Chapitre 2

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Jour 2

Vint les coups de sept heures trente, sonnés par la cloche au son pimpant résonant dans tout le camp.

Dans le lit au-dessus de celui de Lyse, Carole eut un sursaut si violant qu'elle manqua de faire un face à face avec le sol qui aurait été des plus divertissants pour les spectateurs.

- Sacrebleu, j'vais finir cardiaque, commenta-t-elle sous les rires de ses deux compagnes de chambre.

De légers coups retentirent contre la porte en bois de leur bungalow, comme rythmés par l'hésitation. Encore légèrement dans les vapes, Atlanta s'extirpa de ses doux draps et entreprit d'ouvrir à leur visiteur impromptu, alors que Lyse, qui n'était visiblement pas du matin, se plaignait bruyamment, tel un ours se réveillant de son hibernation.

Elle n'avait pas prévu de s'empêtrer les pieds dans sa couette et de se retrouver face contre terre. Elle n'avait pas non plus imaginé que Preston se trouverait derrière cette porte et qu'il la verrait affublée du splendide pyjama Stitch que lui avait offert sa fille pour le Noël d'il y a trois ans.

Il lui envoya un regard surpris, légèrement moqueur en avisant sa dégaine, mais ne fit aucun commentaire.

Atlanta, elle, en resta pantoise, presque paniquée de se retrouver ainsi face à lui. Elle avait oublié, l'espace d'un instant, qu'elle allait partager son été avec son amour de jeunesse.

Elle se racla la gorge, mal à l'aise devant son silence, tout en croisant ses bras sur sa poitrine en une position défensive, comme pour se protéger de son regard. Il semblerait que les mots s'étaient évanouis avant qu'il n'ait le temps de les laisser s'échapper.

- Hum. Oui...Donc, le petit-déj est servi, déclara-t-il finalement en se passant une main sur la nuque, unique tic démontrant son embarras.

- Ah ! souffla-t-elle. Oui, d'accord...euh... on arrive.

Il acquiesça longuement, sans doute un peu perdu dans ses pensées, puis haussa un sourcil suite à l'oreiller que Lyse venait finalement de lancer à travers la pièce. Elle n'était décidément pas du matin. Il lança à Atlanta un regard compatissant puis tourna finalement les talons après lui avoir adressé un hochement de tête gêné.

Elle referma la porte derrière elle et s'y adossa en soufflant de dépit.

Seize ans qu'elle ne lui avait plus parlé et leur première conversation s'apparentait à un sketch de reclus sociaux sentimentalement constipés. Bravo, c'était vraiment du grand art.

- T'as toujours l'air d'une adolescente en plein coup de foudre, c'est dingue, commenta Carole qui n'avait raté aucune miette du spectacle. Tu l'aimes encore, n'est-ce pas ?

Atlanta sentait son cœur battre à mille à l'heure dans sa cage thoracique. Sa bouche était aussi sèche que le Sahara et elle pouvait presque voir ses mains trembler le long de son corps. Elle ne pouvait nier l'évidence, même si elle avait du mal à se l'avouer.

- Là n'est pas la question ! s'exclama-t-elle, lasse. Je ne peux plus me permettre ce genre de chose, maintenant. J'ai refait ma vie, il a refait la sienne. Rien n'est plus comme avant.

Sa meilleure amie d'enfance se posta face à elle et ancra son regard droit dans le sien, un air sérieux qu'elle lui avait rarement vu, collé au visage :

- Il vous suffirait pourtant juste de réapprendre à vous connaitre. Au fond, vous êtes restés les mêmes.

Atlanta secouait négativement la tête, comme si elle rejetait les paroles de la brunette, mais celle-ci n'en avait que faire et poursuivit d'une voix plus douce :

Sunny PointOù les histoires vivent. Découvrez maintenant