Chapitre 37 - Sœur

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J'habitais dans la ville d'Annecy en France quand j'étais enfant. Je vivais dans un appartement au second étage d'un immeuble de banlieue avec ma mère, Marie, et ma petite sœur, Leila. En fait, je l'appelle petite sœur, mais nous étions jumeaux, j'étais juste né une poignée de secondes avant elle, alors je l'ai toujours considéré comme ma petite sœur. Elle avait les cheveux noirs comme une nuit sans étoiles et je suis né avec les cheveux aussi blancs que la neige. Nous étions terriblement différents mais très fusionnels et nous l'avons toujours été contrairement à tous les frères et sœurs de notre âge. Ils nous arrivaient aussi parfois de nous chamailler, mais les disputes ne duraient jamais bien longtemps. A notre anniversaire, le Vendredi 29 septembre, nous fêtions ensemble nos 15 ans. Comme chaque année, on avait invité beaucoup de nos amis. Mais un incident est survenu ce jour là... Ma sœur et moi sommes face à notre gâteau d'anniversaire. Notre mère prend des photos sur le côté et nos amis sont alignés en face de nous. Avec Leila, nous nous étions embrouillés avant, une dispute sans précédent, et sans raison valable. Après la chanson traditionnelle que nos amis nous chantèrent tous en chœurs, nous avons fermé les yeux en faisant un vœu. Je me souviens avoir souhaité ne plus jamais avoir à me disputer avec ma petite sœur, parce que je détestais ça. Après ça, le trou noir, enfin, j'aurais peut-être préféré... Les seules images qui me restent sont le brasier à l'intérieur de mon appartement, un flash de mes amis en train de brûler et ma petite sœur qui me supplie de l'aider. Je ne me souviens plus de rien à part ça.

La cause de l'incendie a toujours été inconnue des forces de polices, et comme l'immeuble commençait à vieillir, on en a déduit un câble électrique abîmé qui serait rentré en contact avec du gaz. Cela aurait fait sauté tout le second étage et détruit entièrement les étages supérieurs de l'immeuble. Les flammes étaient trop puissantes et se sont propagées trop rapidement, quand les pompiers sont arrivés, il n'y avait plus personne à sauver. Le seul survivant de ce massacre fut un jeune adolescent aux cheveux blancs, qui s'en est sorti avec seulement quelques éraflures. Personne ne pouvait expliquer comment il avait pu sortir du brasier par lui-même, pas même le jeune. Il est sorti le regard vide et pleurant avant de s'écrouler au sol. Il a été suivi par un psychiatre mais selon les rapports des flics l'ayant interrogé, il ne disait plus un mot et n'avait que du vide dans son regard.
Après quelques temps, j'ai compris que j'avais un pouvoir et que c'était lui qui s'était activé. J'ai compris à ce moment là... Je suis celui qui a tué mes amis. J'ai tué ma mère. J'ai tué ma sœur. Quand je l'ai compris, j'ai pleuré pendant des heures, mais c'était la dernière fois que j'avais pleuré. Je me suis promis de ne plus jamais utilisé mon pouvoir au point de ne plus me contrôler et risquer de tuer mes proches.
Et à l'instant, quand mon pouvoir à commencer à devenir hors-de-contrôle, je l'ai à nouveau senti. Je l'ai à nouveau ressenti, cette tristesse, cette colère envers moi-même...
Aujourd'hui, je vis parce que ma petite sœur aurait souhaité que je vive. Je combat parce que je ne veux plus que des innocents perdent la vie inutilement à cause des Elements. Quand un Element entre en furie, il perd sa conscience et peut en venir à tuer n'importe qui, même sa propre sœur.

Mais je n'y arrive plus, la mort aurait dû faire son travail il y a bien trop longtemps déjà et je n'en peux plus de l'attendre. J'ai perdu ma raison de vivre il y a bien longtemps...
Haïssable n'est-ce pas ? Le seul survivant d'une catastrophe causant plusieurs dizaines de morts, veut déjà en finir. Qu'aurait donné les personnes décédées pour être vivant à sa place ?

VoidOù les histoires vivent. Découvrez maintenant