Une vie au bout du fil

Prologue

Tom se réveilla en sursaut par l'horrible sonnerie de son smartphone qui retentissait encore du fond de la poche de son jean. Il regarda l'heure sur son réveil et sembla surpris que quelqu'un tente de le joindre à plus de quatre heures du matin. Il se leva, la tête dans le brouillard.
Probablement à cause de la bouteille de rhum qui traînait sur sa table de nuit et dont il ne restait que de minces petites gouttes. Nu comme un ver, il prit son téléphone, le déverrouilla et découvrit stupéfait que c'était un numéro inconnu qui tentait de le joindre.

Il voulut refaire ce numéro tout en retournant sous sa couette encore chaude, mais aussitôt, il reçut une notification l'informant d'un nouveau message sur son répondeur. Il activa le haut-parleur et enclencha sa boite vocale.

« Bonjour, vous avez un nouveau message. Reçu aujourd'hui à 4h28. »

« Salut...c'est moi. Je... Je voulais m'excuser pour tout. Les ennuis que j'ai pu te causer et...
Et surtout le mal que j'ai pu te faire durant toutes ces années. On ne peut pas dire que je sois douée pour les relations humaines et je le suis encore moins en amour. Je regrette tellement ma façon d'être avec toi... Qui je suis avec toi... Comment te dire que depuis quelques semaines, je suis las de vivre. Je n'ai ni foi ni espoir en l'humanité et encore moins en moi-même. Je suis perdue, noyée sous un flot de questions existentielles qui me pourrissent la vie. Je ne suis pas heureuse, car je ne sais pas apprécier les moments de bonheur que la vie m'offre. Je ne suis satisfaite de rien et ne croit en rien. J'ai décidé d'en finir Marc.
Je ne tiens plus dans ce monde, dans cette vie. J'aurais tellement voulu que les choses se passent différemment. Plus simplement ou peut être que c'est moi qui suis trop complexe. Je n'ai plus envie de vivre, d'ailleurs je n'ai jamais réellement eu l'envie d'exister. J'aurais aimé te dire adieu, mais peut-être est-ce plus simple que tu n'aies pas répondu. Après tout, pourquoi tu m'aurais répondu ? Je te comprends tellement...
Même si je ne te l'ai pas assez dit quand nous étions ensemble, je t'aime Marc. Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde... J'ai préparé une fiole de ce que nous avions découvert il y a deux ans. Je vais l'avaler et j'en suis par avance désolée. »

« Pour rappeler votre correspondant tapez un, pour archiver... »

Il appuya instantanément sur le chiffre en espérant qu'il ne serait pas trop tard. Même si ce message ne lui était pas destiné et qu'il ignorait qui était cette femme, il ne pouvait pas ne rien faire. Toute sa vie, il avait été médiocre et avait fait du mal autour de lui donc il n'hésita pas avant de taper sur le chiffre « un ».
Peut-être que lui venir en aide était pour lui le meilleur moyen de trouver la rédemption. Pourvu qu'il ne soit pas trop tard, pensait-il.

De l'autre côté des ondes, se trouvait une maigre jeune femme. Assise sur son divan qui était posé devant une table basse où se dressait un capharnaüm de papiers, magazines et cochonneries diverses à grignoter. Pour dire vrai, l'appartement entier était dans cet état. Elle tenait un petit récipient dont elle faisait onduler le liquide orangé. Sur un magazine psychologique, son portable en était à la huitième sonnerie.

Elle ne voulait pas répondre, mais la curiosité et l'espoir d'entendre Marc une dernière fois la saisit... Que devait-elle faire ?

Reposer la fiole de poison et répondre au téléphone ou l'avaler et advienne que pourra. Sa raison hésitait tout autant que son coeur qui ne voulait battre qu'un jour sur deux. Elle posa son regard sur le précieux liquide puis sur le téléphone qui vibrait encore.
Enfin, son regard se plongea dans le reflet que lui renvoyait le miroir qui se trouvait face à elle. La demoiselle se trouvait pathétique. Comme si elle voulait se donner du courage, elle s'esquissa un léger sourire.
Sa décision était prise.