais vraiment pour un con, moi qui croyais être discret, à moins qu'elle aussi me regarde en pensant que je ne le remarque pas. Ce qui est vrai pour le coup, étant donné que je me planque pour le savoir. Je me rends alors compte que c'est carrément tordu et puéril ce comportement, j'aurais dû écouter mes amis et aller lui parler. Mais au risque de la faire fuir ? Je dois bien me l'avouer, comment une femme aussi magnifique et outrageusement classe, qui doit aussi être sûrement bien plus haute que moi dans la classe sociale, s'intéresserait à moi ? Des préjugés, me dirait ma sœur. Déjà petit, je faisais parler les gens, de la pitié j'en ai vu en masse, mais surtout des préjugés non fondés.

Le pauvre petit il n'a déjà pas de chance dans la vie.

Pauvre gamin, encore un qui va mal tourner,

Encore un gosse non désiré.

J'en ai tellement entendu, malheureusement je ne pourrais moi-même pas répondre à certaines de leurs interrogations. Mais qu'importe, j'ai tout de même eu des parents, des vrais, qui m'ont inculqué le respect, la tolérance, le courage et surtout l'amour. Enfin pour le courage on repassera, ça fait un an que j'en manque cruellement. Alors quoi ? Je suis planqué comme un psychopathe à attendre cette inconnue, et après ? Si réellement elle me cherche du regard, qu'est-ce que je suis censé faire ? Aller à sa rencontre pour lui parler ? Ou bien faire comme si je ne l'avais pas grillé et continuer ce petit jeu inutile ? Nom de dieu pourquoi est-ce que je me complique la vie, alors que cela pourrait être facile ? J'aurais juste à faire quelques pas et au moins, je serais fixé. Cependant il faudrait déjà qu'elle apparaisse, cela fait maintenant quinze minutes que je poirote. Mon téléphone vibre dans ma poche ce qui me vaut un petit sursaut de surprise.

Oui ?

Salut, p'tit frère, ça va ?

Humm...

Aie, elle ne t'a pas cherché comme le disait Bob ? Me questionne Molly.

Elle n'est toujours pas arrivée, et je commence à me dire qu'elle ne viendra pas ce midi.

Peut-être qu'elle a eu un imprévu, ça arrive. Regarde toi hier tu l'as bien loupé.

Oui peut-être. Soufflais-je.

C'est vrai, elle a sûrement eu un imprévu, ou alors elle est en retard tout simplement. Mais je ne vais pas rester caché pendant des heures. Toujours au téléphone je décide de sortir de ma cachette et d'aller m'installer en terrasse.

Ah au fait Loan, commence ma sœur. Euh, il faudrait que tu appelles Eddy.

OK pourquoi ?

Il... Je ne sais pas, il m'a dit qu'il fallait qu'il discute avec toi. Ne m'en demande pas plus.

Bizarre, on dirait que Molly en sait plus que ce qu'elle veut bien me dire, mais si elle me demande de ne pas poser de questions, alors ainsi soit-il.

Prends-moi la main *Édité*Où les histoires vivent. Découvrez maintenant