Chapitre 3

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Elle alla s'asseoir au piano et commença à jouer. Mais jouer ne lui suffisait pas, elle était incapable de se concentrer. Elle changea de morceau et en joua un plus simple, pour qu'elle puisse réfléchir tout en jouant. Elle finit par se décider. "Tu m'entends ?"

Archibald se sentit soudain soulagé. La voix timide de Mélodie venait de résonner dans son esprit. Il recommença à entendre ses pensées. Et lui répondit : " Oui. Ne fait pas exploser la salle s'il te plaît...". Il avait dit ça d'un ton plein d' humour, mais il craignait tout de même les éclats de colère de Mélodie. "Je ne vais pas faire exploser la salle ! Quoi que... C'est tentant... ''
Archibald retint sa respiration. Mélodie ayant vu le silence d'archibald, éclata de rire. Le rire cristallin de Mélodie détendit tout à fait Archibald. Lui qui avait tant d'humour ! Comment avait il fait pour ne pas déceler l'ironie de la voix de Mélodie ? Il éclata de rire lui aussi, mentalement. Cette manière de communiquer lui semblait parfaitement naturelle, comme si cette capacité avait toujours sommeillé en lui et que la présence de Mélodie l'avait fait se réveiller. Il lui demanda comment c'était possible qu'il puisse parler comme cela, par la seule force de sa pensée, comment elle faisait pour tous ses pouvoirs ! Il ne s'arrêtait plus de lui poser des questions. À chaque fois elle lui répondait comme elle pouvait, mais aucune réponse claire ne sortait jamais. Elle lui enseigna comment prendre du recul dans son esprit et comment mettre de côté les pensées qu'il recevait absolument tout le temps. A la fin des deux heures de cours, il avait très mal à la tête, mais il n'entendait plus le flux incessant de pensées qui l'avait empêché de vivre la semaine passée. Mélodie, qui le voyait mal en point, lui guérit son mal de tête et dût partir pour rentrer chez elle. Il voulut qu'elle lui montre comment elle se teleportait et elle s'exécuta, disparaissant en un instant.
Il ne savait plus quoi penser. Sa vie venait de basculer dans un autre monde fascinant dont il voulait tout comprendre. Mais avant, il devait absolument... Dormir. Il s'écroula sur son canapé et s'endormit immédiatement.
La nuit fut sans rêves pour l'un comme l'autre. Lorsqu'elle se réveilla, Mélodie était en retard. Elle courut pour avoir son bus, elle courut pour avoir son métro, et elle courut pour arriver dans la cour avant que l'école ne ferme ses portes. Arrivée inextremis et complètement épuisée, elle fut prise d'un interminable fou rire, à la pensée de ses dons, qui ne lui étaient vraiment d'aucune utilité parfois. Elle était trempée de sueur, alors qu'elle pouvait se teleporter. Malheureusement, ne connaissant personne dans le lycée, elle ne pouvait pas s'y rendre par teleportation. Son fou rire incessant n'améliora pas sa réputation de folle à lier, mais elle ne s'intéressait pas à ce que pensaient les autres. Ses seules préoccupations étaient les cours de musique et les cours au lycée. Pendant le cours de mathématiques, elle s'ennuyait tant, qu'elle décida d'essayer de contacter Archibald par la pensée. Elle se concentra et lui dit bonjour. Pas de réponse. Elle se dit qu'il devait être trop loin. Le professeur écrit un calcul interminable au tableau et Mélodie regardait avec attention les particules de craie se déposer sur le grand tableau noir. Elle essaya de dessiner quelque chose sur son cahier. La veille, en rentrant de son cours de musique, elle avait vu une feuille sur une vitrine, où il était dessiné un magnifique pégase. Elle entreprit de le dessiner. Le cours de mathématiques passa très vite et elle continua à dessiner pendant le reste de la journée. Elle ne voulait manquer aucun détails. Lorsqu'elle le voulait, elle savait se faire oublier. Des lors, elle savait que le professeur et les autres élèves n'avaient plus conscience de sa présence. À la fin de la journée, elle décida de finir le dessin chez elle, et rentra. Elle le finit à la 20eme heure et se dit qu'il manquait quelque chose à son dessin.
Puisant dans son imagination, elle essaya de faire bouger le pégase sur la feuille. Il prit vit et entreprit de s'envoler autour de la chambre. Émerveillée, elle le regarda faire des pirouettes dans la chambre. Il ne souhaitait visiblement pas s'arrêter, elle le laissa donc toute la nuit dans sa chambre.

Archibald était très fier de sa moto. Il l'avait achetée deux semaines avant et il avait décidé d'amener Mélodie à son lycée ce matin la. Il était 6 heures trente, et il attendait devant le foyer. Quelques flocons de neige immaculés flottaient dans l'air, et le vent faisait grelotter Archibald. Elle arriva dans l'allée principale et semblait en grande discussion muette avec une entité invisible, qui était à côté d'elle. Lorsqu'elle vit Archibald, elle arreta d'un coup ses gesticulations et rougit. Tandis qu'elle s'approchait, il discerna une sorte d'oiseau qui virevoltait autour de Mélodie. Elle jeta un regard exaspéré à l'oiseau et il partit dans le ciel nuageux.
"C'est quoi comme oiseau ça ?" demanda Archibald
"c'est pas un oiseau c'est un pégase que j'ai dessiné. Il s'appelle Norbert. "
Archibald la regarda un grand sourire aux lèvres, persuadé que c'était une farce. Elle le regarda, et lui expliqua comment le pégase avait prit vie, et comment il avait décidé d'être son animal de compagnie. Elle semblait si exaspérée par son animal qu'archibald peinait à se retenir de sourire. Elle le remarqua et proposa de monter à moto pour qu'elle aille en cours. Elle monta juste derrière Archibald et lui enserra la taille. Il partit très vite et elle fut obligée de se serrer contre lui pour ne pas tomber. Il en était ravi mais n'en montrait rien. Arrivés devant le lycée, les cheveux tout emmêlés et le nez rougit par le froid, elle lui dit au revoir. " Mais de rien Mel." dit il en l'embrassant sur le front. Il sourit et repartit, non sans lui avoir fait un clin d'œil.
Mélodie rentra en cours, rouge comme une pivoine mais radieuse. Comme elle avait hâte de retourner au cours de musique !
Melodie rentrait à pied chez elle, estimant qu'elle devait réfléchir un peu. Archibald occupait toutes ses pensées. Elle ne faisait pas attention à Norbert, qui était revenu et qui volait autour d'elle en de gracieuses arabesques. Passant près d'une rue sombre, un homme l'interpella. Elle se retourna et le fixa. L'homme était parfaitement normal. À un détail près. Ses yeux étaient dorés.

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