Chapitre 8

646 21 3
                                    

Maison de Tolède, 3 ans plus tôt.

               Je sors de la maison suivie par Tokyo. Tout les autres sont dehors entrain de manger. Avant de faire ma scène, je vous propose d'écouter ce que le Professeur a à dire :
- On a évoqué comment gagner du temps si on se faisait arrêter en Espagne. Mais qu'arrivera-t-il si on réussit le casse, qu'on fuit avec l'argent mais qu'un jour, Interpol nous arrête à l'étranger ? Très probablement, ils nous garderont dans ce pays pour... pratiquer ce qu'ils nomment des techniques poussées d'interrogation. De la torture. La seule bonne nouvelle, c'est qu'à un moment donné, on pourra en tirer profit.
- En tirer  profit ? lance Rio. Pourquoi je n'y ai pas pensé plus tôt ?
- Même s'ils violent nos droits, les lois garantissant nos droits, tôt ou tard. Ils devront nous ramener en Espagne, faire un transfert, nous transporter. A ce moment là, il faudra avoir l'air détruits, parce que quelqu'un le verra. Si les gens voient et sentent la brutalité, on aura la possibilité de négocier.
               C'est à ce moment là que je déboule de la maison. Je ne cours pas, je marche à une allure assurée et Tokyo me suit en me disant de me calmer. Juste avant qu'on arrive près de la table, je me retourne brusquement vers Tokyo.
- Pour que je me calme tu n'aurais pas du l'ouvrir.
               Ils tournent la tête vers nous juste au moment où j'arrive à leur niveau. Je pointe le doigt vers Berlin. Quand je m'énerve il arrive deux choses. Je suis très énervée et capable de tout détruire sur mon passage et ensuite je pleure de rage.
- Toi ! je m'écris en direction de Berlin.
- Moi ? il demande.
- Lui ? ajoute Nairobi.
               Je lui lance un regard lui signifiant qu'elle ferait mieux de se taire puis je me plante devant Berlin.
- Tu oses me rouler dans la boue ?! je crie.
- De quoi parles tu Londres ? demande Andrès.
- Tu sais très bien de quoi je parles ! Tu le sais et si seulement j'avais ouvert ma gueule on ne...
- De quoi tu parles ? demande le Professeur.
- Votre Berlin avec un balai dans le cul, là ! Ce plaît à insulter les gens. Parle comme ça à qui tu veux, Berlin. Mais pas à moi.
- Et pourquoi pas ? dit-il en se levant.
               Il me dépasse. Et même en étant plus petite que lui je le surplombe. Quoi qu'il arrive dans mes moments de rage, je pense que rien ne peut m'arrêter.
- Tu oses poser la question ?! je m'énerve.
- Tu en fais tout un drame.
- Je n'ai jamais donné raison à personne, Berlin.
- Personne ne te demande de le faire.
- Mais toi si.
               Je le regarde. Il ne regrette pas. Tout le monde se moque de moi. Mais apparemment le premier concerné le pense. C'est vrai, je suis la pute de Berlin.
- Écoute, je lui dis alors que les autres nous regardent attentivement. Si on commence comme ça on ne va jamais en finir.
- Tu as raison.
- Personne ici n'a ta classe, no ton balai dans le cul. Mais je ne pense pas être la seule à avoir le sens de l'honneur. Je donnerais tout pour les miens. Ma question est donc : est-ce que tu en ferais autant ?
- Donnez ma vie pour toi ?
- Oui.
- Bien sur, il me sourit tendrement mais il se reprend. Si on rentre ensemble, on ressort ensemble.

Banque d'Espagne, salle de pause, quelques heures après la fusillade.

               Je suis dans la salle de pause avec Palerme, Helsinki et Tokyo. Helsi vérifie la vue du blessé. Vous devez vous dire que je suis un peu trop souvent avec Martìn. Vous avez raison. Je devrais être de l'autre côté de la banque entrain d'aider Stockholm et Denver. Seulement on dirait que je suis la seule personne qu'il tolère.
               Helsinki teste l'œil droit et la vision est bonne. Mais de l'autre côté il ne voit rien. Le serbe a donc coupé en deux un des bandeau des otages pour protéger l'œil du blessé. C'est un coup dure pour Palerme de ne plus pouvoir voir que d'un côté. Helsinki va chercher une canne.
- Palermo, tu es là ? demande le Professeur.
               Celui-ci se lève avec mon aide et se dirige vers la radio. Je reste à côté de lui.
- Ici « œil de lynx ». Professeur ! répond Palerme, ce qui m'arrache un sourire.
- Tokyo est là ?
               On se tourne vers la jeune femme. Si le Professeur veut lui parler c'est soit pour lui dire que Rio va bien, soit qu'on est dans la plus belle des merdes.
- Oui.
               Elle s'approche et Palerme lui donne le micro. Je reste à l'écart et Helsinki arrive avec la canne.
- Professeur, appelle Tokyo.
- Tokyo, il annonce. Rio est en Espagne.
               On se regarde soulagés. Tout le monde à des grands sourires et Palerme semble rassurer. Quand à Tokyo, elle a envie de pleurer de joie.
- Merci. J'espère que je pourrais t'embrasser et te remercier en personne très vite.
- Bien sur. Le plus difficile reste à faire, mais on le fera. On le fera.
               Tokyo se tourne vers nous. On a un temps d'attente avant de sauter dans les bras l'une de l'autre. On a réussi. Il n'est pas encore dans les bras de Tokyo mais il est un peu plus près.
               Toutes les actions, toutes, on des conséquences. Et la police... au moment le plus sombre, va voir une lueur.

               Je descends les escaliers avec Palerme. En bas se trouve Nairobi. Stockholm et Denver. Gandia, le chef de la sécurité est assis au sol, les mains attachées, sauf qu'il se permet d'insulter Nairobi. Quand nous arrivons en bas des escaliers, Palerme frappe la rampe avec sa canne pour attirer l'attention.
- Gandia, c'est ça ? il lance.
               Denver prend ma place pour l'accompagner.
- C'est moi ou il y a trop de négativité ici ? il demande en marchant. Des ondes négatives.
               Il ordonne à Denver de l'amener devant Gandia, puis de s'écarter. Palerme renifle un instant.
- Ça sent le souffre. Je ne vois pas bien... mais mes autres sens se développent. il caresse Gandia avec la canne. Mon intuition me dit que tu ne nous respectes pas.
- C'est tout ce que vous méritez, répond l'homme au sol. Vous n'inspirez pas le respect.
- C'est logique étant donné ta position mais tu as tort sur moi. Tu regardes trop la télé. On est Robin des Bois ? On est des gentils nounours portant des masques de Dalì ?
- Je pense que tu es un sudaca, espèce de sale fiotte borgne.
               Je regarde mes amis, inquiète.
- Sudaca... répète Palerme. J'en suis un. C'est vrai. Mais j'ai étudié à Berlin.
               Il lève sa canne et frappe le vide une première fois, la deuxième fois il touche Gandia. Au fur et à mesure il touche même l'homme à côté. Au début, on reste paralysé. Puis Stockholm crie au otages de rester calme.
- Denver ! Arrête le ! je crie.
               Denver attrape Martìn et le ramène dans la salle de pause. Sur tout le chemin, lui et Gandia s'insultent de tous les noms d'oiseaux possible. Une fois que Palerme, Denver et Nairobi sont en haut, je me tourne vers le nouveau blessé.
- Pardon je n'ai pas entendu, je lui dis.
- Sale chienne !
               Je ne perds pas de temps et je lui fous un coup de pied bien placé à l'entre jambe. Il se tord de douleur.

               Après avoir rassuré les otages et Stockholm, surtout Stockholm, je décide remonter pour voir comment ils règlent le problème : « Palerme hystérique ». Mais avant d'entrer je surprends leur conversation et je ralenti mon allure.
- Tu as été amoureux de Berlin pendant quoi ? Dix ans ? dit Nairobi, la voix tremblante.
               Quand j'arrive au milieu de la grande entrée de la salle, je les regardes, les larmes aux yeux, et tout en écoutant, je continue de marcher jusqu'à arriver au centre de la pièce.
- Et tu n'as jamais osé le lui dire, continue Nairobi. Tu le vénérais et tu le suivais comme un toutou. Mais c'est tout. Et maintenant ? C'est impossible. Il est mort.
               Je manque de tomber. Ces mots si douloureux... J'aurais du le voir, j'aurais du comprendre. En me voyant, Denver se précipite vers moi.
- Et maintenant ? ajoute Nairobi. Maintenant tu penses être amoureux de Londres ? Tu te voiles la face parce que tu penses qu'elle t'aime. Alors qu'elle ne t'aimera jamais comme elle a aimé Berlin. Tu es seul. Tu te caches derrière ton discours de merde de boum boum ciao... pourquoi ? Parce que tu sais... que tu as été abandonné pour toujours.
               Nairobi se tourne vers moi. Elle est désolée. Je le sais parce qu'elle ne me lance qu'un regard, un regard appuyé et triste. Entendre tout ça m'à rappelé le mal que j'ai ressenti, la souffrance. Je sais à présent pourquoi je me sentais coupable en présence de Palerme. Non pas à cause de Helsinki mais de Berlin. Ça fait tellement longtemps que je commences à oublier sa voix. J'ai mal au coeur. Ce que je n'arrive pas à oublier ce sont ses derniers mots. « Au revoir mi amor » Il m'a toujours dit que j'irais au Paradis et lui en Enfer. Il ne m'a pas dit au revoir pour qu'on se revoit après la mort. Il avait une autre raison. Et je continue de m'y accrocher.

Loᥒdrᥱs Dᥱ Foᥒoᥣᥣosᥲ - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant