Jour 2

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Mardi 22 octobre - 01h42

Ouais, je sais, c'est pas vraiment un nouveau jour, puisqu'il est une heure du matin. Mais on s'en fout.

J'ai bossé toute la nuit, et j'ai enfin trouvé. Oui, mon plan, vous vous souvenez ? C'est bien ça, l'assassinat de Monsieur le politicien est au point.

C'est simple, même très simple. Mais je ne vais pas tout vous expliquer en détail. Seul le résultat compte.

***

Mardi 22 octobre - 06h29

J'ai décidé de fixer mon rendez-vous amical à cette nuit. Pourquoi attendre après tout ?

Un tel plaisir, une telle exaltation, ne peut se faire attendre. Même une bonne bière devant la télé ne peut pas se comparer à ça.

Voir la peur se dessiner sur son visage. Ses yeux qui s'écarquillent. Sa bouche qui s'entrouvre. Ses joues qui deviennent pâles. Cet éclat de frayeur dans le regard.

Puis dessiner sur son propre visage un petit sourire carnassier, dont je suis le spécialiste, ce sourire que je connais si bien, ce sourire qui vous met la chair de poule, et qui fait qu'on peut voir l'horreur alimenter la terreur déjà présente sur le visage de la victime. Ce sourire, j'en tire toute ma fierté. Pourtant, personne ne peut le savoir. Ceux qui l'ont vu ne sont pas là pour en témoigner.

Lever ensuite le bras bien haut, et serrer fort entre ses doigts le couteau. Ce couteau, celui que j'aime tant et qui ne m'a jamais quitté depuis le début. Étreindre ce poignard, jusqu'à entendre craquer ses phalanges, sentir ses mains devenir moites sous la pression contre le manche, et ses doigts rougir sous l'appui. Voir un éclat parcourir la lame, la rendre plus terrifiante encore.

Puis, enfin, relâcher le bras, sentir le couteau s'enfoncer, déchirer, percer, fendre, taillader, tuer. Voir la vie s'envoler dans l'air autour de soi.

Relever le poignard, rouge écarlate, encore plus brillant qu'au début.

Tout ceci est tellement enivrant... Plus que la drogue, l'alcool. Et pourtant, je m'y connais dans tout ça. Et bien non, tuer est encore plus addictif. Une vague de plaisir me traverse, la même à chaque fois, la même depuis le début, la même depuis ce jour-là...

Ce jour-là où tout a commencé, en même temps que tout se terminait...

***

Bon, c'est pas tout mais faut que j'aille au boulot moi. Je vous redonne des nouvelles ce soir, avant l'opération.

***

Mardi 22 octobre - 18h49

J'ai tout préparé. Ma tenue noire, mon sweat à capuche, mon poignard...

J'ai fait une petite série d'étirements, afin d'être prêt en cas de problème.

Mais il n'y en a jamais eu et je ne vois aucune raison que l'exception soit aujourd'hui.

Allez, j'y vais. Je sens mon cœur crépiter d'impatience.



J.N.

Journal d'un assassin - [NOUVELLE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant