Elle fixa l'homme pendant plusieurs secondes mais il ne bougea pas d'un pouce. Il était plutôt jeune, elle ne l'avait pas remarqué mais il devait avoir son âge. Elle regarda autour d'elle et s'approcha. Le jeune homme l'intriguait. En fait ses yeux n'étaient pas complètement dorés. Il avait un œil doré et l'autre était bleu clair. Elle s'approcha.
Il lui fit signe de le suivre sans un mot. Il avait une valisette près de lui. Il la fit leviter au lieu de la porter et Mélodie fut surprise par tant de désinvolture. Norbert vint se poser sur la valisette et, sans s'inquiéter le moins du monde, suivit le jeune homme. Mélodie suivit aussi, à quelques pas d'écart. Cet individu l'intriguait. Elle n'avait jamais été aussi imprudente mais tout chez cette personne l'invitait à lui faire confiance, sans qu'elle sache pourquoi. Ce sentiment l'agacait. Elle se mit à sa hauteur et le regarda avec attention. Il avait la peau mate et les cheveux bruns foncé. Il était très grand. Au moins une tête de plus que Mélodie. Elle se décida et essaya de lui parler par télépathie.
" Où est ce qu'on va ?" elle avait pris une voix douce pour ne pas le brusquer mais il lui repondit laconiquement qu'elle allait bientôt le voir d'elle même. Merveilleux. Une dizaine de minutes de marche silencieuse plus tard, ils débouchent dans une petite allée.
Ils entrèrent dans une étroite maison de plusieurs étages. À l'intérieur, une dizaine de personnes s'activaient pour préparer le repas. Mélodie se stoppa net. Les assiettes volaient à travers la pièce ainsi que les plats et les couverts. Prise d'un vertige soudain, elle cherchait quelque chose à quoi s'accrocher losque quelqu'un prit sa main. C'était le garçon qui l'avait conduite ici. Elle rougit et retira vivement sa main. Il pris la parole à travers la pièce, par télépathie. Il la présenta et Mélodie s'étonna d'entendre qu'il connaissait son prénom et son âge, ainsi que ses pouvoirs. Elle le laissa continuer son discours, devenant de plus en plus rouge au fur et à mesure que tout le monde la deviseagait. Quand il eut fini, tout le monde lui souhaita la bienvenue et chacun retourna à ses occupations si bien qu'elle se retrouva seule, sans rien à faire. Elle regarda la pièce. Au fond du salon se dressait un grand piano à queue et elle s'y dirigea. C'était le seul élément qu'elle comprenait dans cette pièce, alors elle se mit à jouer.
Elle sortit le recueil de Chopin de la poche de son grand manteau et en joua plusieurs morceaux. Tous dans la pièce se turent pour écouter les morceaux. Le temps paraissait comme suspendu. Elle continua à jouer jusqu'à ce que les battements de son cœur ralentissent et que sa respiration reprenne un rythme normal. Losque ce fut fini, elle se retourna lentement et vit une fille blonde, de 11 ans qui s'approcha en lui souriant et s'assit près d'elle. Elle commença à jouer au piano un morceau très énergique. Mélodie se joignit à elle et elles jouèrent ensemble jusqu'au repas. Elles plaisentèrent un peu ensemble pendant le repas mais Mélodie était timide et elle n'osa pas vraiment poser trop de questions. Elle s'appellait Louise.
'' Comme c'est bien que tu sois là ! Je suis là seule de la maison à jouer du piano et personne ne veut apprendre ! '' fit elle avec une moue boudeuse. Mélodie éclata de rire et lui ebourrifa les cheveux. "Moi aussi je suis contente d'être là !"
Louise avait des yeux bleus, les cheveux blond platine et un visage fin. Elle ne cessait jamais de parler et Mélodie finit par avoir mal aux joues tant Louise la faisait rire. Le repas dura jusqu'au milieu de la nuit et elle finit par partir, les yeux tombant de fatigue. Elle rentra chez elle le soir même sans avoir revu une seule fois le garçon qui l'avait conduite jusqu'ici.
Complètement exténuée par les événements, elle s'écroula de fatigue et s'endormit en quelques secondes. La nuit fut sans rêves et paisible.
Le lendemain, Archibald l'attendait devant le lycée. Lorsqu'elle l'aperçut, elle sourit. Elle avait le nez et les oreilles rouge et une grande écharpe autour du cou. Archibald la fit monter sur sa moto et ils partirent en direction du lycée. Ils arrivèrent devant le lycée, qui était fermé. Mélodie avait oublié de le lui dire, et, prise par les événements récents, elle avait oublié que le lycée était fermé ce jour là. Archibald proposa d'aller chez lui, et Mélodie accepta. Il habitait dans un petit appartement tout en haut d'un immeuble. Elle lui raconta tout depuis le début. Et se rendit compte qu'elle avait été complètement inconsciente. Ses souvenirs de cette soirée étaient flous. Louise et le garçon étaient les deux seules choses dont elle parvenait à se souvenir clairement. Lorsqu'elle décrivit le garçon à Archibald il sembla un peu contrarié mais Mélodie mit ça sur le compte de la fatigue. " Il paraissait tellement gentil ! Je ne sais pas pourquoi je l'ai suivi sans me poser de questions mais cette soirée était vraiment extraordinaire ! ''. Elle voulut lire un peu mais elle s'endormit sur le canapé. Sur l'épaule d'archibald.
Quand elle se réveilla, elle était sur un grand lit double et la chambre embaumait d'une bonne odeur de nourriture. Elle se leva et entra dans le salon. La vue de la nourriture acheva de lui donner faim et elle s'assit à table avec appétit. Elle se regala. Après avoir mangé, elle voulut se rendre à la librairie. Elle quitta donc Archibald qui la déposa devant. En partant elle l'embrassa sur la joue et le remercia pour tout. Il rougit un instant puis se reprit et éclata de rire. Elle lui dit au revoir puis il partit.
Elle entra dans la librairie et commença à lire des partitions. Les heures défilaient à toute vitesse et le moment de rentrer chez elle arriva vite. Mélodie revint dans sa chambre exténuée. Elle était heureuse. Elle était enfin acceptée par des gens qui la prenait pour leur égale: Archibald et la famille qui l'avait accueillie la veille. Elle s'endormit vite.Sa journée de cours passa lentement et elle failli s'endormir à plusieurs reprises. À la sortie des cours elle s'appretait à partir en bus lorsque Caleb arriva devant elle en vélo. Elle hésitait à lui dire bonjour. Elle ne lui avait presque pas parlé après tout. Elle décida tout de même de lui dire bonjour par simple politesse. Il ne lui en laissa pas le temps. En la voyant, il avait ralenti et s'était arrêté à quelques mètres. Il avait posé son vélo et s'approchait.
'' Bonjour Caleb ! '' Il ne répondit pas tout de suite. Son air sombre augurait une mauvaise nouvelle et Mélodie fronça les sourcils.
'' Bonjour. Mélodie, je... J'ai une mauvaise nouvelle à t'annoncer. ''
Elle s'inquièta :
'' Qu'est ce qu'il s'est passé ?
- Ton foyer... Il a brûlé. Les pompiers sont sur les lieux. La plupart des tuteurs étaient sur les lieux et n'ont pas pu sortir à temps. L'incendie à tout détruit. ''
Melodie en eut le souffle coupé. Tout était détruit. Les tuteurs étaient morts. Non pas qu'elle appréciait particulièrement les tuteurs qui l'avaient prise en charge, mais elle fut choquée de voir tout son univers s'écrouler ainsi. Elle refoula ses larmes. Elle ne devait pas pleurer. Elle devait être forte. Elle se l'était promis. Elle devait être forte.
'' On peut y aller s'il te plaît. Je dois le voir. ''
Sa voix faiblit sur les derniers mots.
Elle monta sur le porte bagage de Caleb, tremblante, et, en chemin, Norbert les croisa, les plumes noires de suie, complètement affolé. Elle le prit dans ses bras et ils continuèrent leur chemin.
En arrivant devant le foyer, elle fut sidérée. L'ancien manoir, grand, beau, fier était rasé, il ne restait aucun mur debout. Le sol était gris, recouvert par un manteau de cendre. Un manteau de mort. Elle s'assit sur un banc pour reprendre ses esprits. Elle se demandait où elle allait dormir. Où elle allait vivre, tout simplement.
'' Tu peux venir chez moi si tu veux. ''
Melodie ne voulait aller nulle part, mais elle ne voulait pas non plus rester ici. Elle respira un bon coup pour se calmer, puis se décida.
Elle lui prit la main et ils se téléportèrent dans un lieu qu'elle ne connaissait pas. Ils étaient sur le toit d'un des plus grands immeubles de la ville. L'air froid de la nuit la faisait grelotter. Elle s'assit enfin sur le bord de l'immeuble, à côté de Caleb. Voyant qu'elle avait froid, il lui donna sa veste. Mélodie s'efforçait de ne pas pleurer. Elle commença à chanter. Elle n'avait jamais vraiment essayé. Le piano lui suffisait. Sa voix était pure. Elle répétait des paroles qu'elle avait entendues à la radio. Les notes s'envolaient dans l'air, jusqu'aux nuages. La lune éclairait le ciel et l'atmosphère devint magique. La voix de Caleb se joignit soudain à la sienne. Les deux voix se complétaient parfaitement. Ils passèrent plusieurs minutes à chanter paisiblement et en parfaite harmonie. À la fin de la chanson, ils se fixèrent. Mélodie ne savait pas comment réagir. Ce pan de la personnalité de Caleb l'avait surprise. Ils restèrent de longues minutes en silence sans parler. Le grondement sourd de la ville en contrebas la berçait et elle ne tarda pas à avoir les paupières lourdes.
Elle observa ce qui l'entourait. Sur le toit se trouvaient une cabane en couvertures, des livres et plusieurs lanternes en papier, qui diffusaient une lumière colorée. Elle alla s'asseoir sur un coussin et regarda les livres qui étaient posés en piles autour d'elle. Comme elle regrettait de ne pas pouvoir lire !
'' Tu veux que je le lise pour toi ? ''
Elle sursauta. Elle n'avait pas entendu arriver Caleb. Elle aurait pu mal le prendre, mais son ton était très compatissant.
'' Oui je veux bien. Merci. ''
Se tournant pour choisir un livre et pour cacher son visage, devenu d'un rouge écarlate, elle ne vit pas Caleb rougir à son tour.
Elle lui donna un livre au hasard. Il lut le titre : '' Le phare du bout du Monde ''
Se laissant emporter par l'histoire passionnante de cet extraordinaire gardien de phare, elle finit par s'endormir dans les coussins colorés qui couvraient le sol.
Voyant qu'elle s'était endormie, il la recouvrit d'une couverture et partit se coucher. La nuit ne fut pas sans rêves pour Mélodie.
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The Silent Girl
Science FictionMélodie voyait tout. Absolument tout. Elle voyait les gouttes d'eau se condenser dans les nuages noirs puis descendre les centaines de mètres qui les séparaient du sol pour y venir s'écraser en une infinie répétition. Elle voyait sur le sol les atom...