Chapitre 5

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Elle fit un rêve très étrange. Elle se trouvait derrière une vitre et elle regardait un spectacle absolument monstrueux. Caleb était torturé sur une chaise en fer. Il était dans une salle blanche, sans doute dans un laboratoire. Des scientifiques voulaient étudier sa résistance à la douleur en tant que mutant. Elle ne savait pas d'où elle le savait mais elle le savait. Des cicatrices zebraient le dos de Caleb et elle dut se retenir de ne pas hurler. Des larmes coulaient sur ses joues. Lui ne se retenait pas. Sa souffrance résonnait dans ses cris et elle se prit la tête à deux mains pour essayer de lutter. Une décharge énorme lui fut envoyée. Il hurla et toute la pièce vola en éclat. Tout autour de lui n'était que cendres. Mélodie avait l'impression d'avoir été percutée par un bus. Un laboratoire entier venait d'être détruit. Les yeux de Caleb étaient lumineux. Il n'y avait pas d'autre mot. Lumineux. Soudain, ses yeux s'éteignent et il s'effondra. Il touchait le sol quand elle se réveilla en sursaut.
"Mel ! Mélodie! Mel réveille toi ! Ah enfin ! Tu m'as fait peur !''
Elle se blottit dans ses bras et commença à pleurer. Il n'essayait pas de se dégager et elle y resta le plus longtemps possible. Elle avait eu si peur ! Tout semblait si réel !
Elle essaya de calmer sa respiration. Il lui demanda ce qu'elle avait vu et elle éluda la question en se remettant à pleurer. Caleb ne savait plus quoi faire. Quand elle se fut calmée, elle voulut retourner voir le foyer une dernière fois, alors, ils partirent en voiture vers le foyer. Quand ils arrivèrent, elle ne put retenir un hoquet d'horreur. Ses jambes ne la portaient plus. Elle se serait effondrée sans Caleb qui la soutint et la fit s'asseoir sur un banc. Elle mit plusieurs minutes à se calmer. Des larmes coulaient à torrents sur ses joues et elle tremblait. Les cendres ressemblaient trop à celles du cauchemard. Elle ferma les yeux comme une enfant, en espérant que tout soit faux. Le pouvoir nécessaire pour détruire tout ce manoir était inimaginable. La personne ayant fait ça devait être tellement puissante !
Caleb savait qu'ils ne devaient pas rester la. Les personnes qui avaient fait ça ne devaient pas être loin. Il prit Mélodie par le bras et lui ordonna d'aller chez Archibald. Elle acquiesça et se teleporta.

Caleb hésitait. Deux jours plus tôt il n'aurait pas hésité. Son devoir était de protéger la population et il devait aller tuer l'auteur de cette catastrophe. Depuis qu'il avait rencontré Mélodie, il était redevenu l'adolescent de 17 ans qu'il avait mis tant de temps à enfouir sous un caractère mystérieux et fermé. Il finit par se décider. Il partit pour tuer le mutant qui avait fait ça.

Archibald sursauta lorsque Mélodie apparut dans son salon. Il allait lui faire un commentaire sarcastique sur le fait que les sonnettes existaient mais il se ravisa. Des larmes coulaient sur les joues de Mélodie. Il lit dans ses pensées et fut submergé par tant de tristesse et de terreur. Il ne parvenait plus à réfléchir. Tout dans son esprit n'était que pensées noires et peur. La peur. La peur qui le faisait trembler. Sous le coup de la terreur et du mal, tout ce qu'il réussit à articuler fut : '' Mélodie je t'en prie arrête tes pensées ! Je ne peux pas supporter, je n'y arrive pas ! Arrête les ! ''

Entendre ces paroles fut comme un déclic pour Mélodie. Ses pensées se fermerent toutes seules, d'un coup. Archibald s'effondra sur le canapé. Le souffle court, elle s'approcha de lui. Il tremblait. Des gémissement étouffés par un coussin la firent culpabiliser. Les tremblements s'intensifient et elle commença à s'inquiéter vraiment. D'un coup il hurla et elle bondit de frayeur à plusieurs mètres. Les hurlements d'archibald étaient étranges. En fait, ils ressemblaient beaucoup à un rire. Archibald était mort de rire. Un sourire jusqu'aux oreilles, il ne parvenait pas à s'arrêter de rire. Des larmes coulaient de ses yeux et il se tenait le ventre tellement il avait mal, à force.
Quand il croisa le regard de Mélodie, à la fois effrayée et en colère, il ne put se retenir et son fou rire repartit. Au bout de quelques minutes, il parvint à s'arrêter et s'essuya les yeux. Elle était en colère mais ne parvenait pas à être sérieuse. Elle s'assit à côté de lui, épuisée par tant d'émotions, et éclata de rire à son tour. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas ri vraiment. Elle se leva et alla faire à manger. Quand elle se retourna, Archibald était à l'envers, sur son fauteuil, les pieds en haut et la tête en bas, le corps en angle droit.
'' Mais qu'est ce que tu fais ? '' elle lui demanda en riant. '' Je regarde le monde pour voir s'il est plus étrange à l'envers qu'à l'endroit.
- Et tu en conclus quoi ?
- Que j'ai vraiment très mal à la tête. ''
Elle sourit et il lui sourit aussi. Elle se retourna en rougissant pour finir de préparer à manger.
Elle tentait de se concentrer sur la préparation du repas mais ses pensées partaient toujours vers son foyer et la chose qui l'avait détruit. Elle était sûre que cela avait un rapport avec Caleb puisqu'elle l'avait vue dans son rêve.
Quelque chose lui chatouilla la nuque. Elle y mit vivement sa main, lorsque celle ci frappa violemment la tête d'archibald qui voulait lui faire peur. Il cria de surprise, un sourire jusqu'aux oreilles. '' Que de réflexes, que de réflexes ! Si on peut même plus te surprendre ça va être compliqué de te faire rougir comme avant ! ''
Elle rougit. Elle rougit encore plus en voyant le sourire d'archibald s'étirer. La voyant se trouver  soudain une particulière attention pour ses lacets de chaussures, Archibald mit fin au supplice en allant manger. Il passèrent un après midi en ville, comme deux adolescents normaux. Elle à rougir et lui à rire. En rentrant, elle avait pu se mettre les idées au clair. Elle ne savait pas ce qu'il s'était passé la veille au foyer mais elle préférait laisser Caleb s'en occuper.
À cette pensée, une pointe de culpabilité vint l'empêcher d'être raisonnable. Elle décida de faire ce qu'elle hésitait à faire depuis que Caleb l'avait quittée.
Elle décida de le retrouver pour l'aider comme elle le pouvait. Elle ne voulais pas qu'il se mette en danger sans qu'elle ne fasse rien pour l'en empêcher. Cette décision était difficile mais elle sentait qu'il aurait besoin d'elle, d'une manière ou d'une autre.
Archibald voulait lui aussi l'aider. Il se promit de faire tout son possible.
'' Non.
- Comment ça non ? Mais je veux t'aider moi !''
Archibald était dépité. Il était sur qu'elle allait accepter et elle lui avait refusé ça !
'' Je ne dois pas te mettre en danger. C'est tout. ''
Elle se teleporta. Archibald, ne s'attendant pas à cette décision si rapide, lâcha, avec un sourire amer : ''C'est qu'elle doit vraiment l'aimer son Caleb pour me laisser en plan comme ça...''
Lorsqu'elle se téléportait, Mélodie fermait les yeux une demie seconde puis, lorsqu'elle les rouvrait, elle se trouvait à sa destination. Or là, quand elle ouvrit les yeux, une immensité gris foncé s'étalant autour d'elle. Elle ne flottait pas, elle ne marchait pas non plus. Elle n'était pas matérielle. En regardant autour d'elle elle le vit. Lui. Avec son regard, doré et bleu. Celui qui l'avait tant fait souffrir. Quelque chose lâcha dans son esprit.

Je ne comprend pas ce qui m'arrive. Ces deux personnes sont tellement gentilles. Je ne peux pas choisir mais j'en ai envie. N'est-ce pas là un sentiment de sadisme ? Pourquoi suis je devenue comme ça !? Comment ai-je pu devenir comme ça ? Je voudrait pouvoir faire du mal à quelqu'un. Mes pas à eux. Non. Il ne faut pas que je me venge sur eux. Je dois résister. Mon esprit a trop changé depuis que je suis entrée dans ce nouvel univers. Je ne dois pas. Je ne veut pas. Je ne peux pas. Il faut que j'aille faire du mal à la seule personne qui le mérite ici. C'est à cause de lui que j'ai changé. Il faut que je le tue. Il faut qu'il souffre. Je veux qu'il souffre. Ma rancœur est trop forte pour être retenue par un quelconque sentiment de pitié. J'ai toujours la main tendue entre mes deux amis. Je sais qu'il m'envoie de la haine. Il partage ses sentiments avec moi. Je la redirige juste vers lui. Vers la cause de tous mes problèmes. Cela paraît si simple. Ces deux personnes. Je ne pourrait jamais le faire. Jamais.
Je tend le bras. Pointé sur le mur entre mes deux amis. Je ferme les yeux et murmure :
'' Je suis... désolée... ''
Je tend mes deux mains vers la vitre teintée qui me séparait de mon destructeur. Et je déchaîne ma haine. Mon pouvoir plein de haine parcourt mes bras. Jusqu'à mes doigts.
Je ne peux pas. Je dois savoir. Lui seul peut me le dire. Me le montrer.
Il le sait. Il me regarde à travers la vitre. Un sourire satisfait sur le visage. Ses yeux de différentes couleurs. L'un bleu, l'autre doré, me terrifient. Je regarde mes amis. Il me regardent d'un air suppliant. Des larmes coulent sur mes joues. Mes yeux brillent. Ils s'éclairent d'une lueur dorée. D'un claquement de doigts, sans même leur jeter un regard, je prend la vie de mes amis. Mes seuls amis. Tués. À jamais. Par moi. Une larme tombe sur le sol. La mienne. La vie de mes amis m'emplit et renforce mon pouvoir. À travers les hauts parleurs, on me dit que c'est fini. Et mes yeux se ferment alors que je m'écroule.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 26, 2019 ⏰

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