Chapitre 2

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Ce sont les rayons du soleil qui me tirent de mon sommeil. Après une nuit agitée où tout n'était que inconfort, je m'aperçois avec enchantement que la capitale n'est plus qu'à quelques kilomètres. Mon excitation prenant le pas sur mon angoisse, je regarde avec émerveillement les magnifiques bâtisses qui se dressent peu à peu sur notre chemin. Les villageois s'arrêtent, reconnaissant les couleurs de notre famille, et essaient d'entrevoir qui se cache dans le carrosse. Une princesse? Une duchesse venue d'ailleurs? Peut être est ce même la future épouse de Nolan, mon jumeau? Ils ne s'attendent sûrement pas à ce que cette personne soit la fille disparue du diplomate le plus reconnu de la capitale. La route se fait alors lisse et je commence à apercevoir les tourelles du château. Nous passons devant la cathédrale Cardia où ma mère avait l'habitude de m'emmener petite. Elle est telle que dans mes souvenirs : imposante, majestueuse et ses vitraux reflètent si bien la lumière du soleil que l'on pourrait croire que ce sont des pierres précieuses. Cette vue, bien que nostalgique, me redonne du courage. Courage que je perds instantanément lorsque j'entend les trompettes du palais résonner et vois la grille impériale se lever. Je pensais que mon arrivée se ferait discrètement et que l'on me ferait passer par la petite porte de derrière, si tant est qu'il y en est une au palais, hélas, on sort le grand jeu pour mon retour. Le temps d'un soupire et on m'ouvre déjà la porte, devant moi un tapis rouge est déroulé. La lumière du soleil m'éblouit, si bien que je ne vois que la main tendue devant moi prête à m'aider à descendre. Dans un état second j'entend qu'on annonce mon arrivée en belle et dû forme:

-     Future princesse et reine du royaume de Kaselva, lady Lexiana de Clairemont

Mon coeur cesse de battre. Je reconnais bien mon nom mais pourquoi donc m'affubler d'un tel titre, moi qui ne suit qu'une simple duchesse. Je refuse de comprendre, mon cerveau cesse de fonctionner et je peine à croire que ma pire crainte, mon pire cauchemar ne soit devenu réalité. Ma main serre tellement fort celle qui me conduit à mon funeste destin que j'entend:

-     Ma lady... vous me faites mal...

Incapable de lui répondre je lui lance un regard paniqué avant de chercher des yeux le coupable de cette vaste mascarade. Mon père. Ce ne peut être que lui. Ce tyran malfaisant, autoritaire et sournois avait osé me marier sans mon accord! Au prince héritier du royaume, qui plus est! Le choc de la nouvelle s'estompe laissant place à une rage pure, froide et incontrôlable. Je repère mon géniteur au pied d'un immense escalier devant l'entrée du château. Sans plus y réfléchir et abandonnant les quelques bonnes manières apprises enfant, je me dirige droit vers l'homme responsable de mon malheur qui a l'hypocrisie de me sourire tel un père à qui sa fille a manqué.

-     Comment as-tu osé? Tu m'exiles pendant 10 ans avant de me sonner tel un chien pour que j'accoure et me marie à Dieu ne sait qui? Père je ne peux l'accepter et je refuse catégoriquement ce mariage arrangé sans mon consentement! Criais-je

À mes injonctions furieuses, mon père cesse de sourire et retrouve cet air froid qu'il arbore dans la majorité de mes souvenirs. Une fois près de lui il se redresse, me domine de toute sa hauteur. Ses yeux lancent des éclairs lorsqu'il me répond:

-     Arrête cela tout de suite, Lexiana. Tu n'es plus dans ta campagne, ici tu me dois respect et obéissance nous sommes à la cour et je suis ton père. Je te prierais donc de cesser ton caprice et de te comporter comme une femme digne d'être une princesse. Tu ne fais qu'humilier ta famille en réagissant de la sorte, siffle-t-il entre ses dents tel un serpent prêt à vous mordre

-     Vous avez cessé d'être mon père le jour où vous m'avez exilé et empêché de revenir lorsque Mère est décédée. Je me moque que l'on soit à la cour et si j'humilie notre famille, grand bien lui fasse! Ce serait faire erreur de croire à ma dévotion envers notre simulacre de famille, je lui rétorque sur le même ton.

Prenant enfin conscience du monde qui m'entoure je me calme, peu désireuse que la haute société se fasse une mauvaise opinion de moi. Mon père retrouve alors son sourire et me prend dans ses bras avec un semblant de chaleur.

-     Majesté, permettez moi de vous présenter ma fille, Lexiana de Clairemont. Pardonnez lui son effroyable conduite, elle a fait un long voyage et avec le temps qu'elle a passé auprès du bas peuple, il a fort à parier qu'elle ai oublié les usages de rigueur à la cour, dit mon père en s'inclinant et me forçant à faire de même.

Résistant à la tentation de me rebeller je contient mes pulsions vengeresses en promettant silencieusement à mon père qu'il ne paie rien pour attendre. Ma fureur n'aura d'égal que sa cruauté.

-     Il n'est pas la peine d'autant la lyncher, cher duc, bien que cette jeune lady a certes plus de fougue que je ne l'aurais cru. Relevez vous je vous prie, laissez moi admirer le visage de ma fiancée, lance une voix chaude et amicale.

Levant la tête j'aperçois le propriétaire de cette mystérieuse voix, alias le prince de ce royaume. Il se tient droit à côté de deux personnes que je suppose être le roi et la reine. De son port altier à son aura lumineuse, le prince héritier a tout du physique de la royauté. Il a hérité en grande partie des traits de son père, des cheveux ondulés blond blé coiffés à la perfection révélant des yeux d'un bleu outremer. Sa peau blanche typique du nord de Kaselva tranche avec ses habits rouge pourpre, couleur de la famille royale. Je suis obligé de reconnaître que ce garçon est très attirant. Il est cependant tout à fait exclu que je l'épouse.

-     Lady Lexiana de Clairemont, je suis enchantée de faire votre connaissance. Votre portrait ne vous rend pas honneur, vous êtes plus sublime encore que je n'aurais pu le rêver, me salue le prince héritier avec douceur.

Le son de sa voix coupe court à mes divagations, je me rend compte que le prince, et la foule entière rassemblée pour l'événement, attend une réponse à ses vaines flatteries:

-     Majesté, c'est un honneur pour moi d'être reçue en ces lieux, et je remercie humblement la famille royale de m'accorder le privilège de siéger à leur côté, je répond platoniquement. Sans émotion et d'une politesse formelle afin qu'il ne perçoit pas l'admiration que je peux ressentir face à son physique et son élégance. Toutefois, comme mon père l'a dit plus tôt la route a été longue et je tombe d'épuisement. Me permettez- vous de me retirer pour que je me repose un peu?

Cette fois, le roi me répond en personne:

-     Je vous en prie, jeune enfant, faites, nous n'allons pas vous retenir plus longtemps. Nous tenons un banquet ce soir pour fêter vos fiançailles avec mon fils, ne soyez pas en retard.

Serrant les poing à m'en faire mal, je m'incline en remerciant la bonté de sa Majesté, avant de suivre une domestique qui me montre le chemin de ma chambre. 

Crowned LiarsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant