Chapitre 10

8 1 0
                                    

Quelques jours plus tard, Louise vint me chercher pour une journée entre filles. Je voulu refuser, j'avais du boulot, mais impossible. Cette fille, elle m'épatera toujours. Elle a le don de tout prévoir et de te persuader en 5 minutes. Elle me demanda d'aller me changer. Je ne voyais pas en quoi mon jean et mon top posaient problème. Elle m'expliqua que cela prendrait plus de temps en cabine d'essayage. Je lui dis oui, à une condition.

- Je t'accorde 5 boutiques avec 15 minutes dans chacune d'elle.

Elle accepta contre toute attente et dit :

- Je t'accompagne. Je te connais tu vas m'enfiler une jupe qui date du Moyen Âge.

- Ah, ah! Très drôle! Tu as avalé un clown ou quoi? Une fois le nez dans mon armoire elle se décida à me faire part de ses projets pour la journée :

- Alors voilà. Pas de shopping pour aujourd'hui!

- Louise, tu as de la fièvre?

- A ce que je vois, toi aussi tu as avalé un clown.

- Non, mais je te connais. Tu ne peux pas faire une sortie sans rentrer dans une boutique. Qu'est-ce qu'on va faire de si intéressant qui puisse te dissuader de passer une journée à faire du shopping avec ta meilleure amie?

- Bon ok, tu me connais par cœur. Tu sais qu'aujourd'hui il y a un feu d'artifice en centre ville. Et je me disais que comme pendant la journée ils proposent des attractions à pas cher, qu'en ce moment t'as pas le moral, que tu es célib et que j'aimerais bien te voir avec quelqu'un...

- Je t'arrête tout de suite. Il est hors de question que je m'embarque dans un de tes plans. Je me préfère seule. J'ai déjà assez d'emmerdes comme ça. T'es gentille, tu ne m'en rajoutes pas.

- Allez, viens, on va rigoler, dit-elle en déposant sur mon lit un short en jean et mon débardeur argentée avec un léger décolleté ainsi que mon beau chèche noir.

- On va pas à un gala, dis-je en pointant du doigt la tenue qu'elle a sortie.

- Et on ne va pas non plus à un entretien d'embauche, répliqua t-elle.

- Ok, tu as gagné, soufflai-je.

Quand je ressortis de la salle de bain quelques minutes plus tard, Louise m'asseya de force sur une chaise, armée d'une brosse,d'un peigne, d'une bombe de laque et d'un fer à lissé. Elle s'attaqua à mes beaux cheveux noirs ondulés.

- Ah non, hein! Tu peux choisir mes vêtements, mes chaussures, mes bijoux, et même mon maquillage mais je t'interdis de toucher à mes cheveux!

- Ok, c'est bon, enfile des converses et on y va.

On partis à pied jusqu'au centre ville où l'ambiance s'éveillait à peine. Je reconnus au loin des visages qui m'étaient familiers.

- Tu ne m'avais pas dit qu'on ne serait pas que toutes les deux.

- Oups, fit-elle en souriant.

Une fois que nous étions plus proche du groupe nous reprenions nos marques. Louise dans les bras de Tom (son petit ami) et moi, dans ceux de Benjamin, qui avait retrouvé le sourire. Nous étions donc huit. Anna, la stagiaire de Charly qui a deux ans de plus que nous, Benjamin, Kévin, Tom, Cynthia, qui est la sœur de Tom, Eric (son petit ami), Louise et moi. Hormis Benjamin et Kévin que j'ai présenté au groupe il y a deux ans, et Louise que j'ai connu en maternelle, nous nous sommes tous rencontrés au club de chorégraphie. Depuis qu'on se connaît on est inséparable. Je ne comprends même pas comment j'ai pu ne pas me douter que je ne me retrouverais pas seule avec Louise. On alla s'asseoir sur le banc le plus proche en attendant que la fête foraine ouvre ses portes. On a discuté de la pluie et du beau temps, des prochaines vacances, des compétitions que nous avions perdu et celles que nous avions gagné. Mon téléphone vibra soudain dans ma poche. J'avais reçu un message de Maya. Elle me demandait de ne pas rentrer tard car elle avait une bonne nouvelle à m'annoncer. J'aime les surprises. Je lui promis d'être là pour 19 heures grand maximum. Il était bientôt midi quand Kévin proposa :

- Burger King ou Mac Donald?

- Comment oses-tu? demanda Louise, outrée.

- Qu'est-ce que j'ai dit de mal?

- C'est comme une tradition chez nous, pas de mac-do, dit Benjamin en lui souriant.

- Désolé, dit Kévin gêné

- T'inquiète pas! dis-je en riant.

Et c'est dans une ambiance joviale que nous avions rejoint le fast-food qui se situait à quelques rues de la place où serait tiré le feu d'artifice ce soir.

L'après-midi, nous étions retournés à la fête foraine. Entre attractions et fous rires nous étions plus soudés que jamais. Quand je m'aperçus qu'il était déjà 17 heures j'eus un coup de blues. Je devais renter dans deux heures et je ne voulais pas que cette journée s'achève. Benjamin s'approcha de moi pour savoir si tout allait bien :

- Ça va Nénette?

- Oui je vais juste devoir rentrer plus tôt. Maya a besoin de moi. Et arrête de m'appeler comme ça tu sais que je déteste ce surnom débile.

- Mais il te va comme un gant. Tu sais que tu ne penses pas assez à toi et que tu t'oublies.

- Maya a besoin de moi alors je l'aide. Après tout ce qu'elle a fait pour moi depuis le départ de mon père je lui doit bien ça. On va chercher des barbes à papa pour les autres?

- Une pour deux ça te va?

- Let's go!

Le marchand de barbes à papa était très gentil. Sur les quatre ils nous en a offert deux. Je lui souris en me dirigeant vers les autres quand, soudain, sans m'en rendre compte, je finis par terre. Je venais de bousculer quelqu'un. Ce quelqu'un m'hurla dessus :

- Tu ne peux pas faire attention!

Je me suis relevée avec le maximum d'élégance possible :

- Excusez moi mais on se connaît? Vous me tutoyez alors que je ne connais même pas votre prénom.

- C'est plutôt à toi de faire attention où tu vas! Tu vois bien qu'avec deux barbes à papa géantes elle n'a pas pu te voir, intervint Benjamin.

Les autres ont accouru pour savoir ce qu'il se passait. Une fois débarrassée des barbes à papa, je m'apprêtais à répliquer quand je vis enfin le visage de la personne que j'avais bousculée, accidentellement. Il était vraiment beau. Châtain, des yeux verts, la peau mate, des épaules larges et musclées... Je me sentis troublée mais je refusai de fléchir. Alors que les deux garçons allaient en venir aux mains, je vins me mettre entre les deux :

- Oh! on se calme là! Il n'y a pas mort d'homme!

Les autres me filèrent un coup de main. On emmena Benjamin au loin. Kévin s'isola avec lui pour le calmer tandis que j'expliquais aux autres ce qui s'était passé. Benjamin a toujours eu le sang chaud et il ne manque pas une occasion de le montrer. Une fois tout le monde calmé, pour se changer les idées rien de mieux qu'un tour de Boomerang.

Il était dix-huit heures trente quand je dus partir. Benjamin insista pour me raccompagner. Je l'ai regardé avec intensité en répondant non. Il ne faisait pas ça pour passer du temps avec moi. Il voulait seulement me protéger. En sortant de la fête on m'interpella. Je fis un demi tour avant de reconnaître le visage de ma chute :

- Quoi encore? J'ai abîmé votre champ de vision?

- Excusez moi pour tout à l'heure. Je n'avais pas à vous hurler dessus. Je peux vous offrir un café, un ballon, une peluche, une gaufre ou quelque chose d'autre pour me faire pardonner.

- Un bouquet de fleur ferait bien l'affaire, dis-je en rigolant.

- Pas de problème, puis-je avoir votre adresse?

- C'est ça! Vous croyez vraiment que je vais donner mon adresse à n'importe qui? Je suis sincèrement désolée mais je dois rentrer j'ai promis à ma mère de ne pas tarder et je dois l'aider à faire quelque chose.

- Ce n'est pas grave. Il prit ma main et l'embrassa. À une prochaine fois, j'espère.

- Peut-être, dis-je souriante en partant.


Une histoire de familleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant