Chapitre 5

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Il faut que je quitte cette pièce, rapidement. Malheureusement pour moi, je ne peux partir avant la famille royale, cela aurait été trop irrespectueux. Je passe donc ma soirée à éviter mon père et Nolan, craignant une discussion que je n'aurais de toute manière pas appréciée. Minerva m'est d'une grande aide dans ce cauchemar, elle me raconte sa vie lorsqu'elle vivait encore à Karaval. Nous nous découvrons plein de point commun et j'espère faire d'elle une alliée. De temps à autre j'essaie de croiser le regard de Logan afin de lui témoigner toute ma haine mais celui-ci m'ignore superbement.

-     Tu sais, ce n'est pas en le regardant fixement toutes les dix secondes que tu arriveras à attirer son attention, j'ai déjà essayé crois moi, me dit Minerva avec un haussement de sourcils. Sir Logan a pour réputation d'être mystérieux et impénétrable. Pour l'instant aucune femme n'a réussi à l'approcher.

-     Ce n'est pas mon but...

Minerva me regarde sans comprendre.

-     Je ne veux pas me marier avec le prince ni avec aucun autre. Ma vie n'est pas ici.

-     Enfin voyons Lexiana, ce mariage promet d'être idyllique. Toutes les jeunes filles de la capitale rêve d'être à ta place. Tu vas être princesse et un jour reine, tu devrais être comblée de bonheur !

-     De bonheur, dis tu?

Je commence à élever la voix, qu'ont-ils tous à trouver ce mariage parfait!? Ne voient-ils pas combien ça me rend malheureuse?

-     Je ne veux rien à avoir à faire avec la famille royale! Côtoyer tous ces nobles sournois et vicieux pendant des années est plus que je ne peux le supporter! Personne à la cour n'est digne de confiance, vous vous sentez haut dessus de tout et de tout le monde. Et Minerva, je suis désolée de casser ton compte de fée de petite fille mais un mariage arrangée n'a rien d'idyllique! Tu verras lorsque ton père te mariera à un vieux marquis bedonnant pour se débarrasser de toi. Arrête d'être naïve...

Je comprend que je suis allée trop loin en voyant son regard blessé et ses yeux plein de larmes. J'essaie de m'avancer vers elle pour m'excuser mais elle part en courant. Cette soirée est un désastre complet. Compte de chance, la famille royale décide de se retirer, je peux donc faire de même. Après un rapide coup d'oeil visant à éviter ma famille, je pars vite me réfugier dans ma suite.

Je crie ma rage et ma haine. Avec l'énergie du désespoir je frappe dans les voluptueux coussins mais cela ne me calme pas. Je ne peux pas rester ici! Je sens que je fais une crise d'angoisse, chose qui ne m'était pas arrivée depuis la mort de ma mère. J'arrache les épingles de mon chignon laissant mes cheveux retomber en cascade dans mon dos. Ma robe ne reste pas non plus longtemps en place, elle rejoint les rubis sur la moquette soyeuse de ma suite. J'ai quelques remords en voyant la soie rouge de ma robe complètement déchirée, mais je les oublient bien vite. Me sentant prise au piège dans cet endroit infernal, je décide de sortir, même si pour cela je dois briser le couvre feu. J'enfile la robe que je portais à mon arrivée et m'échappe par mon balcon en évitant les patrouilles des gardes impériaux. J'ai toujours su me faire très discrète. Je marche un bon moment sans but précis jusqu'à ce que mes pas me porte au haras. Inconsciemment je suis allée me réfugier dans le seul endroit où je me sens libre.

Aussitôt à l'intérieur, l'odeur et la chaleur si particulière des chevaux m'enveloppent. Mon coeur se remplit d'un sentiment de nostalgie. Je m'arrête à quelques boxs prenant le temps de caresser les naseaux des chevaux. Je souris en sentant la chaleur de leur respiration sur mes doigts. Cette sensation est tellement agréable! Ces créatures m'ont toujours fascinées. Elles ont tant de force et de fougue mais cela ne les empêche pas d'obéir à leur cavalier avec une extrême douceur. La nuit étant déjà bien avancée, je m'apprête à partir quand un hennissement sonor se fait entendre au fond de l'écurie. Je m'avance prudemment avant de reconnaître un cheval qui a bercé mon enfance lorsque je vivais encore au palais. Arrow, l'étalon de mon père. Je m'approche en lui parlant doucement:

-     Et bien, petit chenapan, on est toujours là? C'est que tu n'es plus tout jeune dis donc!

