Inflamed (Sous Contrat Chez Addictives)

8/ Brody (2)

Devant le portail, je me creuse les méninges pour retrouver le code, puisqu'elle me l'a donné le soir où je l'ai rencontrée. Une fois les grilles passées, je sonne à la porte d'entrée, comme un habitué. Ou un dingue. Au choix. Mais j'ai besoin de tirer ça au clair avec elle.

— T'as oublié quelque ch...

Sa phrase reste en suspend tandis qu'elle entrouvre la porte. Sans maquillage, sa beauté est saisissante, sauvage. L'ardoise de ses iris fait ressortir son teint diaphane et lui confère une aura presque mystique. Comme s'ils étaient pourvus d'une volonté propre, mes yeux se baladent le long de son corps. Ses cheveux remontés dégagent sa nuque et distillent une violente bouffée de désir allant de pair avec la colère dont je n'arrive pas à me départir. Son T-shirt blanc ne cache pas grand-chose de son anatomie, et je ne parle même pas de son short. Je déglutis péniblement et tente de centrer mes pensées. Je suis là pour une raison bien précise.

— Je ne te dérange pas ? T'as fini de me reluquer ? demande-t-elle en s'effaçant du seuil.

Elle ne m'invite pas à entrer, mais laisse la porte ouverte pour que je puisse pénétrer dans la maison. Elle enfile un gilet par-dessus son T-shirt mais qui ne couvre pas réellement son corps.

— Comment tu es entré et qu'est-ce que tu fiches ici ?

Cette fois, elle semble passablement énervée, c'est suffisant pour retomber dans la réalité.

— La maquette.

Elle hausse un sourcil et croise les bras, attendant indubitablement la suite.

— Il est hors de question de sortir le titre comme ça.

Ma voix reste calme, mais gronde de façon non équivoque.

— Je te trouve bien présomptueux pour un gars qui veut se hisser au sommet, lance-t-elle en se dirigeant vers la cuisine.

Elle reste stoïque et ne pratique pas de surenchère. Tant mieux, il n'y aurait rien de pire pour me faire monter au créneau.

— Parce que ce n'est pas comme ça que j'y arriverai ! Tel quel, le titre est juste quelconque. Je ne veux pas être associé à ça. Je préfère en rester là.

— Rien que ça ?

Rectification : je préférerais qu'elle me contre.

Elle me tend un verre d'eau et s'installe sur le canapé.

— Où est le problème ?

— Où est...le...problème ?

— Précisément, j'entends.

Elle souffle et se retient de rire.

— Mais... tout ! Le rythme pour commencer. Beaucoup trop rapide. Ta voix qu'on entend à peine. Je...

Je me passe la main dans les cheveux et me laisse échouer à ses côtés.

— Brody, il y a tout un système autour de ça. Une analyse du marché, des tendances. Tout est pensé pour que le titre fonctionne.

— Il ne marchera pas comme ça. S'il te plait...

— Quoi ? Que veux-tu que j'y fasse ?

— Est-ce qu'on peut essayer à ma manière ?

— Je n'aurais pas le dernier mot...

— Bien sûr que si. Et je ne te demande qu'un essai, OK ?

Elle porte le verre à ses lèvres, puis bascule la tête vers l'arrière sur l'accoudoir, le regard vers le plafond.

— J'ai un piano ici, mais bon, Hank n'acceptera pas de piano voix, il faudrait quelque chose de plus rapide.