Partie 9 : La transformation de John. (1ère partie)

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(J'espère que ce chapitre vous plaira. C'est la première fois que j'écris une partie de mon histoire se passant au 19ème siècle, alors s'il vous plaît, soyez indulgents ! ;) La suite arrivera dans quelques jours, je pense. Bonne lecture !)




(Flashback)


Fin 1812.

Je ne comprenais pas comment ce jeune soldat avait pu être désigné pour garder le prisonnier. Enfin si, j'en connaissais la raison... Personne n'aimait être de garde, alors il était facile de désigner un jeune garçon fraîchement débarqué ! Énervé, je pris place sur la chaise en bois près de la pièce où se trouvait la cellule dans laquelle reposait le prisonnier.

Nous n'étions rentrés que depuis peu en France après cette campagne jusqu'en Russie voulue par l'Empereur. La route avait été pénible et éreintante, et les batailles, particulièrement meurtrières. Des milliers de mes compatriotes avaient même préféré rester cachés dans ce pays glacé plutôt que de continuer à se battre pour un homme qui l'avait décidé et d'entreprendre un chemin de retour pénible. Cette campagne prometteuse, qui avait pour objectif des négociations avec le Tsar dont les tensions avec l'Empereur Napoléon étaient arrivées à leur paroxysme, et le passage de la Bérézina* durant lequel nous nous étions défaits avec succès du piège des russes, mais en subissant d'énormes pertes et de sacrifices, avaient finalement abouti à un échec. Et nous étions enfin rentrés dans notre patrie.

Tant de morts pour rien... La vie humaine était-elle si peu importante pour que l'on en dispose si facilement et sans scrupule ? J'étais de sang noble, il était donc normal que j'intègre l'armée lorsque je fus arrivé à la fin de mes jeunes années. J'aimais ce milieu strict et militaire dans lequel l'ordre régnait, mais plus les années passaient et plus je me posais de questions sur le bien-fondé de nos missions, de nos campagnes et de la souffrance qu'elles engendraient à chaque fois...

Combien d'hommes avais-je tué ? Des centaines ? Plus encore ? Sans doute... La vie était si peu de choses en ce monde. Tout n'était que violence. Même si j'avais été protégé par ma famille jusqu'à ce que j'atteigne l'âge adulte et grâce à une de nos demeures se trouvant en province loin de Paris, de Versailles et de leurs turpitudes dont nous pouvions nous éloigner lorsque les tensions atteignaient leur degré maximal, ma vie avait connu la Prise de la Bastille, la Révolution du peuple, les émeutes, la prise de pouvoir, des changements significatifs dans mon pays et une violence sans limite... Je soupirai. Je devais me reprendre ! Je me redressai sur ma chaise inconfortable, toujours plongé dans mes pensées.

J'étais le seul fils de mes parents et j'avais deux plus jeunes sœurs que je devais rendre fières et pour lesquelles je devais être un exemple. Par notre rang social, nous avions des responsabilités. Mes sœurs avaient contracté de bons mariages arrangés, et mon père était un des conseillers les plus importants de l'Empereur, je ne devais pas l'oublier. Quant à ma mère, mon adorable et magnifique mère dont les années n'entachaient pas la beauté, elle était très appréciée et entretenait des relations importantes avec des épouses d'hommes riches et influents. Tout n'était que relations, argent et importance dans ce monde de catégories et de richesses, je le savais bien. Pourtant, j'entrevoyais les défauts de ce système qui classait le peuple dès sa naissance. Sans doute parce que dans mon métier, je le côtoyais sous toutes ses facettes, du plus pauvre au plus riche...

BAM BAM BAM

Un bruit me ramena à la réalité. Le prisonnier me rappelait sa présence dans sa cellule... J'avais ordonné au jeune soldat chargé de le surveiller, de partir. Malgré mon grade élevé, je m'étais porté volontaire pour cette garde, car ce prisonnier ramené de Russie n'était pas banal...

Le calice insoumis.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant