Je t'aurai bad boy ! - Bad Boy Tome 2

Chapitre 34

 PDV Zoé

- On tourne, et 1, 2, 3, et on saute, très bien Mesdemoiselles. Plus tendues les mains Zoé. Parfait. Et on saute. Et ...

Mon corps bouge au rythme de la voix de mon professeur. Je connais les mouvements par cœur, la musique sur le bout des doigts. Je danse presque sans y penser. Chaque pas est millimétré, chaque doigt à sa place, chaque mèche de cheveux aussi. Tout doit être parfait, à sa place. Pas de place pour l'improvisation, pas de place pour les erreurs. Une ballerine se doit d'être parfaite. Pour faire passer l'émotion, pour faire comprendre l'histoire, pour faire briller les yeux.

Des étoiles, qui ne doivent pas laisser leur lumière vaciller.

Alors bien que mon cœur soit ailleurs, je mets toute mon âme dans la danse. J'ai fini par m'y plonger pleinement en espérant penser un peu moins à la douleur qui m'habite. C'est au moins efficace le temps où les chaussons entourent mes pieds. Le reste du temps par contre...

C'est comme si je tombais au fond d'un gouffre. Sauf que la fin n'arrive jamais. Je m'enfonce, encore et encore, me demandant si la chute cessera un jour. Même si j'ai la fâcheuse impression que ce ne sera jamais le cas.

Au début, je ne pensais qu'au passé, qu'à ce que j'avais perdu. Tous les instants avec lui, où je pouvais profiter pleinement de sa présence, au sens propre comme au figuré. Maintenant, je me mets à me blesser moi-même, en imaginant qu'une autre à peut-être pu profiter des bras desquels on m'a chassé. Ou profitera un jour. Je m'imagine sur le côté, à regarder une autre que moi avec lui, et je souffre encore. Comme si tous les souvenirs n'étaient pas assez douloureux, je me rajoute de la peine. Et je suis sûre que je peux faire encore mieux, attendez de voir.

Je range mes pointes dans mon sac, bien à l'abri pour ce soir. Le grand jour est arrivé, et après cette dernière répétition, la prochaine fois que j'effectuerai ces mouvements, je serais sur une scène, devant une multitude de yeux braqués sur moi et le moindre de mes faux pas. Je pourrais dire que je stresse de me retrouver dans cette situation, mais ce n'est pas le cas. La seule chose qui m'angoisse, c'est de ne pas savoir si il sera ou non dans la salle, à me regarder. Le gang, Lucy, Jérémy, ma mère, Marcus, Innaya et même Florence, tous seront présents ce soir. Mais lui ? C'est sa présence, que je veux. Ses yeux sur moi. Je veux voir une nouvelle fois ce regard qu'il porte sur moi quand je danse. La chaleur qu'il me transmet, l'envie qu'il fait naître en moi.

Je rentre chez Marcus en traînant des pieds, voulant reculer le plus possible le moment où je me retrouverais sur scène, à constater son absence. Au fond c'est stupide, puisque le temps ne va pas ralentir parce que je marche moins vite.

Je devrais peut-être dire que je rentre chez moi. Car c'est maintenant ma maison. Marcus a tout fait pour que je m'y sente bien. Une grande chambre, sa propre salle de bain, une grande armoire. Il m'a laissé décorer le tout comme je le voulais, répondant à la moindre de mes envies. Quand je suis arrivée, les murs blancs m'ont laissé tout le loisir de faire la pièce selon mes goûts. J'ai passé des journées entière à la repenser, ce qui m'a permis d'alléger un peu mon esprit pendant ce temps.

J'y ai fait un vrai nie douillet, et j'en suis plutôt fière, même si j'aime tout de même revenir de ma chambre chez ma mère. La situation se passe mieux que je n'aurai pu l'imaginer. L'infirmière d'Inna se trouve être la sœur de Florence, que l'on voit encore quand Innaya se rend aux ateliers de groupe. Tout se passe super bien avec elle, Marcus s'occupe très bien de nous, et ma mère gère aussi très bien le temps où elle nous a avec elle. Au final, on est presque plus heureux que quand la famille était réunie. Comme si les choses devaient se dérouler exactement de cette façon.

J'ai tout pour être heureuse. Une famille qui marche bien, des amis géniaux, je fais ce qu'il me plaît, j'ai un rôle dans le spectacle. Mais je ne l'ai pas, lui. Alors c'est comme si je n'avais rien.