4. Chae

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Alan semble un peu tendu même s'il ne veut pas me le montrer.


« -Tiens, prend ça pour ton œil, dis-je en lui tendant une poche de froid. J'ai aussi trouvé et nettoyé tes lunettes, elles sont à côté de l'évier.

-Merci Chae. Est-ce que..., me demande t-il sans terminer sa phrase.

-Ils sont partis. Il y a deux heures. »


Je le vois pousser un soupir de soulagement, avant de s'attabler en face de moi après être aller récupérer ses lunettes et se servir une tasse.

On reste un petit moment comme ça sans parler, à simplement boire notre thé.


« -Je pense que tu en auras besoin, dis-je en lui tendant un tube.

-Qu'est-ce que c'est ?

-De la pommade cicatrisante.

-Comment ça c'est passé pour toi ?

-J'ai cru qu'il allait me déchirer, sa réponse fuse comme trop longtemps contenu, et toi ?

-Pareil. Il a joué avec moi toute la nuit.

-Il m'a au moins laissé tranquille après ça. Le pire pour moi, reste la réaction de mon corps.

-Comme si tu étais trahi par toi-même, complètement emprisonné.

-C'est exactement ça, m'exclamais-je. »


Nous en parlions tous les deux sans honte, ce n'était que des faits. Si nous commencions à penser plus loin que de simples faits nous nous effondrerions. Les sentiments devaient êtres mis de côté, comme le passé et le futur, seul le présent importait ; néanmoins cette barrière n'était pas facile à installer.


« -Alors, comment as-tu finis comme ça, me fit Alan avec un petit sourire en coin. »


Une tentative pour alléger l'atmosphère.


« -Il m'a réveillé, m'a laver avant de m'habiller et de me coiffer comme si j'étais une poupée. Je crois qu'il aime bien le style japonais, le savon était à la fleur de sakura, lui souriais-je en retour.

-J'ai du me laver avec son savon, son odeur est partout sur moi. »


Dans un geste de compassion je lui touchais rapidement la main qu'il avait serrée en un poing mais la barrière que nous tentions chacun de notre côté de mettre en place ne tenait pas encore très bien.


« -Qu'est-ce que c'est ?

-Rien, lui assurai-je en retirant vivement ma main.

-Chae, fit-il en m'attrapant le poignet avant de lâcher la poche de froid pour remonter ma manche. Qu'est-ce qu'il t'a fait ? Pourquoi as-tu autant de bleus ?

-Je me suis débattue quand il a voulu me prendre dans ses bras après, ma voix tremble et contient des trémolos que je n'arrive pas à contrôler, et...et comme il l'a dit hier ma peau marque vite.

-Ce sont des monstres ! Il faut qu'ont se barrent d'ici et vite !

-Ce n'est pas possible, tu as oublié ! Il y a des caméras partout dans cette maison ! Il y a sans doute aussi des micros, alors mesure tes paroles. Sinon tu finiras avec un deuxième œil au beurre noir ou pire. »


Mes mots restent entre nous, comme un mur infranchissable. Ses yeux m'accusent d'avoir abandonné aussi vite.


« -Si tu ne te fais pas dès maintenant la situation qui est la notre, tu vas juste souffrir pour rien. Je comprends que tu m'en veuille parce que j'abandonne trop vite, mais soyons réaliste nous sommes sur une île perdu au milieu de nulle part. Il n'y a ni télé, ni radio, ni téléphone dans cette maison et nous ne savons même pas où se trouve la porte d'entrée. Personne ne viendra nous sauver.

-Tu dis ça à cause de tes bleus.

-Tu devrais dire la même chose avec ton œil.

-Pourquoi ? Parce qu'ils pourraient nous tuer d'un seul mouvement.

-Oui. Je veux vivre.

-Est-ce que tu peux vraiment appeler ça vivre ? N'être qu'une pute sans aucun amour propre, tout juste bonne à se faire baiser. »


La gifle était partie avant que je ne m'en rende compte.

Je ne sais pas lequel de nous deux était le plus choqué. Peut-être lui avec ses lunettes légèrement de travers.


« -Je vais me reposer. Ne viens pas me déranger s'il-te-plaît, lui annonçais-je en allant vers la porte opposée à celle par laquelle il était entré. »

ViolenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant