9. Chae

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« -Elle est tellement mignonne, s'exclama Alan admiratif au dessus du berceau en plastique du service de pédiatrie. Tu sais comment tu vas l'appeler ?

-J'aime bien Éléonor, mais j'hésite avec Charlotte.

-Ce sont des prénoms de femmes de caractère.

-Il lui faudra bien ça, vu le bagage avec lequel elle commence dans la vie. »


Un coup d'œil inquiet de sa part et il délaissa le berceau pour venir s'assoir sur le lit à côté de moi.


« -Des nouvelles ? »


Alan refusait de parler à John, les révélations qu'il nous avait faites, documents et vidéo à l'appui ainsi que la découverte des diverses propriétés de la drogues le rendaient méfiant envers tous le monde. Surtout depuis qu'on lui avait retiré son collier, comme si sa dernière barrière contre le monde s'était effondrée, même les médecins ne pouvaient pas l'approcher.

Altération de la mémoire, favorisation de la manipulation mentale, sentiment de bien-être continu, difficulté à se repérer dans le temps et augmentation de la libido étaient quelques unes des nombreuses propriétés des vitamines que nous avions bues pendant deux ans, sans parler de l'effet secondaire qui augmente la fertilité.


« -Ils leurs ont échappés, laissais-je échapper dans un sanglot.

-Chut, ne pleure pas, dit-il en essuyant la larme qui avait coulés de ma joue.

-Tu ne comprends pas !

-Si je comprends très bien. Mais nous savions tous les deux que cette possibilité était élevée, n'est-ce pas, dit-il calmement comme pour rassurer une enfant.

-Oui. Ils vont revenir nous chercher. »


Il ne fallut pas longtemps pour que ce que j'avais annoncé ce réalise.

Le soir même, j'étais réveillée par le bruit du rideau qui claque dans le vent.

J'avais fermé la fenêtre avant d'aller me coucher.

Ils étaient là. Deux ombres de cauchemars dans la nuit.

Voix Nasillarde était penché au-dessus du lit d'Alan. Quant à Gros Nounours...


« -Non, fis-je d'une voix étouffé par la peur. »


Le bras tendu vers le berceau de ma fille qu'il tenait dans ses bras.


« -Chut Chae, tout va bien. Il ne fait que tenir sa fille dans ses bras, me rassura Voix Nasillarde. »


Toujours au-dessus du lit d'Alan, il était en train de caresser doucement ses mèches de cheveux. Vu la vitesse à laquelle sa poitrine bougeait dans le clair de lune, je savais maintenant qu'il était lui aussi réveillé. Pétrifié par la peur comme je l'étais.

Mon cœur se mit à battre la chamade quand je vis Gros Nounours, s'approcher de mon lit pour s'y asseoir, son précieux fardeaux toujours dans ses bras.


« -Chae, fit-il en me caressant doucement la joue ou alors voulait-il essuyer la larme qui venait d'y couler. »


Puis sa main se dirigea vers le bébé dans ses bras et même dans le noir, je pouvais voir les étoiles qui brillaient dans ses yeux quand il regardait notre fille.

Tout d'un coup, aussi facilement que le fait de respirer, je sus ce qu'il fallait que je fasse pour assurer la survie de ma fille, de moi-même et d'Alan.


« -Elle s'appelle Sakura. »


Avec cette simple phrase, sans avoir besoin de nous regarder, nous sommes retombés dans nos anciennes règles. Celles qui allaient nous permettre de survivre à nouveau, là où ils nous emmenaient.


Fin

ViolenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant