Chapitre 14 - Excursion (Partie 2)

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Nous passons tous la soirée au bar de l'auberge, où la fête bat son plein. L'un des amis d'Olivia et Eleanor n'arrête pas de me tourner autour en ignorant totalement mes signaux de refus. Et pour couronner le tout, la fille qui me plaît – mais qui ne le devrait pas – m'ignore complètement et passe tout son temps pendue aux lèvres baveuses de Liam. Je découvre un côté d'elle, qui glousse et se pavane, qui ne me plaît pas du tout.

Je suis assise à une table vacante, en train de regarder ce spectacle déplorable. L'autre abruti parle dans le vide, je n'écoute pas un mot de ce qu'il me raconte. Olivia, ou la personne qui se prétendait être mon amie, m'a laissée tomber pour aller flirter à droite à gauche. Non, je n'ai aucun problème de colère. Je me sens seule, vide, et je regrette d'être venue et de me retrouver dans cette situation. Dépitée, je décide de me lever, laissant mon prétendant seul et ahuri. Sans un mot pour personne, je monte dans ma chambre. Au moins j'y serai seule et tranquille.

A peine la porte fermée derrière moi, je souffle de soulagement. Et, alors que je m'adosse contre le bois peint, je sens des larmes perler aux coins de mes yeux. Non, tu arrêtes ça tout de suite ! Mais les larmes coulent, les fortes émotions des dernières semaines ont finalement raison de moi. J'expulse le trop plein de ressentiment, je laisse couler hors de mon corps tout ce que je ne peux plus supporter, et je m'allonge toute habillée sur le lit. Je n'ai même pas allumé la lumière, donc je peux me laisser sombrer petit à petit dans le sommeil, laissant mes larmes se tarir d'elles-mêmes.

CRIIIII

Je me réveille en sursaut, le grincement de la porte est discret, mais je l'ai bel et bien entendu. J'ai peur, je suis même terrorisée. Je me redresse sur le lit, m'asseyant à moitié, et essaie d'apercevoir quelque chose dans la pénombre ambiante. Mais mes yeux ont du mal à s'ouvrir complètement et mon cerveau est encore embrumé de sommeil. Je finis tout de même par voir une silhouette d'approchant de moi, puis je sens le lit s'affaisser sous un poids. Cette fois je suis tétanisée, je ne suis plus capable de faire le moindre geste.

- Emma ... N'ai pas peur ... C'est moi.

Eleanor. Mais qu'est-ce qu'elle fait là ? Comme si j'avais besoin de ça, comment je suis censée m'éloigner d'elle si elle me suit de la sorte ?

Comme je ne réponds pas, je la sens se rapprocher de moi. Je sens sa main sur ma cheville, remonter doucement sur mon mollet, puis sur ma cuisse. Par la force des choses, je me retrouve allongée sur le dos, et je la vois maintenant rapprocher son visage du mien.

- Eleanor, arrête ...

Mais elle avance toujours. Je l'entends même sourire, comme si mes propos n'avaient aucun impact.

- S'il te plaît ...

Elle se rapproche toujours. Et cette fois je sens son souffle chaud sur mes lèvres. Sa main est remontée sur ma hanche, tandis qu'elle s'aide de l'autre pour supporter son poids sur le matelas. Je ne fais aucun geste pour l'arrêter, j'en suis incapable. La seule manière d'échapper à ce baiser serait qu'elle entende mes supplications.

- Je t'en prie Eleanor, on ne peut pas faire ça ...

Et cette fois elle me répond, mais ce n'est pas ce que j'attendais qui sort de sa bouche :

- Chut ... Tu parles trop.

Et comme pour ponctuer cette constatation, elle s'empare finalement de mes lèvres. J'ai l'impression de sentir mes entrailles se tordre littéralement dans mon ventre, mon cœur imploser dans ma poitrine, la chair de poule dévorer ma peau. Le peu de capacité de réflexion qu'il me restait s'enfuit loin, très loin d'ici. Je suis incapable de réfléchir, tout ce que je peux faire c'est ressentir. Ses lèvres chaudes contre les miennes. Son parfum se mélangeant au mien et révélant une fragrance unique et puissante. Ses mains me caressant avec douceur. Son baiser est doux et lent, comme si rien ne pressait, comme s'il n'y avait pas d'urgence. Sauf que pour moi, il y en a une. J'entrouvre donc les lèvres pour laisser ma langue partir à la découverte de ses lèvres. Je la goûte avec envie, je sens sur ma langue des pointes de saveurs inconnues. Ça me grise, ça m'emporte.

My new folksOù les histoires vivent. Découvrez maintenant