Arrow renâcle, l'air vexé par ma remarque. Je lui caresse doucement l'encolure, sa robe sombre à l'époque est maintenant parsemé de petites taches grisonnantes. Quand j'étais jeune, mon père a acheté Arrow pour sa taille imposante et ses muscles saillants. C'était un étalon de compétition que peu pouvait se vanter de mériter, c'est bien pour cela que mon père n'avait pas hésité à l'acquérir. Ce fut un achat complètement irrationnel puisque mon père ne montait que très peu, cet fière monture n'avait pour but que de montrer l'immense richesse de mon père. Je me rappelle que j'adorais monter ce cheval. Je partais lui dégourdir les jambes à chaque fois que je le pouvais. Enfin... c'est plutôt lui qui me promenait et me ramenait aux écuries pour l'heure du dîner. Quand j'y repense la scène d'une petite fille qui part seule en balade sur un étalon qui fait trois fois sa taille est plutôt cocasse...et inquiétante. Je suis très heureuse que mon père ne s'en soit pas débarrasser comme il l'a fait avec sa fille. 

-     Tu lui a beaucoup manqué tu sais.

Je ne me retourne pas, connaissant déjà la personne à qui appartient cette voix. Je répond avec amertume.

-     C'est réciproque. Mais, Nolan que fais-tu ici? Ne devrais-tu pas être en train de parader au côté de père comme tu l'as si bien fait à cette ridicule soirée? Comment peux tu le soutenir!

-     Voyons Lexi, ne le prend pas comme ca...

-     Comment veux-tu que je le prenne autrement!? Notre père vient de me vendre après m'avoir exilé pendant 10 ans, Nolan! criais-je. Ne me dis surtout pas que tu le soutient!

Nolan commence à s'agacer je le sens, je ne lui laisse pas le temps d'interrompre ma vendetta contre lui:

-     Je n'arrive pas à y croire, tu préfères être de son côté plutôt que de soutenir ta soeur. Tu as peur de perdre ta belle réputation? Tu n'as pas pu tellement changé? Où est passé le garcon qui me couvrait lorsque j'avais fais une bêtise? Et, bon dieu, où étais tu passé toutes ces années?

La colère que je voyais dans les yeux de Nolan s'efface.

-     Lexi... arrête de te venger sur moi, je n'y suis pour rien et tu le sais. Quand Père veut quelque chose personne ne peut l'arrêter, pas même moi. Je voulais venir te voir, vraiment, mais je ne pouvais pas. Dès que je parlais de toi Père changeait de sujet, et quand je lui disais que je voulais te revoir il me donnait à chaque fois des travaux à faire. Puis j'ai grandi, tu n'as jamais donné signe alors j'ai pensé... je sais pas, moi, peut être que tu étais morte... Lexi, je suis vraiment désolé pour tout, tu ne sais pas combien tu m'as manqué.

Nolan se rapproche de moi et me prend dans ses bras. Je sens ses larmes mouillés mes cheveux. Je le serre fort contre moi, pendant ces dix longues années, il m'avait énormément manqué, notre complicité, nos conversations, nos bêtises, notre proximité.

-     Lexi, écoute je te promet que tout va s'arranger. Si tu ne veux vraiment pas de ce mariage je t'aiderais mais pour l'instant ne fais pas de vague, fais moi confiance. La cour est un monde de requins et tu ne peux faire confiance à personne. Tu vas devoir te fier à moi si tu veux éviter de t'attirer les foudres de tous ces nobles.

Je le regarde en soupirant.

-     Nolan, j'ai moi aussi grandi tu n'as plus besoin de me surprotéger je peux très bien me défendre toute seule...

-     Je n'ai jamais dit le contraire, chère soeur, me dit-il en riant, mais je le fais tellement mieux que toi!

Je le repousse en essayant de le frapper, m'offusquant de sa remarque. Quelle prétention!

-     Je dois y aller, Lexi mais on se voit demain? De toute facon, c'est pas comme si tu pouvais t'enfuir...

-     Merci Nolan, ton soutien me touche vraiment...

A peine ais-je fini ma remarque qu'il est déjà parti en souriant, fier de lui. Nolan m'avait vraiment manqué. 

Crowned LiarsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant