YUKI ONNA

90 4 0
                                    

Yuki Onna, la Femme des Neiges, est un yokaï célèbre du folklore japonais, réputé pour sa beauté et sa cruauté. Personnification de l'hiver, elle apparaît les nuits de tempête pour décider du sort des voyageurs égarés.

 Personnification de l'hiver, elle apparaît les nuits de tempête pour décider du sort des voyageurs égarés

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Origines.

Yuki Onna, la "Femme des Neiges", aussi appelée Yukijorô, "la Courtisane des Neiges" est un yokaï qui apparaît dans les régions à fort enneigement, lors des nuits de blizzard.

Les premières apparitions de Yuki Onna sont mentionnées à la fin du XVIIe siècle dans le Sôgi Shokoku Monogatari; et si le yokaï apparaît traditionnellement les nuits de tempête ou de pleine lune, d'autres sources affirment qu'elle ne se montre qu'à une date précise, soit le 15 Janvier, soit durant toute la période séparant le 1er Janvier du 1er Février.

On l'associe traditionnellement à l'âme d'une personne décédée dans les montagnes, mais il existe de nombreuses versions de sa légende qui la font apparaître comme le fantôme d'une femme enceinte ou comme une princesse de la lune. Les versions s'accordent en revanche autour de l'ambivalence de ce yokaï, beau et terrifiant, cruel et compatissant, qui peut causer la mort mais également choisir de laisser la vie sauve. 

Caractéristiques

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Caractéristiques.

On la décrit de différentes manières, tantôt comme une femme de près de 3 mètres, à la peau et aux cheveux très blancs, presque transparents, et dont le souffle glacial s'échappe des lèvres bleuies; mais elle peut aussi représenter le paysage enneigé lui-même. Personnification de l'hiver et en particulier des tempêtes de neige, ce yokaï est traditionnellement vêtu d'un kimono blanc, ses longs cheveux noirs défaits, mais peut également apparaître nu. A l'instar des fantômes japonais, ses pieds sont inapparents, mais une autre facette de la légende veut que ses empreintes de pas soient rougies par le sang de ses victimes.

On peut noter que Yuki Onna est un des rares yôkai "beaux". Mais sa beauté fait également sa dangerosité, puisque si par une nuit de blizzard on rencontre une femme en lui parlant pour lui demander de l'aide, elle vous entraîne au fond d'un ravin ou vous fait mourir de froid. La Yuki Onna est également très liée aux enfants, et lorsque ces derniers restent éveillés trop longtemps la nuit ou pleurent le soir, on les menace en leur disant que Yuki Onna viendra les enlever. Pour ce faire, elle gèlerait l'âme des enfants et l'extirperait de leur corps.

Dans tous les cas, la Yuki Onna représente la dualité de l'hiver, sa beauté lisse et froide, mais également la violence et la cruauté de ses tempêtes.

Mythe.

Il existe plusieurs versions de la naissance de Yuki Onna. La première affirme que ce yokaï est l'esprit d'une femme enceinte décédée dans la neige lors d'une nuit de tempête. Elle revient alors se placer au bord des chemins en tenant contre elle un bébé frigorifié, et en implorant les voyageurs de lui venir en aide. Mais si le malheureux passant s'aventure à prendre le bébé dans ses bras, celui-ci devient alors de plus en plus lourd et la victime, gelée sur place, est enterrée sous la neige.

L'autre version veut qu'il s'agisse d'une princesse de la lune qui, lassée par la vie des cieux, serait descendue sur terre pour se distraire, mais aurait été dans l'incapacité de retourner au ciel par la suite. Depuis ce jour, elle apparaît durant les nuits de pleine lune. Mais la version la plus traditionnellement retranscrite est celle qu'en donne Lafcadio Hearn (1850-1904), écrivain ayant consacré une grande partie de son œuvre aux contes japonais. C'est notamment celle-ci qui est reprise dans le film de Masaki Kobayashi,Kwaidan, sorti en 1964.

Cette légende raconte l'histoire de deux bûcherons qui, surpris par une tempête de neige, sont contraints de trouver refuge dans une cabane pour la nuit. Alors qu'ils dorment, le vent glacé enfonce violemment la porte, laissant apparaître une belle jeune femme dans l'encadrement, toute de blanc vêtue. Celle-ci s'approche du plus vieux des deux hommes, qui succombe aussitôt sous le souffle glacé s'échappant des lèvres de la jeune femme. Le deuxième, paralysé de froid et de terreur, se met alors à prier devant sa mort inéluctable. Mais la créature, touchée par la beauté du jeune homme, choisit de l'épargner en lui indiquant bien que s'il parlait de cette histoire à quiconque, elle reviendrait finir le travail.

Au matin le jeune homme retourne dans son village, chargé de ce secret dont il ne laissera échapper un mot, même après des années. Devenu époux et père, il choisit cependant un soir de raconter cette histoire à son épouse, lui disant à quel point sa beauté était semblable à celle de la femme des neiges qui l'avait épargné cette nuit-là. Dans un élan de violence, sa femme se lève et se rue vers lui en lui criant d'une voix menaçante qu'elle était l'incarnation de cette créature qui l'avait attaqué, et que pour avoir trahi sa promesse elle devait le tuer sur-le-champ ; cependant, pour le bien de leurs enfants, elle prit le parti de lui laisser la vie sauve. Mais si jamais l'un de ses enfants avait à se plaindre de lui, elle viendrait le lui faire payer.

Transformée en une brume de gel, la jeune femme s'échappe alors par la fenêtre et disparaît dans la nuit. Dès lors, jamais plus on n'entendit parler d'elle.

Légendes urbainesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant