Chapitre 17

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- Vous avez perdu un homme ? questionne Sierra.
               Je regrette à présent les paroles de Berlin. Elle va jouer là dessus, et puis elle l'aurait vu sans qu'on lui dise. J'ai du mal à l'accepter. Accepter de partir d'ici sans Martìn et laisser sortir Gandia sans rien pouvoir faire.
               Mes yeux restent braqués sur Raquel. Le Professeur nous a dit qu'elle était morte et la voici devant nous. Je n'ai qu'une envie, rester loin, très loin de la Banque d'Espagne et de toute la haine qu'elle nous a apporté.
               A l'extérieur, les otages sortent en courant du bâtiment. Je me souviens de ce sentiment, celui qu'on ressent avant de braquer la Maison de la Monnaie. Celui quand tu te rends compte que tu mets la vie de tout ces gens sur pause, une bien mauvaise façon de finir la semaine.

               Après une grosse heure nous sommes transportés dans le fourgon. Le Professeur est là, je voudrais le prendre dans mes bras, mais ces fichus menottes m'en empêchent. Ils laissent un seul officier avec nous à l'arrière. Je ne peux m'empêcher de penser que la police est stupide.
               En passant à travers la foule nous entendons les Dali, je me demande ce qu'ils font encore là, à nous supporter, après tout ça. Peut être bien qu'ils croient en nous plus que nous le faisons.
               Je regarde Sergio.
- Palerme est...
- Il est mort, Professeur. termine Berlin. On a eu... un moment d'inattention.
               Les émotions s'entremêlent. Tout est allé trop vite, et ça a fait trop mal. Rio, Berlin, Nairobi et Palerme. J'ai besoin que tout ça s'arrête, retrouver ma fille et dormir.
               Après avoir expliqué à Sergio comment notre ami était décédé, je pose ma tête sur l'épaule d'Andrès et je ferme les yeux, comme si je priais. En fait j'attends, qu'on soit sur une route de campagne et de voir ma sœur.

Maison de Tolède, 3 ans plus tôt.

               Nous sommes tous réunis dehors, on boit un verre avant de manger, on discute. Une question me turlupine. Je ne peux pas m'empêcher d'y penser.
- Professeur ? j'appelle.
               L'homme à lunettes tourne la tête vers moi.
- Il n'y aura pas de « Et après ». Je me trompe ?
               Denver, sur lequel je suis assise, souffle. Nous étions entrain de rire des peignoirs en soi de Berlin, que j'apprécie beaucoup d'ailleurs et j'imagine les pires scénarios.
- Vous allez tous survivre, répond le Professeur.
- Non. Enfin... oui ! je me rattrape. Mais on parle d'avenir.
- Viens pas tout casser, Londres. lance Nairobi.
- Je suis sérieuse.
- On a tous des rêves, répond Denver.
- J'en ai aussi, je lance un regard à Berlin. Mais il n'y aura pas d'avion, de vignoble en Provence ou de tour du monde.
- Tu as raison, dit le Professeur. Vous serez fugitifs. Vous aurez les assignations à résidence. Ou, du moins, vous ne pourrez plus revenir en Europe.
- On a des familles, dit Moscou.
- Comme tout le monde. Mais imaginez un instant que les plus gros fugitifs d'Espagne repointent le bout de leur nez sur les lieux du crime.
- Professeur, je lance.
- Oui, Londres ?
- Je sais pas vous... mais j'ai peur.
               Personne ne répond, je ne peux qu'interpréter ce silence. Le silence est la meilleure des réponses, tu l'interprète comme tu veux, ça veut tout dire.

               Une heure est passée, je suis restée dehors alors que tout le monde est à l'intérieur. Berlin me rejoint et s'assoit sur la chaise à côté de moi.
- Toi tu n'as pas peur, je lâche.
- Parfois j'aimerais, dit-il. Savoir ce que ça fait de regretter. Pourquoi as-tu peur ?
- On va survivre... ce ne sont que des mots. J'ai peur de te perdre Andrès...
- Je ne partirais pas, pas tout de suite.
- Ces quartes derniers mois m'ont prouvés que j'avais besoin de toi.
- Non.
- Non ?
- Tu n'as besoin de personne. Crois en toi. Juste en toi.

Fourgon, une route de campagne, quelque part.

               Le fourgon s'arrête brusquement. Un sourire s'affiche sur mes lèvres, j'ai eu le temps d'ouvrir les menottes. L'agent a un mouvement de recule en voyant mon sourire. Je ne peux m'empêcher de rire, c'est sûrement un des plus beau jour de ma vie. Il ne me suffit que de quelques coups bien placés pour que l'officier s'écroule et perdre connaissance. Mes amis me regardent, surpris. Quoi ? Il ne faut pas croire que le Professeur est venue me chercher parce que j'étais jolie.
               Les portes de van s'ouvrent. Et devant moi apparaissant Julio et Gabriella. Julio est mon meilleur ami, il est grand et baraqué, et malgré les apparences, il n'aime pas la violence. Il a un regard ténébreux et il est très théâtral.

Gabriella, elle, est encore plus belle que dans mes souvenirs

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Gabriella, elle, est encore plus belle que dans mes souvenirs. Ces longs cheveux blonds tombent sur ses épaules, et ses lèvres fines affichent un sourire satisfait.

               Nous sortons et je détache mes amis

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               Nous sortons et je détache mes amis. Il est trop tôt pour se réjouir, on a encore du boulot. J'attrape le M-16 que me tend ma sœur et nous montons sur les motos. Je refuse que Berlin monte avec une autre femme que moi, il se retrouve donc derrière, même si il a du mal à admettre que n'est une femme qui le conduit. Je rentre à la maison. Sur le chemin du hangar je pense à Lisbonne. Elle est restée là bas, je ne saurais jamais si elle nous a trahie ou si elle s'est fait piégée.  Berlin se tient à moi, ce qui me rappelle que nous allons devoir aller chercher nos enfants en Italie. J'explore toutes les possibilités, mais j'en viens à la conclusion que c'est au Professeur du prendre cette décision. C'est lui le cerveau.
               Nous arrivons au grand hangar où se trouve le QG du groupe. Le groupe avec un grand G. On descend des motos une centaine de mètres avant pour les cachés et il est venu le temps des retrouvailles. Je regarde ma petite sœur et ses cheveux blonds comme les blés et je me souviens à quel point je l'aime. Je me jette dans ses bras et là serre fort contre moi, pour qu'elle ne parte plus jamais. Puis c'est Julio que j'embrasse, j'ai l'impression qu'il est encore plus baraqué qu'avant. C'est un peu gênant de le retrouver, ça a été mon premier amour. Puis je serre le Professeur. Lui aussi a souffert, et je pense qu'il ne sait pas, non plus, si Raquel nous a tous piégé.
               Mes anciens amis me souhaitent la bienvenue. Mais il est temps d'entrer. Je me dirige, lentement, vers les grandes portes qui s'ouvrent face à moi. J'ai l'impression d'être une prisonnière. Ils ont du changer en autant de temps. Et ça me fait peur, j'ignore si je serais accueillie en conquérant ou en lâche. Maintenant c'est trop tard pour faire demi tour. Je rentre dans l'entre des voleurs, doucement. Certains applaudissent, d'autre voient Silène et se rétractent. Je rigole quand les anciens viennent me dire bonjour.
- Salut tout le monde ! je dis en haut d'une estrade. Merci d'être venu nous aider !
               Ils crient en tapant des mains.
- Vous êtes tous des Dali ! Mais on a pas encore fini ! Je vous présentent mes amis. Ivana c'est fini, je m'appelle Londres ! Et c'est Berlin qui reprend les commandes.

Loᥒdrᥱs Dᥱ Foᥒoᥣᥣosᥲ - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant