Juste un soldat - Tome 2

Chapitre 33 - PDV Casti

Des épreuves, j'en ai eu depuis la naissance. Toujours. Les épreuves sont encrées en moi.

La toute première étant ma naissance elle-même. A peu de chose, je mourrais, étouffée. J'ai failli mourir lorsque ma mère a accouché. Mais j'ai survécu. J'étais leur battante, pour eux. Je courais de partout dès que je sus marcher.

Courir. Vers papa. Vers maman. Tomber. Me relever, me faire relever. Pleurer. Sourire. Rire. Courir de nouveau.

C'était toujours ainsi. Puis, il est arrivé dans la famille. Après moi. Maman a dit que je m'étais calmée le jour où je l'avais vu pour la première fois.

Toute excitée, impossible à tenir, puis, en le voyant, quelque chose a pris place en moi.

Casti, tu es une grande sœur à présent. Tu devras protéger ton petit frère, jusqu'à ce qu'il puisse te protéger. Peu importe les épreuves devant vous, vous devrez veiller l'un sur l'autre mutuellement.

Tout était allé très vite après ça. Il a grandi sous ma protection. Avec moi. Puis, avec Louise. Avec Ashley. Tous les quatre, avec Mani, la grand-mère de Louise et mes parents, nous...

Un titan !

... ne pouvions pas imaginer que notre joie volerait en éclats.

Je ne pleurerai pour personne. Je resterais dans mon coin, à consoler les gens tristes. C'est ce que je me disais tout le temps. Si mes parents mourraient, je consolerai mon frère. Si Ashley mourrait, je consolerai Louise, ou inversement.

Mais je ne pleurerai pas.

Mes espoirs volaient eux aussi en éclats. Je n'avais pas eu le temps de pleurer mes parents. Alors que si je pouvais, j'aurais hurlé à m'en déchirer les cordes vocales.

Papa avait déjà failli mourir une fois, renversé par un chariot. Il est resté deux mois dans son lit, sa jambe bandée, impossible de la poser au sol. J'avais déjà failli mourir.

Je me disais que ce n'était rien. Je refusais de voir la vérité en face. Et puis ils moururent, trop vite pour que j'aie le temps de les pleurer. Papa, si grand, fort et protecteur avec moi. Maman, si douce, gentille et souriante. Tantôt sévères, tantôt les meilleurs parents du monde.

Pour moi, c'étaient les meilleurs. C'étaient mes parents. Mais lorsque je les perdis, que me restait-il ? Il me restait mes deux amies. Ma grand-mère d'adoption. La petite sœur d'Ashley, que nous considérions tous comme notre sœur. Mon frère.

C'était ma famille. Je ne pouvais plus les laisser tomber.

Louise et Ashley étaient avec moi, je pouvais veiller sur elles, et elles me le rendaient bien. Il pouvait s'en sortir. Il n'était pas bête. Il aurait pu. Nous aurions pu...

Elle est morte !

... vivre de nouveau tous ensemble, mais j'étais trop aveuglée par mon désir de supprimer ces êtres. De mettre ma famille à l'abri pour toujours.

Et maintenant, j'ai perdu le plus important pour moi.

- Viens là.

Je tourne la tête vers Louise, qui remarque mes larmes, aux coins de mes yeux. Je viens me blottir dans ses bras, m'accrochant à son haut, faisant de mon mieux pour étouffer mes cris.

Je suis désolé, Casti. Pardonne-moi...

Je relève la tête quelques minutes après, me tournant vers Ashley. Elle tient la main de Mani, à ses côtés. Son regard plein de pitié, mais rempli de douceur me calme peu à peu.