homophobic | kookmin

chapitre vingt-quatre 💊

[— Toujours rien... J'vais faire un dernier tour dans le quartier. Mais, toi tu rentres.

— J-je vais t-t'aider encore u-un peu...

— S'il-te-plait rentre, Jiminie... t'as besoin de te reposer.

— J-j'arriverai pas à-à dormir de t-toutes façons.

— Rosie, s'il-te-plait. Il va refaire surface une fois calmé. Et t'es mort de fatigue, j'insiste. Même si tu ne dors pas, tu peux pas rester dehors dans ton état.

— D-d'accord, mais e-et toi ?

— Moi ça va. Je vais chercher encore un peu, je te tiens au courant. Envoie-moi un message quand tu es rentré. Essaie de te reposer.

— Mmh...

— Ne te fais pas de soucis pour lui Rosie...

— Mmh...]

Je raccroche avant de fourrer ce foutu téléphone dans ma poche arrière.

Ce putain de téléphone qui ne sert à rien. À rien tant que Jungkook n'a pas le sien pour me répondre.

Dans un geste empli de rage, j'essuie les larmes qui n'ont cessé de creuser mes joues ce soir. Elles ont fini par avoir raison de moi, en dévorant toute once d'espoir.

J'ai sillonné les rues du quartier, parcouru une dizaine de fois la distance qui sépare l'appartement de Jungkook au studio de danse dans l'espoir de l'y croiser, en vain. Il n'est nulle part.

Mes pas me guident d'eux-mêmes jusqu'à chez moi. D'une démarche nonchalante et abattue, je me résigne à abandonné les recherches.

La soirée défile en boucle dans mon esprit, me torturant un peu plus à chaque fois, pointant du doigt les erreurs que j'aurai pu commettre. Si seulement j'avais fait un peu plus attention à lui, peut-être que j'aurais pu éviter tout ça.

Les yeux irrités et les muscles endoloris, je pousse paresseusement la porte, qui me parait si lourde aujourd'hui, de mon immeuble. Sans Jungkook.

Tout ce que je veux c'est qu'il aille bien.

Pour la énième fois ce soir, une douleur assiège ma cage thoracique et m'empêche de respirer convenablement. Ma gorge se resserre elle aussi, et mes yeux picotent avant de s'embuer. Sans que je puisse les retenir plus longtemps, des sanglots me secouent et résonnent dans la cage d'escalier. La manche de la veste de Jungkook vient vite les étouffer.

La culpabilité me ronge à petit feu. Ce que j'ai pu déchiffrer dans le regard de Jungkook fait mal, très mal.

Je gravis péniblement les marches, luttant contre cette douleur qui étreint maintenant tout mon corps, comme si une force invisible me poussait à faire demi-tour. Comme si mon corps lui-même refusait que je rentre sans lui, que je l'abandonne derrière moi.

La vision brouillée par les larmes, je distingue à peine mon couloir quand j'y fais face. D'un pas lourd, je me dirige jusqu'à ma port, sans aucun entrain.

Et mon corps loupe un battement quand je crois reconnaitre une masse assise devant ma porte.

Je balaie rapidement l'eau qui m'empêche d'y voir clair.

Jungkook.

Là, sur mon pallier.

Mes bras se tendent dans sa direction avec impatience, envie, besoin. Mais, suite à un éclat de lucidité, je me retiens. Mes pieds s'enfoncent dans le sol avant de me happer tout entier. Un déluge d'émotions s'abat sur moi et me tétanise, là, à quelques mètres de lui.