Chapitre 16

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Je panique et j'ai du mal à respirer. Je ne sais pas ce qu'il se passe dehors, j'ai juste entendu Berlin et Palerme crier et quelques coups de feu. Je ne peux pas rester enfermé là. Alors je prends mon courage à deux mains et j'ouvre la porte, je jette un coup d'œil dehors. Tout mes amis sont en rond, autour de quelque chose. Gandia, quant à lui est sur le sol. D'où je suis je ne sais pas ce qu'ils font mais je ne vois ni Andrès, ni Martin. Je me précipite vers eux et écarte Tokyo et Stockholm pour pouvoir voir. Je m'immobilise, je regrette d'être entrée dans la Banque, je regrette d'avoir accepté le braquage, j'en viens même à regretter le premier. Je me laisse tomber sur le sol et par la même occasion les larmes sur mes joues. Je regrette aussi de ne pas mettre jeté sur Gandia, de ne pas être morte à sa place.
Je sais comment faire face à la mort, Moscou me l'a appris. Tu baisses les yeux, tu les essuies, mais jamais tu ne les fermes. Pourtant, face au corps sans vie de Palerme, je ferme les yeux. Refusant de voir la réalité en face, et ses yeux, ouverts mais pourtant sans vie. J'ai envie de hurler mais je n'y arrives pas, les sanglots se bloquent dans ma gorge.
Mourir. Qu'est-ce que cela veut dire ? Nous le savons tous, tu t'éteins, tu as fini ce que tu devais faire. J'imagine bien pour Palerme. J'espère que là où il va il rencontrera Moscou. J'espère qu'il trouvera la paix.
Je me lève, laissant Berlin à côté du corps de son ami, et je me dirige vers Gandia. Il a été touché à la jambe, ce qui l'empêche de fuir. Je le regarde, assis par terre. Il l'avait dit, qu'il allait le tuer. J'aimerais le frapper jusqu'à ce qu'il se retrouve en Enfer, mais je tourne les talons et pars dans le grand hall, où je m'assois par terre. Les otages sont là, ils sont paniqués par les coups de feu. Je ne dis rien, je les regarde.
Berlin descend peu après et s'assoit à côté de moi. Je ne parles pas, je regarde le vide.
- Ivana, commence Andrès.
- Pourquoi ? je le coupes. Pourquoi c'est arrivé ? POURQUOI ?!
Je me lève mais je m'écroule directement. J'ai mal à la tête. Berlin s'accroupi devant moi et me serre contre lui. J'aimerais rester là à pleurer dans ses bras, qu'il me chuchote que tout ira bien. Sauf que ça n'ira pas bien ! Rien n'assure mon plan. Et je suis terrifiée.
Gandia a gagné. Et les Dali ont perdus.
- Andrès ? je murmure.
- Oui ?
- Je t'aime.
Je ne peux dire que ça. Car c'est la pure vérité. Peut-être est-ce aussi un moyen pour moi de me prouver que je n'aimais pas Martìn. Mais il est encore trop tôt pour le nier. Pour nier que je ne souffres pas et que jamais sur les trois derniers mois je ne l'ai pensé.
Et puis ça défile dans ma tête. Le Professeur, Tolède, Uranus, le vin, l'amour, bella ciao, Mickey mouse, l'adrénaline, la Maison de la Monnaie, le plan Valencia, Tokyo, Rio, le plan Cameroun, la roulette russe, la mort de Moscou, celle de Berlin, l'évasion. Et puis tout va plus vite. Mon accouchement avec le Professeur, l'île, Martin, les retrouvailles, Florence, l'amour, la haine. Et puis là, tout de suite, la Banque d'Espagne et tout ce qu'il s'est passé.

Nous sommes dans une pièce plus éloignée du reste. C'est dans une caisse que, malgré nous, nous devons laisser le corps de notre ami. Livré à lui même. Nous sommes donc autour ce que nous pouvons appeler sa tombe. Personne ne parle, on ne sait pas quoi dire, c'est encore trop douloureux.
- On devrait dire quelques mots, non ? demande soudain Denver.
- Pas de prière s'il vous plaît... je râle.
- Palerme est... commence Helsinki. Était croyant.
Je m'avance de quelques pas.
- C'est trop impersonnel, dis-je. Un jour, il m'a demandé en quoi je croyais. J'ai répondu « en moi ». je souris. C'était étrange. Car je n'ai jamais cru en moi. Mais ce jour là, j'ai cru en lui. Non par parce que... enfin... vous voyez.
- On voit très bien, répond Denver.
- Mais plus pour ce qu'il avait à offrir. Pendant plus de deux mois nous avons vécu tous ensemble, pour braquer la Banque d'Espagne. Mais surtout pour sauver Rio. Et Martin s'est embarqué dans tout ça, cet homme intelligent et profondément meurtri, nous a tous aider. Il s'est découvert lui même, tout comme il nous a aidé à savoir où on en était. C'était le premier homme que j'ai accepté, aimé j'ai envie de dire, depuis trois longues années. Et il est parti si vite et... je me mets à pleurer. Pardon... Et je ne le remercierais jamais assez. Peut être suis-je la seule femme qu'il a aimé, mais comme vous tous, je l'ai détesté et adoré. Mais on doit le laisser partir. Boum boum ciao mon ami.
Je recule et c'est Andrès qui me réceptionne. Vu que personne ne veut parler, Berlin et Helsinki referme le cercueil. Cette scène m'est trop familière, je préfère que ça se termine vite. Je me tourne vers Nairobi, à peine remise et lui demande l'heure. On va devoir partir.
- Mes amis, merci. dit Berlin. Tout ça, vous ne l'avez pas fait pour moi. Mais vous avez suivi mon plan.
Ils se tournent tous vers nous.
- Ton plan ? Tout ça... c'est toi ? demande Tokyo bouche-bée.
- Oui. Nairobi, tu es en assez bonne forme ?
- Ça fera l'affaire. répond la blessée.
Nous partons ! Comme le Professeur nous l'avait promis nous aurons l'argent bientôt mais nous devons sortir. Nous nous réunissons tous dans le grand hall après avoir dit au revoir à Palerme. J'ai très peur de le retrouver très vite. Bogota nous rejoint.
- Cher otages et Arturito, je lance. Merci. Mais Après tout cela nous avons besoin de vacances bien méritées.
Je me souviens que Berlin avait dit ça. Et qu'après... il est mort.
- Nous n'allons pas vous relâcher, explique Berlin. Nous devons sortir d'abord. Je vous demanderais donc de rester au fond de la salle, pour votre sécurité.
Les otages reculent. Je jette un dernier coup d'œil vers le haut des escaliers. Comme si Palerme allait arriver. Moi et mes amis nous tournons vers les grandes portes d'acier. Je prends la main d'Andres.
- Comment s'appelle ce plan ? demande Rio.
- Le plan... Winterfell. Nous n'avons plus rien à perdre. Mais nous restons debout. je réponds.
- On sort, mais on ne se rend pas, dit Tokyo.
Je souris.
- Somos Dali. Somos la Recistancia. ajoute Denver.
- Merci les amis, dit Berlin.
- J'ai été ravie, affirme Nairobi.
- On se revoir en Enfer, je termine en riant. Denver, les portes !
Le jeune homme appuie sur le bouton et nous rejoint.
- Je vous aime, je chuchote en m'avançant vers la sortie, la lumière du jour nous brûle les yeux.
               Je vais mourir, les snipers vont nous détruire. J'ai pas envie de mourir, c'est trop tôt. Je pense à Andréa. Et quand le soleil me brûle la peau, je ferme les yeux très fort, attendant la mort. Pourtant rien ne vient. Je sens qu'on m'attrape et qu'on me lève du sol. Tokyo crie, n'acceptant plus la défaite. J'ouvre lentement les yeux, Sierra se trouve face à nous. Nous sommes tous dans la tente de la police et un homme nous fouille.
- On a rien ! je lance.
- Je ne fais pas confiance aux salopes, répond l'inspectrice.
- Où est le P... Raquel...?
Je bouillonne, je n'ai pas les idées assez claires pour savoir si elle est là de son pleins gré ou pas, si elle nous a trahie je la tuerais.
- Le Professeur est dans un fourgon, il vous attend. répond Alicia. Malheureusement, j'ai des questions, cela devra donc attendre.
Gagner du temps. Quand on se fait attraper on gagne du temps, c'est le plan de Sergio.
- Dites toujours, je réponds.
- Où avez vous préparé le casse ?
On explose de rire, ce n'est pas parce que nous avons perdu qu'ils ont gagnés.
- Écoutez, dit Denver. Si on savait où on était on le dirait.
- Le Professeur a gardé ça secret, ajoute Tokyo. Pour qu'on ne l'ouvre pas.
- Donc ! Vous étiez quelque part pendant... quoi ? Trois mois ? récapitule Sierra. Mais vous ne savez pas où ?
- Rio s'était fait attraper, j'explique. Et vous le torturiez. Mais on ne savait pas où on était. Quand une info pourrait tout détruire, on ne nous l'a pas dit.
- Ah Rio...
Sierra s'approche de lui et caresse sa joue. Le jeune homme reste neutre et ne fait rien. Je n'arrive pas à y croire. Rio est terrifié.
- Laissez nous y aller, Sierra. dit Berlin. On ne sait rien, on s'est même rendu.
- Pourquoi, d'ailleurs ? demande l'inspectrice.
- On a perdu un homme. Et... nous n'avons rien pu faire.

Loᥒdrᥱs Dᥱ Foᥒoᥣᥣosᥲ - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant