Chapitre 3

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1743, France

« Mes chers amis ! Laissez-moi vous présenter notre nouveau prodige, Monsieur Han ! »

Lorsque le beau jeune homme se montra, la foule l'applaudissait timidement. Ils ne savaient encore ce qu'était capable ce jeune homme. Ils se contentaient alors d'attendre et se préparaient à ce qu'ils savaient le mieux faire, vilipender*.
L'adonis**, quant à lui, salua modestement. Sa mère lui avait toujours appris à rester humble si la célébrité se présentait. Pour le moment, il n'était encore que très peu connu mais l'homme, à ses côtés, avait une très grande influence. Lorsqu'il avait écouté sa composition au conservatoire, il avait été si charmé qu'il avait invité tous les élèves de sa classe à cette réception pour jouer la mélodie.
Les invités n'aimaient guère trop les élèves. Le riche homme le savait très bien mais il savait aussi qu'ils fondraient face au talent.

« Allez-vous leur faire jouer votre composition ou en avez-vous fait une nouvelle ? S'intrigua l'homme à voix basse.

– Je pensais leur présenter celle que vous aviez appréciée puis vous faire découvrir une nouvelle.

– Parfait. Je suis sûr qu'ils adoreront. Regardez voilà ma femme, Lucile venez saluer ma trouvaille. »

L'élégante femme aux cheveux d'or se courba gracieusement avec sa grosse robe de soie avant de remarquer les yeux bridés du jeune garçon. Elle se maudit rapidement d'avoir salué ce curieux être.

« Mais pourquoi as-tu habillé si richement un esclave ?

– Mais voyons Lucile, ce n'est pas un esclave. Sa famille est très riche et a envoyé ce petit génie en France pour des études.

– Mais il n'a pas la peau blanche.

– Bon, c'est vrai que sa couleur est étrange mais il n'en est pas moins talentueux. »

L'homme se tourna vers lui pour lui indiquer qu'il devait se présenter. Il prit donc la main de la femme légèrement réticence pour la baiser.

« Han Jisung, enchanté. »

Elle sourit à son accent quelque peu étrange mais convenable.

« Et de quel instrument jouez-vous ?

– Je ne joue pas madame, je compose. J'assemble la nature dans l'œuvre, je décris les sentiments, je pousse les limites des frontières pour faire voyager les plus terre à terre.

– Cela semble merveilleux, j'écouterai avec attention. »

Elle le gratifia d'un sourire peu sincère. Jisung ne laissa rien paraître et fit un sourire honnête.
Il partit vérifier une dernière fois si tous les élèves étaient prêts.

« Jisung, arrête de leur mettre la pression, ils sont tous prêts. » S'agaça un étudiant.

L'éphèbe*3 ne cessait de vérifier que tout allait dans l'ordre des choses. Son camarade ne pouvait comprendre qu'aujourd'hui, il jouait son destin, c'était l'instant présent où il allait devenir le maître suprême de la musique, il n'accepterait le moindre défaut qui pouvait détruire tout un avenir. Il allait et venait dans les loges conçues pour les artistes. Il vérifiait chaque instrument dans les moindres détails. Il vérifiait l'apparence de tous les élèves. Il vérifiait leur santé et leurs pensées. Le directeur du conservatoire approuvait cette attitude mais, bien que Jisung ait pu être encouragé par ce geste, il l'ignora et se contenta de faire ce qui était bon pour lui. Seulement, par toutes ses visites, la violoncelliste fut prise de pression et vomit son maigre repas dans un seau. Le jeune prodige s'énerva de cette horreur. Elle allait le déshonorer et détruire sa carrière.

Violoncelle || H.jsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant