Prologue

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Une nuit.

Une nuit de pleine lune.

Une nuit noire.

Une nuit froide.

Une nuit, dans une ville.

Une ville.

Une ville banale, un quartier banal, un immeuble banal, un appartement banal.

La nuit, elle, n'est pas banale.

Cette nuit, l'enfant en a assez.

Cette nuit, il n'est plus un enfant.

Il est juste colère.

Haine.

Vengeance.

Ça fait trop d'années.

L'enfant a été privé de sa jeunesse.

Son enfance.

Sa vie.

Il tient dans sa main ce qui le fera vivre.

Pour le faire vivre, il faut en faire mourir un autre.

L'enfant fait peur à voir.

Ses vêtements sont déchirés.

Les déchirures de ses vêtements laissent voir des blessures.

Ses blessures, ses bleus, ses cicatrices.

Ces multiples cicatrices parsèment son corps, son visage.

Son visage n'a pas d'expression.

Son visage saigne de douleur.

Ses yeux pleurent de fatigue.

Sa bouche se crispe d'épuisement.

Il n'en peut plus.

Cette nuit-là, l'enfant cadavérique s'avance.

Un pas.

Puis un autre.

Ce qu'il tient dans sa main, ce qui va le faire vivre, brille d'une couleur argentée sous le faible rayon de la lune que laissent passer les rideaux entrouverts.

Il s'avance.

Ses pieds nus foulent légèrement le sol.

Ses jambes osseuses se tendent, se détendent, lentement, doucement.

Il passe la porte.

Un léger ronflement s'échappe du lit.

L'homme dort paisiblement.

L'enfant marche.

Une lame de parquet craque soudain.

L'homme se réveille en sursaut.

Il n'a que le temps de voir se dessiner un sourire carnassier sur le visage de l'enfant éclairé par la lumière laiteuse de la lune, un sourire inhumain, avant que la lame du couteau ne vienne se peindre de rouge écarlate.

Journal d'un assassin - [NOUVELLE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant